Italie : l'échec de Conte précipite le pays vers de nouvelles élections

Par latribune.fr  |   |  488  mots
L'Italie va probablement organiser de nouvelles élections législatives pour résoudre la crise qui mine le pays depuis trois mois. (Crédits : Stefano Rellandini)
Comme craint par les observateurs, le président Mattarella a rejeté la proposition de gouvernement de Giuseppe Conte, nommé trois jours avant président du conseil. Celui-ci a alors renoncé à former un gouvernement, ce qui va conduire le pays vers des élections anticipées.

Giuseppe Conte, choisi par le Mouvement 5 Etoiles (M5S, populiste) et la Ligue (extrême-droite) pour occuper la fonction de président du Conseil, a renoncé à former un gouvernement, a annoncé dimanche la présidence italienne après une rencontre entre Conte et le chef de l'Etat Sergio Mattarella.

Cette décision semble rendre inévitable la tenue de nouvelles élections législatives cette année, après que le scrutin du 4 mars n'a permis de dégager aucune majorité au Parlement et plongé l'Italie dans une impasse politique.

Le "problème" Salvona

Sergio Mattarella a de nouveau refusé d'accepter que l'économiste Paolo Savona prenne le portefeuille des Finances, a-t-on appris de sources politiques dimanche, en raison notamment de son hostilité connue et déclarée pour l'euro et pour les institutions européennes.

"C'est un conflit institutionnel sans précédent", a déclaré le chef de file de la Ligue dans une vidéo diffusée en direct sur Facebook.

Avant même la fin de la réunion entre Mattarella et Conte, Matteo Salvini avait annoncé, sans confirmer le veto présidentiel, que la seule solution désormais était la tenue de nouvelles élections législatives, probablement cette année.

"Dans une démocratie, si nous sommes toujours en démocratie, il n'y a qu'une seule chose à faire, laisser les Italiens avoir leur mot à dire", a-t-il dit devant des partisans rassemblés dans le centre de l'Italie.

Salvini et le dirigeant du M5S, Luigi Di Maio, se sont entretenus dimanche de manière informelle avec le président de la République afin de trouver une solution.

"Le problème est Salvona", a déclaré une source au sein de la coalition, précisant que l'économiste n'avait pas suffisamment adouci certaines de ses positions sur l'Europe. Paolo Savona, 81 ans, doute de la pertinence du maintien de l'Italie dans la zone euro.

Selon le ministre de l'Economie sortant, le problème n'est pas Salvona mais le programme économique de la Ligue et du M5S. Ce programme n'est "clairement pas viable", a estimé dimanche Pier Carlo Padoan.

Inquiétudes des marchés

Sergio Mattarella ne s'est pas exprimé publiquement sur Savona, mais ses conseillers ont fait comprendre qu'il ne voulait pas d'un eurosceptique à la tête du ministère de l'Economie et qu'il n'accepterait pas que les partis lui forcent la main.

Giuseppe Conte avait déjà rencontré vendredi le chef de l'Etat et était ressorti de son entretien au Quirinal sans accord sur la formation de son équipe.

Les marchés s'inquiètent de la constitution d'un gouvernement eurosceptique dont la politique menacerait les fragiles finances publiques italiennes.

Moody's Investors Service a annoncé vendredi avoir placé la note à long terme Baa2 de l'Italie sous surveillance avec implication négative. L'agence de notation craint les retombées sur les finances publiques des projets budgétaires de la nouvelle coalition au pouvoir.

(Avec Reuters)