L'Allemagne double son aide militaire à l'Ukraine, un effort sans précédent

Par latribune.fr  |   |  814  mots
L'annonce allemande survient alors que la contre-offensive ukrainienne face aux forces russes semble piétiner, avec une ligne de front largement figée. (Crédits : STRINGER)
Le ministre allemand de la Défense a annoncé un doublement, à 8 milliards d'euros, de l'aide militaire prévue pour l'Ukraine en 2024. Depuis le début de l'invasion russe, l'Allemagne est l'un des principaux contributeurs au soutien à Kiev, ayant fourni quelque 22 milliards d'euros à l'Ukraine sous forme d'aide humanitaire, financière et militaire.

Un « signal fort ». C'est ainsi qu'a commenté Boris Pistorius, ministre allemand de la Défense, le doublement à 8 milliards d'euros de l'aide militaire prévue par son pays pour l'Ukraine en 2024. « Cela montre que nous ne la laissons pas tomber », a-t-il déclaré sur la chaîne de télévision publique ARD. Le ministre était interrogé sur des informations de la presse allemande parues dimanche à propos de l'augmentation de cette enveloppe budgétaire.

« Les montants prévus ont été vite épuisés »

« C'est un signal important du reste au moment précis où l'Ukraine doit poursuivre son combat, alors qu'une partie de l'attention internationale se focalise sur Israël » et Gaza, a ajouté le ministre. La hausse de cette aide militaire répond aussi « à l'expérience que nous avons vécue cette année et qui a montré que les montants prévus ont été vite épuisés ».

Initialement, le gouvernement allemand avait programmé une enveloppe d'aide, en équipements militaires principalement, à hauteur de 4 milliards d'euros.  Mais les partis de la coalition gouvernementale du chancelier Olaf Scholz viennent de s'entendre sur un doublement. La décision doit être formalisée lors d'un vote en commission de la chambre des députés jeudi prochain.

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Depuis le début de l'invasion russe, l'Allemagne est l'un des principaux contributeurs au soutien à Kiev, ayant fourni quelque 22 milliards d'euros à l'Ukraine sous forme d'aide humanitaire, financière et militaire. Berlin a notamment envoyé à Kiev des chars, blindés, munitions et systèmes de défenses anti-aérienne. Elle rechigne néanmoins à livrer des missiles de longue portée Taurus réclamés avec insistance par Kiev, de crainte qu'ils ne soient utilisés pour viser le territoire russe.

L'annonce allemande survient alors que la contre-offensive ukrainienne face aux forces russes semble piétiner, avec une ligne de front largement figée. Le commandant en chef de l'armée ukrainienne, Valery Zaloujny, dans une récente interview à The Economist, a estimé que les deux armées étaient prises au piège d'une guerre d'usure et de positions et parlé d'une « impasse ».

Olaf Scholz opposé à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza

Sur l'autre front, Olaf Scholz, le chancelier allemand s'est dit dimanche opposé à un cessez-le-feu « immédiat » dans la bande de Gaza, alors que les appels en ce sens se multiplient dans le monde à la suite des bombardements de l'armée israélienne.

« J'admets volontiers que je ne pense pas que les appels à un cessez-le-feu immédiat ou à une longue pause - ce qui reviendrait quasiment au même - soient justes, car cela signifierait au bout du compte qu'Israël laisse au Hamas la possibilité de récupérer et de se procurer de nouveaux missiles », a-t-il souligné, lors d'un débat organisé par un quotidien régional allemand, Heilbronner Stimme. Il a en revanche plaidé pour des « pauses humanitaires ».

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Le chancelier allemand prend le contrepied de nombreux pays arabes et du président turc, qu'il doit recevoir la semaine prochaine à Berlin. Recep Tayyip Erdogan a jugé dimanche « vital pour nous d'obtenir un cessez-le-feu » et exhorté « l'Occident » à faire pression en ce sens sur Israël. Olaf Scholz se démarque aussi d'Emmanuel Macron, qui a exhorté vendredi Israël à mettre fin à ses bombardements pour épargner les civils à Gaza et qui entend « œuvrer » en vue d'un cessez-le feu pour « protéger tous les civils qui n'ont rien à voir avec les terroristes ».

Le gouvernement allemand veut une armée capable « de s'engager sur la scène internationale »

Dans un document de 19 pages présenté jeudi par le ministre allemand de la Défense, il est écrit que la Bundeswehr doit être « bien équipée pour la guerre dans tous les domaines », un terme déjà employé récemment par Boris Pistorius et qui a suscité la controverse en Allemagne.

« Avec « l'invasion brutale » par la Russie de l'Ukraine, la guerre « est revenue en Europe », a-t-il constaté. Dans ses lignes directrices, le gouvernement insiste pour que la Bundeswehr soit également capable de s'engager sur la scène internationale, comme elle l'a fait dans les Balkans de l'Ouest et dans la région du Sahel.

Sur fond de conflit au Proche Orient, Berlin précise également : « une importance particulière est donnée au droit d'Israël à exister. La sécurité d'Israël est une raison d'Etat » pour l'Allemagne. Ces ambitions ont un prix. Le gouvernement allemand rappelle qu'il sera « nécessaire » de consacrer au minimum 2% du PIB pour les dépenses militaires pour se conformer aux objectifs de l'Otan. La part des dépenses militaires était de 5% du PIB allemand dans les années 1960 puis est descendue sous les 2% depuis 1990 et l'éclatement de l'URSS, avec seulement 1,3% en 2021.

(Avec AFP)