
Le retour du Pacte de stabilité inquiète les représentants des syndicats européens. Pour rappel, il exige des États membres un déficit budgétaire de moins de 3% et une dette publique sous les 60% du PIB (produit intérieur brut). Suspendu depuis 2020 en raison de la crise du Covid-19, il doit être réactivé au 31 décembre 2023.
Au congrès de la Confédération européenne des syndicats (CES), qui réunit une quarantaine de représentants syndicaux européens à Berlin de ce mardi jusqu'à jeudi, ces derniers ont exprimé leurs craintes d'un retour de la rigueur budgétaire dans l'UE après des années de dépenses quasi illimitées face au Covid, à la crise énergétique et aux conséquences de la guerre en Ukraine.
Lundi, selon Esther Lynch, la secrétaire générale du CES, « on ne peut pas revenir aux règles budgétaires d'avant la crise », face aux « besoins d'investissements pour une transition écologiste juste », a-t-elle indiqué dans un entretien accordé à l'AFP.
Soutenir l'économie mais pas à n'importe quel prix
Un avis que ne partage pas le chancelier allemand. « Nous voulons rendre possible la croissance et les investissements afin d'assurer la transformation de nos économies. Mais l'augmentation illimitée de la dette ne serait pas une bonne réponse », a déclaré Olaf Scholz devant le CES.
La dette des pays de l'UE s'est envolée après la crise financière de 2008, puis de nouveau avec le Covid en 2020. Elle culmine aujourd'hui à près de 150% du PIB en Italie et quelque 123% au Portugal, 113% en Espagne, 110% en France et 66,4% en Allemagne. Certains pays se sont récemment engagés à passer leur déficit sous la barre des 3% comme attendu par Bruxelles, à l'instar de la France et de l'Espagne, mais leur endettement resterait hors des clous.
« Nous avons besoin d'un accord sur la manière dont on peut réduire de nouveau les niveaux élevés d'endettement actuels », pour que « les citoyens aient la certitude que leur État peut agir en tant de crise », a défendu Olaf Sholz.
Les nouvelles règles budgétaires encore trop dures
Reste que le Pacte de stabilité ne devrait pas être rétabli exactement comme avant. La Commission européenne a en effet proposé fin avril une modernisation des règles budgétaires pour donner aux États plus de marge de manœuvre dans leur redressement budgétaire, en tenant compte de leur situation particulière. Elle leur accorderait aussi plus de temps pour réduire leur endettement en échange de réformes et d'investissements.
Une évolution que le CES ne voit pas d'un bon œil. Cela « entraînera un retour de l'austérité et empêchera l'action en faveur du climat », estime-t-il.
Cette réforme est en tout cas rejetée pour le moment par les États dits « frugaux », menés par l'Allemagne. Le ministre allemand des Finances refuse en effet tout « affaiblissement du pacte de stabilité », même si la première économie de la zone euro, traditionnellement chantre de l'orthodoxie budgétaire, a elle aussi dépensé sans compter ces dernières années pour amortir les crises.
A contrario, les pays du Sud surendettés jugent le carcan trop sévère. Ils estiment qu'il impose une pression trop forte sur les budgets nationaux et pénalise l'investissement public. « Nous avons besoin d'un accord réaliste et contraignant, mais qui ne surcharge pas trop les États membres », a réagi ce mardi côté Olaf Scholz.
(Avec AFP)
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