L'inflation en zone euro ? La BCE n'est pas inquiète pour l'instant

Par latribune.fr (Avec AFP)  |   |  436  mots
"La politique monétaire est plus efficace pour relancer la demande lorsqu'elle est soutenue par la politique budgétaire", a affirmé Christine Lagarde. (Crédits : POOL)
Malgré une inflation plus élevée qu'attendue, la Banque centrale européenne choisit d'attendre que la reprise économique dans les Etats, qu'elle aide à se refinancer après la crise sanitaire, soit "bien ancrée".

L'inflation monte lentement mais sûrement en zone euro. Mais pas de quoi perturber la politique monétaire ultra conciliante de la Banque centrale européenne. Sa présidente Christine Lagarde l'a réaffirmé mercredi lors d'un discours à Paris, l'autorité s'est engagée à maintenir des "conditions de financement favorables" jusqu'à la reprise durable de l'économie. Pourtant, à +2% en mai sur un an, son rythme le plus élevé depuis fin 2018, l'indice de la hausse des prix a pris de court l'anticipation inférieure de la BCE. 

Mais pour l'institution, cette hausse, qu'elle attribue principalement à la hausse des prix de l'énergie, est temporaire. "La BCE, elle, s'est engagée à préserver des conditions de financement favorables pendant toute cette période, au regard évidemment de son objectif d'inflation", a expliqué Christine Lagarde.

Le choix est donc assumé, il s'agit de permettre aux Etats de relancer leur économie après le cataclysme du Covid-19, en maintenant des taux d'intérêt bas sur le marché des obligations. "La politique monétaire est plus efficace pour relancer la demande lorsqu'elle est soutenue par la politique budgétaire", a-t-elle souligné.

Mais si l'inflation devait encore croître, difficile d'imaginer, pour maintenir sa crédibilité, que la BCE n'ajustera pas également avec une hausse de ses taux. Ce qui viendrait alors lourdement compliquer le refinancement des Etats déjà fortement endettés.

Aux Etats-Unis, l'inflation bat déjà des records.  Sur douze mois, la hausse des prix est de 4,2%, au plus haut depuis treize ans. L'effet mimétique sur l'économie européenne est donc plausible.

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Attendre que la reprise soit "bien ancrée"

"Le fort soutien apporté par les politiques publiques se poursuivra, nous l'espérons, au-delà de la pandémie. C'est en tout cas le sens des dispositions qui ont été recommandées à la fois par la Commission européenne (...) et par l'Eurogroupe (...), et ce nous l'espérons jusqu'à ce que la reprise soit bien ancrée dans notre paysage économique", a néanmoins rassuré Mme Lagarde, qui recevait le prix d'honneur du Cercle Turgot.

La BCE est donc rivée sur les indicateurs de la croissance et de la demande qui détermineront si elle peut débrancher petit à petit les conditions d'emprunt avantageuses. Selon la Commission européenne, le PIB de la zone euro devrait grimper de 4,3% en 2021 et de 4,4% en 2022 après s'être contracté de 6,6% en 2020. Des prévisions qui restent inférieures à celle de la Chine (6%) ou des Etats-Unis (autour des 7%).

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