L’UE hausse le ton contre la Chine et ouvre une enquête sur l’Amazon chinois AliExpress

Par latribune.fr  |   |  679  mots
La Commission européenne avait adressé début novembre une demande d'informations à cette filiale du mastodonte chinois de l'internet Alibaba. (Crédits : DADO RUVIC)
La Commission européenne a ouvert, ce jeudi, une « enquête formelle » visant le géant chinois du commerce en ligne AliExpress. Ce dernier est soupçonné de ne pas avoir respecté ses obligations en matière de lutte contre la vente de produits dangereux comme des faux médicaments. Une nouvelle qui survient quelques jours après une annonce de Pékin qui menace d'enquêter sur des géants français du cognac.

[Article publié le jeudi 14 mars 2024 à 12h24, mis à jour à 12h47]La bataille commerciale entre l'Union européenne et la Chine s'intensifie. Deux jours après l'annonce par Pékin que trois maisons de cognac françaises pourraient être inquiétées par son enquête anticoncurrentielle sur les eaux-de-vie de vin européennes, Bruxelles riposte.

La Commission européenne a ouvert ce jeudi une « enquête formelle » visant le géant chinois du commerce en ligne AliExpress, soupçonné de ne pas avoir respecté ses obligations en matière de lutte contre la vente de produits dangereux comme des faux médicaments. La Commission européenne avait adressé début novembre une demande d'informations à cette filiale du mastodonte chinois de l'internet Alibaba. Sur la base de l'enquête préliminaire, elle a décidé d'ouvrir une procédure formelle dans le cadre du nouveau règlement sur les services numériques (DSA) destiné à mieux protéger les consommateurs, selon une source européenne.

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Bruxelles cumule les enquêtes sur les entreprises chinoises

Ce n'est pas une première pour l'Europe. Préoccupée par la concurrence des véhicules électriques chinois sur le marché européen et pressée par la France, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a annoncé en septembre l'ouverture d'une enquête sur le soutien et les subventions des autorités chinoises aux constructeurs nationaux d'automobiles électriques. La Chine a alors dénoncé cette décision, soulignant qu'elle nuirait à ses relations commerciales avec l'UE. « Ce n'est rien d'autre que du protectionnisme pur et dur », avait jugé Pékin.

Les mesures européennes se multiplient depuis le 1er janvier, date de la mise en place en France du bonus écologique sur les voitures électriques qui exclut de facto les véhicules chinois des subventions françaises, mais aussi de l'annonce du groupe néerlandais de semi-conducteurs ASML de cesser de vendre à la Chine ses machines permettant de produire des puces de pointe.

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Mi-février, la Commission européenne a aussi annoncé l'ouverture d'une enquête contre CRRC Qingdao Sifang Locomotive Co, une filiale du géant chinois CRRC, numéro 1 mondial du ferroviaire soupçonnée d'avoir bénéficié de subventions en Chine lui permettant de fausser le marché intérieur de l'Union européenne.

La Chine répond en menaçant les spiritueux français

En réponse, le ministère du Commerce chinois a lancé en janvier son enquête sur les eaux-de-vie de vin européennes après une plainte de l'Association chinoise des boissons alcoolisées. « Cette demande contenait les éléments de preuve nécessaires à l'ouverture d'une enquête antidumping en vertu » de la réglementation chinoise, était-il indiqué dans un communiqué publié le 5 janvier. Pour rappel, le dumping est une pratique qui consiste notamment à vendre à l'étranger à des prix inférieurs à ceux pratiqués sur le marché national.

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Dans le détail, l'enquête s'intéresse à des soupçons de dumping entre le 1er octobre 2022 et le 30 septembre 2023, ainsi que sur de potentiels dommages pour le secteur en Chine entre janvier 2019 et septembre 2023. Elle doit s'achever avant le 5 janvier 2025, mais pourra être éventuellement prolongée de six mois en cas de « circonstances particulières », précise-t-il.

Une telle enquête pourrait avoir des conséquences sur les producteurs européens exportateurs. En 2022, la Chine a importé plus d'eau-de-vie de vin que tout autre spiritueux, indique un rapport du cabinet Daxue Consulting, et la plupart des importations venaient de France. Une mauvaise nouvelle, alors même que dans l'Hexagone, le Cognac et autres spiritueux ont vu leurs exportations fortement ralentir avec la crise inflationniste. Rien que pour le Cognac, les exportations ont baissé de 19% sur la campagne 2022/2023, après trois années fastes.

(Avec AFP)