L'Union européenne regrette que le dialogue commercial avec la Chine n'ait « pas progressé » en quatre ans

Par latribune.fr  |   |  726  mots
L'Union européenne cherche à réduire sa dépendance économique face au géant asiatique. (Crédits : Reuters)
L'ambassadeur de l'UE en Chine, Jorge Toledo, a regretté, ce dimanche, que le « dialogue économique et commercial [n'ait] pas progressé, ou du moins pas de manière substantielle, au cours des quatre dernières années ». En cause notamment, l'ambiguïté de la position chinoise sur l'invasion de l'Ukraine par la Russie. La Chine est pour l'UE « à la fois un partenaire, un concurrent et un rival systémique », a-t-il souligné.

Les relations entre l'Union européenne et la Chine ne sont décidément pas au beau fixe. « Je suis désolé de dire que nous avons un dialogue économique et commercial qui n'a pas progressé, ou du moins pas de manière substantielle, au cours des quatre dernières années », a ainsi regretté l'ambassadeur de l'UE en Chine, Jorge Toledo ce dimanche. Le diplomate n'a toutefois pas explicité à quel(s) dossier(s) en particulier il faisait référence.

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Preuve en est, la Commission européenne a suspendu ses efforts pour faire ratifier par les Etats membres et le Parlement un accord sur les investissements conclu fin 2020 avec la Chine, au bout de sept ans de discussions, après des divergences autour des droits de l'Homme dans la région à majorité musulmane du Xinjiang. En outre, l'UE a décidé de « réajuster » en mai dernier sa position vis-à-vis de la Chine pour réduire sa dépendance économique, au moment où Pékin est soupçonné d'apporter à Moscou un soutien tacite dans sa guerre en Ukraine. L'un des contentieux les plus vifs avec Pékin est, en effet, lié à l'ambiguïté de la position chinoise sur l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Si la Chine ne reconnaît pas les territoires annexés par Moscou en Ukraine, elle n'a pas pour autant condamné l'intervention militaire. « L'Ukraine [...] est la question qui peut faire ou défaire les relations entre l'Union européenne et la Chine », a ainsi mis en garde l'ambassadeur d'Espagne en Chine, Rafael Dezcallar Mazarredo. « Elle peut les améliorer considérablement ou les entraîner sur une voie très négative », a-t-il souligné lors de ce même forum.

« Un partenaire, un concurrent et un rival systémique »

« Nous voulons nous engager avec la Chine, mais nous avons besoin de progrès et nous (en) avons besoin cette année », a, de son côté, insisté Jorge Toledo ce dimanche, précisant qu'un dialogue économique de haut niveau entre les deux parties serait organisé « très probablement en septembre ». La Chine est pour l'UE « à la fois un partenaire, un concurrent et un rival systémique », a souligné celui qui s'exprimait lors d'un forum organisé à Pékin.

Des propos qui font écho à ceux de l'Allemagne mi-juin. Un document de près de 80 pages, présenté par le chancelier Olaf Scholz et des ministres de son gouvernement, soulignait, en effet, que le géant asiatique tente « par différents moyens de remodeler l'ordre international existant basé sur des règles, revendique de plus en plus offensivement une suprématie régionale et agit sans cesse en contradiction avec nos intérêts et nos valeurs ». « La Chine est un partenaire, un concurrent et un rival systémique. Nous constatons que les éléments de rivalité et de concurrence ont augmenté ces dernières années », notait encore le document. *

Des tensions avec les Etats-Unis

Du côté des Etats-Unis, le président américain a également dénoncé le comportement chinois. Après une visite de son secrétaire d'Etat, Antony Blinken à Pékin avec l'objectif de renouer le dialogue entre la Chine et les Etats-Unis, Joe Biden a désigné comme « dictateur » son homologue chinois Xi Jinping. Faisant référence à un épisode récent au cours duquel les Etats-Unis ont détruit un ballon chinois qui selon eux espionnait leur territoire, il a assuré que « la raison pour laquelle le président chinois s'est tellement énervé quand j'ai abattu ce ballon plein de matériel d'espionnage est qu'il ne savait pas que cet engin se trouvait là ». Et d'ajouter que « c'est très embarrassant pour les dictateurs quand ils ne savent pas ce qui s'est passé ».

« Les deux parties ont fait des progrès et sont parvenues à des terrains d'entente sur certains points spécifiques », s'était pourtant félicité Xi Jinping à l'issue de la visite d'Antony Blinken, sans préciser ces derniers, qualifiant les avancées de « très bonne chose », selon la télévision publique CCTV. De même, le secrétaire d'Etat américain avait salué « des progrès ». « Aucune de ces questions ne sera résolue en une seule visite », avait-il toutefois nuancé

(Avec AFP)