La banque centrale grecque craint "une crise incontrôlable" si les négociations échouent

Par latribune.fr  |   |  534  mots
Une sortie de la Grèce non seulement de la zone euro, mais carrément de l'Union européenne pourrait suivre un échec des négociations, selon la banque centrale grecque.
"Inflation galopante", "profonde récession", "effondrement"... la Banque de Grèce ne manque pas de mots pour prédire les calamités qui s'abattront sur le pays en cas de Grexit. L'institution, dirigée par un opposant de Syriza, met ainsi la pression sur le gouvernement Tsipras mais aussi sur les créanciers, les enjoignant à signer un accord qu'elle qualifie d'"impératif historique".

Le gel des discussions entre Athènes et ses créanciers sur la poursuite du financement du pays inquiète la Banque de Grèce (la banque centrale grecque). Dans son rapport annuel sur l'économie du pays rendu public mercredi 17 juin, l'institution monétaire a mis en garde sur les sombres conséquences que, selon elle, entraînerait un éventuel échec des négociations.

"L'incapacité à parvenir à un accord marquerait le début d'un chemin douloureux qui mènerait d'abord à un défaut de paiement de la Grèce puis, au bout du compte, à la sortie du pays de la zone euro et, très probablement, de l'Union européenne", écrit notamment la banque centrale grecque .

La Grèce "reléguée au rang d'un pays pauvre de l'Europe du Sud"

"Une crise de la dette gérable", comme celle que traverse la Grèce depuis 2009, deviendrait, en cette hypothèse, "une crise incontrôlable, avec des risques importants pour le système bancaire et la stabilité financière", explique la banque.

Et une Grèce hors de la zone euro signifierait "inflation galopante", "profonde récession", "baisse spectaculaire des niveaux de revenu, augmentation exponentielle du chômage, effondrement de tout ce que l'économie grecque a atteint depuis son adhésion à l'UE (...)". La banque centrale grecque (qui est dirigée par Yannis Stournaras, l'ancien ministre des Finances du gouvernement de coalition droite-socialiste d'Antonis Samaras, battu au législatives de janvier par la gauche radicale Syriza) n'a pas de doute: "La Grèce se verrait reléguée au rang d'un pays pauvre de l'Europe du Sud".

Les créanciers appelés à confirmer l'octroi d'un allègement de la dette

C'est pourquoi, prenant un ton politique, la Banque de Grèce définit la conclusion d'un accord entre la Grèce et ses créanciers d'"impératif historique" (d'autant plus que, à son sens, "peu de chemin reste à parcourir" vers un compromis) et appelle les deux parties à faire preuve de souplesse.

Elle invite d'une part le gouvernement grec à reconnaître que l'abaissement des objectifs d'excédent primaire accepté par l'UE et le FMI lui donne "le temps nécessaire pour son ajustement budgétaire et quelques degrés de liberté supplémentaire dans la conduite de la politique budgétaire". De l'autre, elle exhorte les créanciers à "réaffirmer et formuler en des termes plus précis leur volonté" d'octroyer à la Grèce un allègement de sa dette publique "comme initialement prévu" en 2012.

Pas de "projections sûres"

En revanche, le rapport, dont l'un des objets est notamment d'établir des prévisions, affirme qu'il est impossible à l'heure actuelle d'établir "des projections sûres" sur les perspectives immédiates de l'économie grecque. Il estime néanmoins que même en cas d'accord avec les créanciers l'économie grecque, qui a de nouveau plongé en récession avec deux trimestres de PIB négatif fin 2014 et début 2015, ne devrait pas connaître mieux qu'une ligne de croissance plate ou légèrement positive en 2015.

"L'impact le plus grave et directe de l'incertitude qui règne ces derniers mois a sans doute été la perte de confiance", souligne le document.