La BCE relève de 0,25 point ses taux, au plus haut depuis 2001

Par latribune.fr  |   |  645  mots
Christine Lagarde a affirmé que « nous avons une attitude ouverte concernant les décisions qui seront prises en septembre et lors des réunions suivantes ». (Crédits : YVES HERMAN)
A l'issue de la réunion de son conseil des gouverneurs, ce jeudi, la Banque centrale européenne (BCE) a annoncé, comme prévu, une hausse de 25 points de base de ses taux directeurs. Il s’agit de la neuvième augmentation consécutive. Les taux se situent désormais dans une fourchette comprise entre 3,75% et 4,25%.

Comme prévu, la Banque centrale européenne (BCE) a annoncé une augmentation de 25 points de base de ses taux directeurs, à l'issue de sa conférence mensuelle, ce jeudi. Il s'agit de la neuvième hausse consécutive portant les taux dans une fourchette de 3,75% à 4,25%. Le taux de dépôt, qui fait référence, se hisse au même niveau que son pic historique de 3,75%, atteint entre octobre 2000 et mai 2001.

Mercredi, la Réserve fédérale avait aussi relevé de 25 points de base ses taux directeurs, qui se situent entre 5,25% et 5,50%.

L'inflation sous-jacente toujours forte

Avec cette décision, la BCE réaffirme ses priorités. « L'inflation ralentit, mais devrait rester trop forte pendant une trop longue période », a déclaré l'institution dans un communiqué précisant que « le Conseil des gouverneurs est déterminé à faire en sorte que l'inflation revienne en temps voulu à son objectif de moyen terme de 2 % ». Et pour cause, si la hausse des prix dans la zone euro s'est établie à 5,5% sur un an en juin, très loin du pic de septembre 2022 à 10%, le ralentissement se fait lentement.

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Craintes sur la récession

Reste à savoir si lors des prochaines réunions, la BCE va poursuivre la hausse, alors que les économies de la zone commencent à montrer des signes de faiblesse.

« Les perspectives économiques se sont détériorées en raison d'une faible demande domestique liée à une haute inflation, et des conditions financières plus serrées, qui réduisent les dépenses », a expliqué Christine Lagarde, lors de sa conférence de presse, ajoutant que la conjoncture devrait « rester faible à court terme ».

L'indice PMI de la zone euro publié lundi par S&P Global indique que l'activité du secteur privé s'est nettement repliée en juillet. Après avoir stagné le mois précédent, cet indice a atteint 48,9, soit un point de pourcentage de moins qu'en juin, en raison des difficultés du secteur industriel et de la chute de la demande, qui reflètent une conjoncture morose et augmentent les risques de récession.

Serait-ce le signe de l'efficacité de la politique restrictive de la BCE? Oui, selon Christopher Dembik, directeur de la recherche macro-économique chez Saxo Bank qui affirme qu'« il faut généralement neuf à dix-huit mois pour constater l'impact des relèvements sur l'économie ».

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Silence sur les prochaines hausses de taux

Malgré ces signaux inquiétants, la BCE se veut pragmatique. « Nous avons une attitude ouverte concernant les décisions qui seront prises en septembre et lors des réunions suivantes », qui dépendront des données économiques disponibles, a déclaré Christine Lagarde.

« L'approche (de la BCE) sera de plus en plus prudente et axée sur les données à partir de maintenant, avec une dernière hausse des taux comme résultat le plus probable. Cette position plus dovish (accommodante, ndlr) coupera l'herbe sous le pied de la reprise de l'euro et soulagera les nombreux exportateurs du continent, tout en plaçant les deux principales banques centrales du monde à deux doigts de la fin de leurs spectaculaires cycles de resserrement », anticipe Ben Laidler, stratégiste chez le courtier eToro. Pour sa part, Konstantin Veit, gérant de portefeuille chez Pimco, anticipe une augmentation « de 20 points de base supplémentaires au cours des réunions suivantes, et des réductions de taux à partir du premier trimestre 2024 »

Lors des Rencontres économiques d'Aix-en-Provence, au début du mois de juillet, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, estimait que les taux d'intérêt atteindraient « bientôt » un point haut dans la zone euro, puis s'installeraient sur « haut plateau » avant d'amorcer leur reflux.