La croissance britannique ralentit au premier trimestre 2015

Par Romaric Godin  |   |  372  mots
La croissance britannique marque le pas (Crédits : Reuters)
Le PIB britannique a progressé sur les trois premiers mois de 2015 de 0,3 % seulement, contre 0,6 % au trimestre précédent. Du jamais vu depuis fin 2012.

A huit jours des élections générales, c'est une mauvaise nouvelle pour le gouvernement britannique. Contre toute attente, la croissance du PIB du Royaume-Uni n'a été que de 0,3 % au premier trimestre 2015, après 0,6 % au trimestre précédent. C'est la plus faible croissance enregistrée par le pays depuis le dernier trimestre 2012. Le ralentissement est général dans tous les secteurs de l'économie, avec un recul de l'industrie manufacturière (- 0,1 % sur un trimestre) et dans la construction (-1,6 %). Quant au secteur des services, fer de lance de l'économie britannique, sa croissance passe de 0,9 % à 0,5 %, principalement, selon l'ONS, l'Insee britannique, en raison de la stagnation de l'industrie financière sur le trimestre (+0,1 % contre +1,3 % au dernier trimestre de 2013).

Encore 2,4 % de hausse sur un an

Le bilan de l'économie britannique sur un an reste cependant très bon. Le PIB demeure en effet 2,4 % plus élevé qu'au premier trimestre 2014. Au dernier trimestre 2014, l'évolution annuelle du PIB était de 3 %. Le ralentissement est donc évident. Il est sans doute trop tôt pour déduire de ce coup d'arrêt de ce premier trimestre que la tendance expansionniste de la croissance britannique va s'inverser. Les indicateurs avancés, comme l'indice PMI, restent très bien orientés, et certains économistes, comme ceux de BNP Paribas, s'attendent à une nette accélération au deuxième trimestre.

Faiblesses de l'économie britannique

Reste que ce coup d'arrêt traduit un certain nombre de fragilité de l'économie britannique. La « politique de l'offre » menée par la coalition dirigée par David Cameron n'a pas permis de réindustrialiser le pays, bien au contraire. La production industrielle demeure inférieure de 10 %. La productivité a stagné depuis 2010. L'économie britannique n'a guère augmenté sa compétitivité, et la hausse de la livre face à l'euro au premier trimestre 2015 a détruit le peu de croissance industrielle que le pays connaissait. Plus que jamais, donc, le Royaume-Uni dépend du secteur des services, donc de la finance et de la consommation des ménages. Si un de ces deux piliers ne tient pas, la croissance s'affaisse. En cela, la croissance britannique ne diffère pas réellement d'autres modèles de croissance européens de l'après-crise.