La délicate tournée diplomatique de David Cameron en Europe

Par latribune.fr  |   |  650  mots
David Cameron, qui aspire au maintien de son pays dans une union réformée, va présenter son projet aux capitales européennes avant le sommet des chefs d'Etat des 25 et 26 juin.
Le premier ministre britannique va faire le tour des capitales européennes, en passant par Paris et Berlin, pour vendre son projet de référendum sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'UE.

La tournée diplomatique que s'apprête à réaliser David Cameron n'aura rien d'une sinécure Suite aux élections législatives qui ont conforté son assise sur la vie politique britannique, le Premier ministre conservateur s'est engagé sur la voie d'un référendum sur l'appartenance de son pays à l'Union européenne, qui devrait se tenir d'ici à la fin de 2017.

Premier sur la liste : Jean-Claude Juncker

Reste maintenant à expliquer la démarche au Vieux continent. Délicat.

David Cameron devait s'entretenir lundi soir avec son ennemi d'hier, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker. Le conservateur, favorable au maintien de son pays dans une union réformée, présentera ses revendications. Il aspire notamment à rapatrier certains pouvoirs au Royaume-Uni au nom de la souveraineté du Parlement britannique, et durcir les conditions d'accès aux aides sociales pour les ressortissants de l'UE, particulièrement ceux en provenance des pays de l'Est.

En recevant lundi le Luxembourgeois à la tête de l'exécutif européen pour un dîner dans sa résidence officielle à la campagne, le manoir de Chequers, David Cameron entre dans le vif du sujet dans un cadre plus informel que le 10, Downing Street, sa résidence londonienne.

Il y a près d'un an, David Cameron était ressorti affaibli, isolé et perdant d'une véritable croisade contre la nomination de Jean-Claude Juncker à la présidence de la Commission européenne, jugeant que cet europhile était peu susceptible de mettre en œuvre les réformes de l'UE exigées par Londres.

Deuxième étape : le "discours de la reine"

Ce durcissement, qui pourrait s'avérer difficile à obtenir, constitue "une exigence absolue" pour le dirigeant conservateur alors que le nombre d'arrivées sur le sol britannique a de nouveau bondi en 2014.

Le dîner crucial avec Jean-Claude Juncker ouvre une semaine dominée par le dossier européen: le référendum aura une place de choix dans le traditionnel "discours de la reine" mercredi, qui présentera le programme législatif du nouveau gouvernement. La consultation fera l'objet d'un projet de loi.

L'électorat sera pratiquement le même que pour les élections législatives, c'est-à-dire composé des citoyens britanniques et des citoyens irlandais et du Commonwealth résidents au Royaume-Uni, tous âgés de plus de 18 ans. Contrairement à ce qui se fait lors des législatives, les membres de la chambre des Lords pourront voter.

Les ressortissants de l'Union européenne, autorisés à voter lors des élections locales, seront tenus à l'écart. Les eurosceptiques craignaient qu'ils s'expriment massivement en faveur du maintien dans l'UE et fassent ainsi pencher la balance contre la sortie ou "Brexit".

Puis le sprint diplomatique : Danemark, Pays-Bas, France, Pologne, Allemagne

Juste après le discours de la reine, David Cameron commencera son offensive diplomatique auprès des autres États membres de l'UE, en commençant par les potentiels alliés susceptibles d'appuyer ses velléités de réforme, ainsi que par les poids lourds de l'UE.

Dès mercredi soir, il partira au Danemark, où il participera jeudi à un petit-déjeuner de travail avec la chef du gouvernement danoise Helle Thorning-Schmidt. Dans la même journée, David Cameron est attendu aux Pays-Bas, où il rencontrera le Premier ministre, Mark Rutte, et en France, où il dinera à l'Élysée avec le président François Hollande.

Son sprint diplomatique continuera vendredi, avec à l'ordre du jour une rencontre avec la Première ministre polonaise, Ewa Kopacz, à Varsovie et une autre avec la chancelière allemande Angela Merkel à Berlin.

David Cameron compte s'entretenir avec l'ensemble de ses 27 partenaires européens avant le sommet des chefs d'État et de gouvernement des 25 et 26 juin à Bruxelles.

"C'est l'occasion pour le Premier ministre d'expliquer pourquoi il fait cela, l'opinion du Royaume-Uni sur l'UE, les arguments pour une renégociation et contre le statu quo", a indiqué une source proche du dirigeant britannique.