Le FMI défend l'idée d'un allègement de la dette grecque

Par latribune.fr  |   |  794  mots
"La dette de la Grèce ne peut désormais être viable qu'avec des mesures d'allègement de la dette qui vont beaucoup plus loin que ce que l'Europe a envisagé de faire jusque-là", rapporte le FMI dans un document rendu public le 14 juillet.
Dans un rapport publié le 14 juillet, le Fonds monétaire international estime que la zone euro doit aller "beaucoup plus loin" que prévu pour alléger la dette de la Grèce, et pourrait même être contrainte d'en effacer une partie. Ce mercredi matin, sur BFM TV, le ministre des finances Michel Sapin, a assuré que la France soutenait, elle aussi, l'idée d'un allègement de la dette.

Article publié le mercredi 15 juillet, à 08h45. Actualisé à 11h04

Alors que la Vouli, le Parlement grec, doit adopter au plus tard ce mercredi les mesures exigées par les créanciers d'Athènes, condition sine qua non à l'obtention d'un troisième plan d'aide compris entre 82 et 86 milliards d'euros, le FMI demande à la zone euro un allègement de la dette grecque.

Dans un rapport publié le 14 juillet -mais remis aux autorités européennes samedi dernier- le Fonds monétaire international (FMI) estime que la zone euro doit aller plus loin, et plaide pour un effacement d'une partie de la dette grecque , qui frôle les 320 milliards d'euros :

"La dette de la Grèce ne peut désormais être viable qu'avec des mesures d'allègement de la dette qui vont beaucoup plus loin que ce que l'Europe a envisagé de faire jusque-là", rapporte le FMI.

Dans cette note, l'institution financière de Washington estime que la dette en l'Etat n'est pas viable, ce qui suppose que les créanciers européens d'Athènes lui accordent un délai de grâce de 30 ans :

"Nous l'avons fait savoir clairement (...) Il nous faut une solution concrète et ambitieuse au problème de la dette (...) Si on leur donne un délai de grâce de 30 ans, on leur permet de réduire la dette en retrouvant de la croissance", rapporte un membre du Fonds Monétaire international.

Si le FMI propose un étalement de la dette sur 30 ans, il met aussi en avant deux autres scénarios envisageables par les Européens, à savoir la mise en place de "transferts annuels" de fonds à la Grèce, ou un "effacement de dette" pur et simple.

La participation du FMI au plan d'aide est loin d'être actée

Dans ce contexte, la participation du FMI au plan d'aide à la Grèce -réclamée par les Européens- est loin d'être acquise et ne sera possible que si l'Union Européenne s'engage à alléger massivement la dette du pays, a prévenu l'institution. Une déclaration qui ressemble à un ultimatum.

"Nous avons été très clairs sur le fait que (...) nous avons besoin d'une solution concrète et ambitieuse au problème de la dette" pour accorder de nouveaux prêts à Athènes, a déclaré sous couvert d'anonymat un haut cadre du FMI en présentant un rapport sur la dette grecque.

Cette option est pourtant formellement rejetée par l'Allemagne. La France, elle répète -quitte à s'attirer les foudres de Berlin- qu'elle soutient  cette idée. Ce mercredi, le ministre des finances, Michel Sapin l'a encore répété :

"Il (le FMI) dit la même chose que ce que nous disons. Il dit il faut aider la Grèce, il faut de la solidarité, mais nous ne pourrons pas aider la Grèce si nous maintenons sur l'économie grecque le même poids de remboursement de la dette'", a-t-il assuré sur BFM TV.

En 2017, la dette grecque va atteindre les 200% du PIB

Le Fonds assure que la dette grecque qualifiée de "non viable" approchera les 200% du produit intérieur brut du pays dans "les deux prochaines années". Et pourtant... il y a encore quelques semaines, le FMI avait assuré que le pire "était derrière", avec l'année 2014  et une dette grecque atteignant les 177% de son PIB.  Les perspectives pour l'avenir ne sont guère optimistes. En 2022, le ratio de la dette dans le PIB pourrait bien flirter avec les 170% contre les 142% annoncées dans la précédente note révélée le 2 juillet.

Le FMI a pourtant des règles très claires : il ne peut accorder des prêts à un pays que si sa dette est considérée "viable, avec une très forte probabilité". Et pour rappel, Athènes est toujours en situation de défaut de paiement vis-à-vis de l'institution. Le 30 juin, les 1,6 milliards d'euros de dette n'ont pas été honorés. Et le FMI attend aussi le paiement des 456 millions d'euros arrivés à échéance le 13 juillet.

Une aide financière revue à la hausse

L'étude du FMI note également que la fermeture des banques grecques et l'instauration d'un contrôle des capitaux, le 29 juin, prélevaient un "lourd tribut sur le système bancaire et l'économie", entraînant une nouvelle grave détérioration de la viabilité de la dette par rapport à ce qui avait été projeté dans une note publiée début juillet.

Cette dégradation de la situation financière grecque pourrait requérir des "financements exceptionnels supplémentaires des Européens", au-delà des 85 milliards d'euros de trou budgétaire envisagé par le FMI.  Le rapport avance désormais le montant de 25 milliards d'euros de plus...