Non, en Europe, l'accord sur la Grèce ne fait pas l'unanimité

En échange, de lourds sacrifices, hausse de la TVA, privatisations massives, réforme des retraites, la Grèce a obtenu un accord de principe pour un troisième plan d'aide. De nombreuses voix, tout au long de la journée, se sont fait entendre pour dénoncer l’attitude de l’Eurogroupe, et en particulier la position allemande.
Sarah Belhadi
Alexis Tsipras rejoint ce lundi 13 juillet le Palais Maximou (le Matignon grec) après l'annonce d'un accord trouvé in extremis entre les créanciers et Athènes. Plus tôt dans journée, il a assuré que son gouvernement continuera à se "battre pour les réformes radicales dont la Grèce a besoin" et pour "regagner" sa "souveraineté perdue".

Après 17 heures de négociations au forceps, l'Eurogroupe a in fine accouché d'un accord à l'ouverture des négociations pour un troisième plan d'aide à la Grèce. Pour autant, le plan, qui ne peut être mis en place dans l'immédiat, doit être précédé de solutions à court terme. Dès ce lundi après-midi, les ministres de la zone euro se sont réunis afin de discuter d'une aide financière nécessaire à la Grèce pour tenir à court terme. Sans grande confiance.

Ainsi, le Premier ministre des Finances finlandais - qui plaidait pour un Grexit - a prévenu que ces négociations seraient "difficiles". "Je ne pense pas que beaucoup de pays aient un mandat pour donner de l'argent sans conditions", a-t-il ajouté devant la presse. Plus consensuel, le ministre français des Finances, Michel Sapin, prévient qu'"il faudra quelques jours pour trouver les bonnes manières de faire". Quelques jours tout au plus. En effet, la situation grecque est urgente : la Grèce, dont les banques sont fermées depuis le 29 juin, doit honorer plusieurs échéances : 7 milliards d'euros d'ici au 20 juillet et 5 milliards d'euros de plus d'ici à la mi-août.

En fin de journée, Jeroen Dijsselbloem, le président de l'Eurogroupe, à peine réélu, a expliqué que le financement transitoire était "très complexe", à mettre en place. "Nous n'avons pas encore trouvé la clé", a ainsi commenté le patron de l'Eurogroupe, évoquant des difficultés financières, techniques, légales et politiques.

Les Grecs, dans l'attente, encore une fois

En attendant, les Grecs sont toujours suspendus à de nouvelles annonces. Lundi soir, le ministère des Finances a fait savoir que les établissements bancaires resteront fermés jusqu'à jeudi inclus. Et, si la plupart des dirigeants se félicitent de cet accord historique, de nombreux Grecs sont loin d'être satisfaits de la tournure des événements ces dernières heures. Ainsi, un appel à manifester a été lancé sur Facebook ce soir, à 19h place Syntagma à Athènes. A 18h05 (heure d'Athènes), l'événement affichait 24.704 participants.

Avant que l'accord soit trouvé, c'est l'ancien ministre des Finances, professeur d'économie, Yanis Varoufakis, qui s'est exprimé dans une interview accordée au journaliste Harry Lambert du New Statesman. Il y révèle les coulisses de ces derniers mois de négociations. Il n'hésite pas à dénoncer le "manque total de scrupules démocratiques" de ses interlocuteurs de l'Eurogroupe. Le tableau est noir : en toile de fond, la ligne allemande dictée par Wolfgang Schäuble, le ministre allemand des Finances. Varoufakis révèle que seul Michel Sapin, le ministre des Finances français, laisse entendre une voix différente, mais doit choisir, très attentivement ses mots en réunion s'il ne veut pas passer pour un opposant à la doxa officielle.

Un accord qui ne passe pas

Ces révélations tombent au moment où l'accord doit être validé cette semaine par les différents parlements. Au Portugal, en Espagne, et en France, il suscite de vives critiques dans les rangs de l'extrême gauche, de l'extrême droite, et des partis eurosceptiques.

Si la satisfaction est le maître mot de la journée, Jean-Luc Mélenchon, député européen du Parti de gauche, a dénoncé la pression et l'attitude d'Angela Merkel vis-à-vis de la Grèce : "cet accord a été négocié le pistolet sur la tempe de Monsieur Tsipras pour reprendre une expression qu'il a lui même utilisée".

"On voit donc se dessiner un nouveau visage de l'Europe fait de brutalité et d'omnipotence du gouvernement allemand".

Il n'hésite pas, encore une fois, à tacler Berlin :

"Le gouvernement allemand est le problème de l'Europe et non pas le gouvernement grec, ni le gouvernement français, ni l'italien, ni l'espagnol, ni qui on voudra".

"Un coup d'Etat financier"...

L'attitude de l'Eurogroupe est sévèrement critiquée en Espagne du côté de Podemos. "Ce que l'on recherche en Grèce, c'est à faire un coup d'Etat financier, à transformer (le pays) en protectorat", a lancé l'ancien eurodéputé espagnol Pablo Echenique, élu régional du parti antilibéral Podemos, le plus proche allié européen de Syriza, le parti du Premier ministre grec Alexis Tsipras. Tout en précisant que "la solidarité européenne n'existe pas".

Catarina Martins, dirigeante du Bloc de gauche, un parti antilibéral portugais estime de que "ce n'est pas un accord, c'est un diktat". Et dénonce le fait que "la démocratie a été complètement balayée de la carte pour faire place à des diktats de type colonialiste".

De l'autre côté de l'échiquier politique, l'extrême droite a aussi déploré l'asservissement de la Grèce à la zone euro. A Paris, Florian Philippot, vice-président du Front national a dénoncé "la mise en esclavage d'un peuple entier" pour "sauver l'euro à tout prix", sur l'antenne d'iTélé. En Grande-Bretagne, c'est Nigel Farage, chef de l'Ukip qui assure que cet accord "montre que la démocratie et l'appartenance à la zone euro sont incompatibles".

 ...que Paul Krugman, Nobel d'économie, dénonce

Mais la contestation n'est pas l'apanage des politiques. Dès dimanche, #ThisIsAcoup, le hashtag lancé par des internautes pour dénoncer un coup d'Etat de l'Allemagne contre la Grèce est devenu le deuxième mot-clé le plus populaire sur Twitter ...dans le monde. Il a aussi obtenu l'approbation de Paul Krugman, Nobel d'économie. Dans une tribune publiée dans le New York Times, l'économiste estime que les efforts demandés à Athènes "dépassent la sévérité, ils recèlent un esprit de vengeance, la destruction totale de la souveraineté nationale et effacent tout espoir de soulagement".

Il ajoute "Le projet européen vient de subir un coup terrible voire fatal. Et quoique vous pensiez de Syriza ou de la Grèce, ce ne sont pas les Grecs qui ont porté ce coup".

Sarah Belhadi
Commentaires 27
à écrit le 18/07/2015 à 12:11
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Avant l'accord, les grands médias répétaient que c'était le sommet de la dernière chance, que nous étions au bord du gouffre... Aujourd'hui les mêmes s'accordent pour dire que nous avons fait un grand pas... en avant !

à écrit le 15/07/2015 à 18:28
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Complètement d'accord avec Bernardino. Tout cela n'est que la conséquence du 1/Comportement des grecs depuis 2000 2/De Syriza et de son gouvernement 3/que certains politiques - comme une partie de la population grecque comme européenne qui sont...

à écrit le 15/07/2015 à 17:37
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Quand on voit ceux qui,critiquent, le fond de leurs critiques, et les idéologies mortifère sur qu'ils représentent, on ne peut que se réjouir de cet accord....

à écrit le 15/07/2015 à 17:29
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Quel accord les européens ont signé avec le 1er ministre grec??? Des reformes bidons (même Mr Tsipras n'y croit pas, il l’a avoué lui-même) et une aide de 100 milliards sur 3 ans.... ce qui correspond à près de 3000 euros par grec par an... une famil...

le 19/07/2015 à 14:37
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Le citoyen grec ne verra jamais la couleur de cette argent, il ira directement rembourser une partie de la dette... Cet argent ne fait que circuler sous le nez des grecs, qui n'en voient pas la couleur et pourtant se saignent.

à écrit le 15/07/2015 à 8:13
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..." pas l'unanimité..." c'est le moins que l'on puisse dire ... et notamment , la France c'est illustrée ...aux dires de Tsipras lui meme , ses soutiens ont été : la France l'Autriche Chypre Malte ... c'est très representatif ? non ?

à écrit le 15/07/2015 à 7:44
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La grosse erreur est de faire rentrer en Europe n'importe quel pays qui frappe à la porte pour des subsides. La grèce était un peu un migrant à l'époque de son entrée dans l'UE. Maintenant, il ne reste plus qu'à les sortir comme on repousse les SDF d...

à écrit le 15/07/2015 à 7:44
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La grosse erreur est de faire rentrer en Europe n'importe quel pays qui frappe à la porte pour des subsides. La grèce était un peu un migrant à l'époque de son entrée dans l'UE. Maintenant, il ne reste plus qu'à les sortir comme on repousse les SDF d...

à écrit le 14/07/2015 à 23:59
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Tsipras le dit lui meme il va signer pour eviter un desastre à la grece à CT mais le plan ne tiendra pas et rien ne sera rembourser... on verse des milliards pour fair plaisir aux banques et politiques...pour eux rien n est trop cher.... Va t on nati...

à écrit le 14/07/2015 à 20:27
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Tous ces bobos élus européens à plus de 15 k par mois qui jouent aux donneurs de leçon , quelle honte ... qu'ils filent 70 % de leur salaire au peuple grec , chiche !

à écrit le 14/07/2015 à 19:56
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Deux accords historiques en un jour : la normalisation de l'Iran et celle de la Grèce. Merci aux protagonistes visionnaires et acteurs de paix, notamment Obama et Merkel. Car la contestation gronde dans leurs rang. C'est comme cela que se fond l'hist...

à écrit le 14/07/2015 à 14:49
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Tout le monde semble oublier qu'initialement c'est un problême d'argent et qu'il fallait rester sur ce terrain, çà a dérapé entre tenants d'une politique d'austérité et ceux qui veulent s'en affranchir. cet accord ne résout rien sur le fond, la Gréc...

à écrit le 14/07/2015 à 13:00
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Il faut arreter d'alimenter la haine entre les peuples avec des commentaires comme ceux de Melenchon. ce type me fait honte pour mon pays. En outre, sommes nous egocentriques et immatures au point de ne pas nous rendre compte qu'a part la France, et ...

à écrit le 14/07/2015 à 11:41
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Crénon de nom, on assiste comme toujours à la vraie victoire des us qui ont ait passer les européens divisés comme toujours par la seule volonté politique américaine.. Merkel est aujourd'hui le bouc émissaire d'une austérité reconduite chez les grec...

à écrit le 14/07/2015 à 10:58
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On se fout éperdument des opinions des partis extrémistes, des prix Nobel et des économistes de salon qui n'ont jamais géré un budget, une majorité, un état et un espace aussi divers que l'Europe et qui veulent donner de leçons. Qu'ils aillent au fr...

à écrit le 14/07/2015 à 10:27
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Cet accord est un désastre. Tous les peuples sont contre cet accord ! Tout est de la faute de Hollande ! Qu'il ose faire un référendum et nous verrons ce qu'en pense le peuple !

à écrit le 14/07/2015 à 9:17
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notre flambeur national est content, il a oublié qu'il était à la remorque de Merkel, d'ailleurs à la télé on avait remarqué qu'il était placé au coin de la table.

à écrit le 14/07/2015 à 8:37
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On a simplement oublié de parler d'énergie. Personne n'y comprend quelque chose. Tous des ânes!

à écrit le 14/07/2015 à 4:44
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Je veux bien faire toutes les folies du monde avec l'argent des autres t'en qu'on me demande pas de rembourser.

à écrit le 13/07/2015 à 23:08
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Pour l'auteur, qui ne manque pas d'humour, la France, c'est le FN et Mélenchon, l'Espagne, c'est Podemos et le Portugal c'est son parti gauchiste dit pudiquement "antilibéral". Effectivement, l'accord ne fait pas l'unanimité !

à écrit le 13/07/2015 à 22:58
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C'est quand même l'Allemagne avec le Grexit qui était dans le vrai.

le 14/07/2015 à 10:30
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Eh oui... Shauble a compris depuis longtemps que la Grèce ne pourrait pas mette son économie à niveau quel que soit le niveau des aides et que la seule solution viable pour tous était le Grexit. Mais Hollande a préféré jouer la solution du pire et a ...

à écrit le 13/07/2015 à 22:57
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La messe n'est pas dite et la cabane pourrait bien tomber (non sur le chien), mais sur l'Europe. En fait on peut se demander si ce ne sont pas les Allemands qui cherchent à faire capoter l'UE, pour ne plus en faire partie. Je vois bien les Allemands ...

le 14/07/2015 à 9:14
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je suis avec eux pourvu que votre vision des choses se réalise. Pour moi que du bonheur.

à écrit le 13/07/2015 à 20:05
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On voit donc se dessiner un nouveau visage de l'Europe fait de brutalité et d'omnipotence du gouvernement allemand". Et deux guerres mondiales pour en revenir au même point...

à écrit le 13/07/2015 à 20:02
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Tsipras souffre du syndrome Gorbatchev qui voulait changer l’Empire de l’intérieur. Le médecin Merkel a procédé à un blocus financier de son pays et Schlaube lui a mis un pistolet sur la tempe. Moyennant quoi, notre Tsipras s’est métamorphosé en 48 h...

le 14/07/2015 à 13:28
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Gorby n'a pas réussit à changer l'URSS de l'intérieur mais incontestablement il a provoqué son explosion. Mauvais oracle pour l'euro ?

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