Italie : le gouvernement M5S-Ligue anti-immigration et eurosceptique a été investi

Par latribune.fr  |   |  534  mots
Le vendredi 1er juin, Luigi Di Maio nouveau ministre du Travail et de l'Industrie, sourit à son nouveau collègue de l'Intérieur, Matteo Salvini (à droite) au palais Quirinal. (Crédits : Reuters)
Le gouvernement de coalition formé par le Mouvement 5 Etoiles (M5S, antisystème) et la Ligue (extrême-droite) a été investi vendredi après-midi, après trois mois d'incertitude politique, avec un programme de lutte contre l'immigration et de contestation des règles budgétaires européennes.

Peu après 16h00 (14h00 GMT), le nouveau président du Conseil, Giuseppe Conte, un juriste de 53 ans proche du M5S mais novice en politique, et ses ministres ont prêté serment au palais du Quirinal devant le président de la République Sergio Mattarella.

Le gouvernement devrait obtenir sans problème la confiance des deux chambres du Parlement la semaine prochaine, les deux partis y disposant de la majorité.

Malgré de nombreux points d'interrogation, cette sortie de l'impasse politique, après les multiples rebondissements qui ont suivi les élections législatives du 4 mars, a soulagé les marchés en éloignant la perspective d'élections anticipées.

Paradoxalement, après la cérémonie au Quirinal, des hommes politiques qui réclamaient il y a quelques jours encore la destitution de Mattarella seront présents à une réception donnée en début de soirée dans les jardins du Quirinal pour la Fête de la République, en souvenir du référendum qui a aboli la monarchie en 1946.

"Les populistes au gouvernement", titre vendredi le quotidien de centre gauche La Repubblica, qui s'inquiète des vues très à droite de plusieurs ministres, notamment sur les rapports avec l'Union européenne et sur l'immigration.

Des postes clés pour Di Maio et Salvini

Après avoir renoncé une première fois dimanche, les chefs des deux partis, Luigi di Maio (M5S) et Matteo Salvini (Ligue) ont réussi jeudi à relancer leur alliance après s'être mis d'accord sur un ministre de l'Economie susceptible d'être accepté par le président de la République.

Ce dernier avait mis son veto le week-end dernier au choix de l'eurosceptique Paolo Savona, 81 ans, que les deux partis avaient présenté comme ministre de l'Economie. L'octogénaire avait indiqué avoir un plan pour abandonner l'euro. Ce poste est finalement occupé par Giovanni Tria, un économiste peu connu.

Les chefs de la Ligue et du M5S ont obtenu des postes clés au gouvernement. Matteo Salvini est ministre de l'Intérieur, tandis que Luigi Di Maio  prend la tête d'un nouveau ministère renforcé combinant les portefeuilles de l'Industrie et du Travail. Salvini et Di Maio sont également tous deux vice-présidents du Conseil (tous deux en photo ci-dessous).

Giovanni Tria, président de l'Ecole nationale d'administration italienne et professeur d'économie politique à l'université romaine de Tor Vergata, occupe donc le ministère de l'Economie, tandis qu'un ancien ministre des Affaires européennes, Enzo Moavero Milanesi, est ministre des Affaires étrangères.

Giovanni Tria a critiqué la gouvernance économique de l'UE mais, contrairement à Paolo Savona, il n'a pas préconisé de "plan B" pour sortir de l'euro.

Dans des articles récents, il a appelé à un changement dans les règles budgétaires de l'UE pour permettre aux investissements publics de soutenir la croissance. Comme beaucoup d'économistes, il a critiqué l'excédent persistant des comptes courants de l'Allemagne.

L'Italie, endettée à hauteur de plus de 130% de son produit intérieur brut (PIB), est le pays le plus endetté de la zone euro après la Grèce. Elle est souvent décrite comme "trop importante pour faire faillite".

(Avec Reuters)