Les députés britanniques rejettent massivement l'accord de Brexit

Par AFP  |   |  639  mots
(Crédits : REUTERS TV)
Les députés britanniques ont à nouveau retoqué mardi pour la deuxième fois l'accord de Brexit malgré les ultimes modifications obtenues la veille par Theresa May, plongeant le Royaume-Uni dans l'inconnu sur son avenir à 17 jours de la date prévue de la sortie de l'Union européenne.

Le Traité de retrait de l'UE, conçu pour permettre une sortie en douceur du Royaume-Uni de l'Union européenne, a été largement recalé par 391 voix contre 242. La Chambre des Communes l'avait déjà rejeté massivement une première fois le 15 janvier.

Ce vote est un cinglant désaveu pour la Première ministre conservatrice Theresa May qui a âprement négocié ce texte de près de 600 pages pendant de longs mois, et pose la question de sa survie à la tête de l'exécutif.

Et maintenant? Les députés voteront mercredi sur la possibilité de sortir de l'UE sans accord, un scénario particulièrement redouté par les milieux économiques.

Si cette option est exclue, le Parlement votera à nouveau jeudi, cette fois sur une proposition de report "limité" du Brexit. Les 27 devront toutefois donner leur accord à l'unanimité et les dirigeants européens ont prévenu que toute demande en ce sens devrait être dûment justifiée.

Les réactions d'après-vote

"Leur accord, celui de la Première ministre, est clairement mort", a dit Jeremy Corbyn, chef de l'opposition travailliste,  après le rejet à une très large majorité de l'accord de divorce par les députés britanniques, pour la seconde fois.

Le vote de rejet du Parlement britannique a accru de façon "significative" le risque d'un Brexit sans accord, a estimé le porte-parole du président du Conseil européen, Donald Tusk.

"Il est difficile de voir ce que nous pouvons faire de plus. S'il y a une solution à l'impasse actuelle, elle peut seulement être trouvée à Londres", a déclaré le porte-parole, Preben Aamann, ajoutant que l'UE allait continuer ses "préparatifs" pour un Brexit sans accord.

L'UE a fait "tout ce qu'elle a pu" pour aider à l'approbation de l'accord de Brexit, a estimé le négociateur de l'UE pour le Brexit Michel Barnier.

"L'impasse peut uniquement être surmontée par le Royaume-Uni", a tweeté Michel Barnier, ajoutant que les préparatifs de l'UE en cas de divorce sans accord "étaient maintenant plus importants que jamais".

Selon la porte-parole de la Commission européenne Mina Andreeva, l'UE serait également "prête à considérer" un report de la date du Brexit, si le Royaume-Uni devait en faire une demande "motivée".

"S'il devait y avoir une demande motivée pour une extension, les 27 pays de l'UE seraient prêts à la considérer", a déclaré la porte-parole. Elle sera décidée à l'unanimité "en tenant compte des raisons" avancées et "de la durée" demandée, a-t-elle ajouté.

Les marchés financiers sous tension

La livre sterling, en nette baisse juste avant le rejet par les députés britanniques de l'accord de Brexit, a repris un peu de force juste après l'échec au Parlement britannique de l'accord de Brexit négocié entre Londres et Bruxelles. Elle a par la suite plongé de nouveau face à l'euro et au dollar.

Les acteurs du marché des changes, qui scrutaient ce vote, "ont pu être rassérénés temporairement par le fait que l'écart entre les opposants et les partisans de l'accord s'est réduit par rapport à un précédent vote en janvier", a estimé Brendan McKennan, analyste de Wells Fargo.

"Cela signifie peut-être qu'on se rapproche un peu plus d'un compromis ou, en tout cas, que cela laisse un peu plus d'options sur la table", a-t-il ajouté.

"Mais au final, ce vote signifie également qu'on reste dans l'incertitude. Si on a un prolongement des négociations pendant encore trois ou six mois, cela va un peu plus peser sur l'économie britannique et la livre sterling", a estimé M. McKenna.

La devise s'échangeait à 86,40 pence pour un euro vers 19h50 GMT, contre 86,53 pence quelques minutes avant le scrutin et valait 1,3078 dollar, contre 1,3055 dollars juste avant le vote.