Les Etats européens, vraiment moins riches sans leur capitale ?

Par Sasha Mitchell  |   |  421  mots
Seule l'Allemagne gagnerait en richesse si Berlin était retiré du calcul du PIB. NB : Pour la France, "Paris" englobe également l’Île-de-France.
La richesse de tous les pays européens baisserait si le PIB par habitant des capitales (ou de la région-capitale) était retiré, à en croire une étude de l'Institut de recherches économiques de Cologne. Tous, sauf un : l'Allemagne. Explications.

La City à Londres, la Défense à Paris, les institutions européennes à Bruxelles... Les capitales sont, bien souvent, le cœur économique et politique des Etats européens. Outre-Manche, l'exemple est frappant : un quart du produit intérieur brut (PIB) est le résultat de l'activité londonienne. Le taux est encore plus élevé en Île-de-France, où un tiers de la richesse nationale est créée.

Ce constat établi, l'Institut de recherches économiques de Cologne a décidé de s'intéresser à "l'effet capitale". En d'autres termes, si le PIB par habitant de chaque capitale européenne était soustrait lors du calcul du PIB national, jusqu'à quel point ce dernier serait-il affecté ? Selon les résultats de l'étude, basée sur des données Eurostat de 2014, le pays le plus touché serait la Grèce, avec une prospérité en baisse de près de 20%. Logique, pour une économie axée sur le commerce extérieur et qui a donc besoin de ses ports, dont le plus important du pays, Le Pirée, se trouve à Athènes.

L'exception allemande

En deuxième position, on retrouve la France, avec une baisse de 15% du PIB si l'Ile-de-France (que l'étude considère comme la région-capitale), où vit près d'un cinquième de la population, était retirée du calcul. Suivent la République Tchèque (-14,2% sans Prague), le Portugal (-13,7% si le PIB par habitant de Lisbonne était retiré) et trois pays scandinaves : le Danemark (-13,3%), la Finlande (-12,9%) et la Suède. Le Royaume-Uni n'arrive qu'en huitième position, avec une prospérité en baisse de 11,2% sans le PIB par habitant de Londres. Un résultat qui s'explique en partie par l'importance d'autres pôles économiques comme Birmingham, deuxième plus grande ville du pays.

Seule surprise de cette étude, l'Allemagne, où Berlin ne contribue qu'à hauteur de 4% du PIB total, ferme la marche. En retirant le PIB par habitant de la capitale, la richesse nationale s'accroîtrait légèrement, de 0,2%. "Ce serait encore plus sans l'ajustement fiscal inter-état et la dotation d'investissement allouée par le gouvernement fédéral", éclaire l'étude. Si le faible poids économique de Berlin, capitale depuis 25 ans seulement, apparaît comme une exception à l'échelle européenne, le résultat de l'étude illustre très bien le modèle fédéraliste du pays, où les "Mittelstand" - entreprises familiales avec un attachement fort au territoire - pèsent avant tout en dehors des métropoles.

*Graphique réalisé par Statista