Les grandes banques européennes s'exposent trop aux risques, alerte la BCE

Par latribune.fr  |   |  492  mots
L'environnement financier caractérisé par l'interconnexion entre les banques et le secteur bancaire parallèle (hedge funds, family office...) court le danger d'"une prise de risque excessive", estime la BCE. (Crédits : Ralph Orlowski)
Les banques risquent de payer cher leur forte exposition à des opérations financières auprès d'entreprises très endettées, à l'instar du scandale du fonds Archegos, a averti le Président du conseil de surveillance prudentielle de la Banque centrale européenne.

Face à l'exposition des banques à des opérations auprès d'entreprises endettées, les établissements financiers pourraient payer cher leur prise de risque, alerte la BCE. L'institution garde en souvenir la faillite retentissante du fonds de couverture Archegos Capital en mars dernier à Wall Street.

L'environnement financier caractérisé par l'interconnexion entre les banques et le secteur bancaire parallèle (hedge funds, family office...) court le danger d'"une prise de risque excessive", a déclaré Andrea Enria, Président du conseil de surveillance prudentielle de la Banque centrale européenne.

De nombreuses opérations à effet de levier

En effet, malgré les turbulences boursières qui ont accompagné le déclenchement de la pandémie du Covid-19, la BCE a observé une "exubérance continue sur ces marchés" qui est "préoccupante", selon Andrea Enria.

Les banques "n'ont pas suffisamment répondu à nos appels à la prudence", a-t-il regretté.

La forte activité sur le marché des opérations à effet de levier - qui recouvrent les financements à des entreprises très endettées - et les marchés des produits dérivés liés aux actions "menace de laisser les banques trop exposées à des ajustements soudains et corrections des prix des actifs", a prévenu le banquier central.

Il a fait allusion au "cas très discuté d'Archegos", un family office fortement endetté qui a pris position sur un portefeuille d'actions avec l'aide de grandes banques lui offrant des services de courtage (prime brokerage). La retentissante déroute du fonds new-yorkais fin mars a coûté plus de 10 milliards de dollars aux banques mondiales, dont une grosse part supportée par le Credit Suisse. Au premier trimestre 2021, la banque a dû inscrire une charge de 4,4 milliards de francs suisses dans ses comptes pour couvrir les dégâts liés à Archegos.

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Une souplesse accordée aux banques

La Banque centrale avertit les banques sur ce risque alors qu'elle a permis aux établissements de puiser dans leurs fonds propres réglementaires et leur de liquidité pour qu'ils aient plus de latitude à prêter et absorber les pertes. L'objectif étant d'éviter de compromettre les chances d'une reprise de l'économie.

Néanmoins, l'institut veut "prêter une attention particulière aux signes avant-coureurs d'une augmentation de l'endettement, de la complexité financière et de l'opacité" génératrices de risques.

A fin 2020, plus de la moitié des prêts à effet de levier provenant de grandes banques en zone euro présentaient un facteur de levier - soit le multiplicateur entre la dette de l'emprunteur et son résultat d'exploitation (EBITDA) - de plus de six, quand la BCE fixe un plafond à quatre au-delà duquel le risque pris est excessif.

De plus, de nombreux prêts comportaient des clauses restrictives ("covenants" en anglais) trop légères voire inexistantes, laissant les banques à la merci d'emprunteurs défaillants.

(Avec AFP)