Migrants : comment s'explique le nombre de 800.000 réfugiés attendus par l'Allemagne ?

Par latribune.fr  |   |  782  mots
Les ressortissants de Syrie et d’Afghanistan, deux pays en guerre civile, représentent la majorité des migrants appréhendés entre janvier et juillet 2015.
Le pays prévoit 800.000 demandes d'asile pour l'année, une hausse spectaculaire difficile à gérer pour les autorités. Parmi les demandeurs se trouvent les ressortissants de Syrie ou d'Afghanistan mais aussi des migrants originaires des pays des Balkans non membres de l'Union européenne. Un chiffre à mettre en regard de celui de Frontex, dévoilé il y a quelques jours, et qui a chiffré à un peu plus de 100.000 le nombre de personnes voulant entrer illégalement en Europe.

L'Allemagne fait face à une hausse spectaculaire du nombre des demandeurs d'asile et réfugiés. Ils étaient 350.000 pour la première moitié de l'année et leur nombre pourrait atteindre 800.000 cette année, selon les estimations du ministre de l'Intérieur allemand Thomas de Maiziére, soit quatre fois plus qu'en 2014 et deux fois plus que prévu en janvier.

Selon le journal "Le Monde", "si un grand nombre vient de Syrie, d'Irak ou d'Afghanistan, une part importante - plus de 80 000 au premier semestre - vient des Balkans".

Tous les demandeurs se trouvent déjà sur le sol allemand quand ils déposent la demande auprès des autorités compétentes, laquelle demande sera ensuite étudiée, pendant un temps indéterminé :

« Il est difficile de dire combien de temps prend une demande d'asile. Il y a des centaines de milliers de demandes, et les bureaux sont débordés. Il n'y a pas assez de fonctionnaires. Le gouvernement a lancé un appel d'offres pour en recruter », explique Max Maldacker, directeur du service de presse et de relations publiques à l'ambassade d'Allemagne.

Afin de maîtriser ce flot d'arrivants, la chancelière voudrait établir, au niveau européen, une liste de « pays sûrs », où les citoyens ne sont pas persécutés, c'est-à-dire dont les ressortissants ne pourraient pas demander l'asile dans l'Union européenne (UE), un sujet sensible en Allemagne. L'année dernière, le pays a jugé que trois États des Balkans (Serbie, Macédoine et Bosnie-Herzégovine) étaient « sûrs » selon la définition de la chancelière. La CDU voudrait ajouter au classement le Monténégro, le Kosovo et l'Albanie. Problème, les Verts, dont l'accord est indispensable, s'y refusent pour l'instant.

"Il s'agira du plus important afflux dans le pays depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale", a souligné le ministre Thomas de Maizière, ajoutant que Berlin s'attendait à voir ces chiffres continuer de croître dans les années à venir. Le ministre de l'Intérieur allemand, pour qui cela représente "un défi à tous les niveaux de l'État, fédéral et local", a d'ailleurs exhorté mercredi 19 août la Commission européenne à agir.

Les chiffres des entrées illégales en Europe selon Frontex

Les déclarations du ministre de l'Intérieur suivent la sortie de chiffres sur les entrées illégales de migrants publiés par l'Agence européenne pour la gestion et la coopération internationale, mardi 18 août. En juillet, 107.500 candidats à l'immigration -un record depuis 2008- ont été "détectés" aux frontières du Vieux Continent, soit 30.000 de plus qu'en juin et trois fois plus qu'en juillet 2014. Fabrice Leggeri, le directeur de Frontex, s'est inquiété de ces chiffres:

"C'est une situation d'urgence pour l'Europe. Elle exige que tous les États membres de l'UE s'investissent et apportent leur soutien aux autorités nationales qui reçoivent une migration massive à leurs frontières" , a-t-il déclaré.

Entre janvier et juin 2015, près de 340.000 migrants ont été appréhendés et ramenés aux autorités, comparé aux 123.500 sur la même période l'an passé (36%) et aux 280.000 pour 2014. Cela a créé une pression sans précédent sur les autorités de contrôle aux frontières en Grèce, en Italie et en Hongrie. En effet, si les migrants empruntent 6 routes différentes vers l'Europe, la majorité transitent par ces trois pays. Le passage par l'Espagne, les îles Canaries ou la frontière Est est bien moins important.

Le passage par la Grèce est privilégié

9 migrants sur 10 prennent la route périlleuse de la Libye, en provenance d'Afrique, surtout d'Érythrée et du Niger. Dans les Balkans de l'ouest, les autorités hongroises ont rapporté plus de 34.800 individus appréhendés, la majorité venait d'Afghanistan et de Syrie.

Mais le flux le plus important transite par la Grèce, via la Turquie. En juillet, les plus grosses détections ont été rapportées dans la mer Égée (près de 50.000) pour la plupart sur les îles (grecques) de Lesbos, Chios, Samos et Kos, dépassant en un seul mois le nombre de migrants détecté dans la région en 2014 (41.700 individus). De janvier à juillet 2015, près de 130.500 migrants ont été appréhendés à la frontière, cinq fois plus qu'à la même période l'année dernière.

Les Syriens et les Afghans comptent pour 90% des migrants appréhendés à la frontière grecque cette année. En effet, ils constituent la majorité des personnes repérées entre janvier et juillet 2015. La plupart fuient l'instabilité de leur pays d'origine, en entrant par la Grèce via la Turquie.