Migrations : Paris et Berlin souhaitent avancer même sans tous les 28

Par latribune.fr  |   |  605  mots
Tous les pays européens sont désormais d'accord pour renforcer les frontières extérieures de l'UE, mais ils continuent de se diviser sur leurs responsabilités dans la prise en charge des migrants tentant de rejoindre l'Europe, comme de ceux s'y trouvant déjà. (Crédits : Stoyan Nenov)
Réunis à Bruxelles lors d'un mini-sommet informel, les dirigeants français et allemand ont soutenu la même position: la nécessité de trouver une solution européenne fondée sur des accords bilatéraux ou multilatéraux, si les 28 Etats-membres de l'Union européenne n'arrivent pas à trouver un accord.

Face au défi migratoire, Emmanuel Macron et Angela Merkel, qui ont retrouvé leurs homologues de 14 pays européens à Bruxelles dimanche 24 juin lors d'une "réunion informelle", veulent avancer même sans le consensus des 28 Etats membres de l'Union européenne.

"La solution que nous devons aujourd'hui réussir à porter est une solution européenne, elle se construira uniquement sur la coopération entre les Etats membres de l'UE, que ce soit une coopération à 28 ou entre plusieurs Etats qui décident d'avancer ensemble", a affirmé Emmanuel Macron, en réclamant des mesures respectant "les valeurs de l'Europe" et citant "les droits de l'homme" ainsi que le respect et "la solidarité" entre Etats membres.

La chancelière allemande Angela Merkel a plaidé dans le même sens.

Le sommet à 28, prévu les 28-29 juin à Bruxelles, "n'apportera pas encore de solution globale au problème des migrations et c'est pourquoi il faut aussi des accords bilatéraux ou trilatéraux dans l'intérêt mutuel", a-t-elle expliqué.

Le problème des "mouvements secondaires" au centre des discussions

Tous les pays européens sont désormais d'accord pour renforcer les frontières extérieures de l'UE, mais ils continuent de se diviser sur leurs responsabilités dans la prise en charge des migrants tentant de rejoindre l'Europe, comme de ceux s'y trouvant déjà. Et ce malgré la chute massive des arrivées sur les côtes européennes constatée depuis 2016.

Les dirigeants français et allemand ont notamment mis l'accent sur la nécessité de résoudre le problème des "mouvements secondaires", c'est-à-dire des demandeurs d'asile qui se déplacent dans l'UE, au lieu de rester dans le pays par lequel ils sont entrés dans l'attente d'une décision sur leur cas.

"Il y a une crise sur les mouvements secondaires c'est-à-dire les personnes qui sont rentrées dans l'espace Schengen, et donc il est important sur ce point que nous fassions avancer certains textes - le texte de la procédure d'asile qui est en discussion - que nous réformions les procédures de Dublin et que nous ayons aussi des accords qui permettent de rendre le système plus efficace", a-t-il précisé.

C'est d'ailleurs pour y mettre fin que le ministre allemand de l'Intérieur menace d'instaurer un refoulement unilatéral aux frontières des migrants, contre l'avis d'Angela Merkel, qui souhaite des décisions concertées avec ses voisins.

L'Italie présente au mini-sommet

"Je viens présenter une proposition italienne complètement neuve, basée sur de nouveaux paradigmes", a pour sa part annoncé le Premier ministre du gouvernement populiste italien Giuseppe Conte.

Selon un document italien consulté par l'AFP, Rome appelle notamment à "dépasser" le principe du Règlement de Dublin, qui confie aux pays de première entrée dans l'UE la responsabilité des demandes d'asile, et dont la réforme est au point mort depuis plus de deux ans, en raison notamment de l'opposition frontale des pays de Visegrad (Pologne, Hongrie, République tchèque, Slovaquie, absents du mini-sommet et opposés à toute mesure d'accueil obligatoire). L'Italie demande dans son texte des sanctions financières contre les pays n'accueillant pas de réfugiés, comme l'a également souhaité Emmanuel Macron la veille.

Le ton était pourtant une nouvelle fois monté samedi entre la France et l'Italie quand le gouvernement italien avait fustigé l'"arrogance" d'Emmanuel Macron, après sa proposition de "centres fermés" pour les migrants dans les pays de première arrivée, où les migrants attendraient l'examen de leur cas sans possibilité de se déplacer vers d'autres pays.