Ce soir, l'Eurogroupe examine l'ultime requête grecque

Par latribune.fr  |   |  860  mots
"Comment payer le FMI demain alors que les banques ont été menées à l'asphyxie?", s'est interrogé lundi soir à la télévision le Premier ministre grec, Alexis Tsipras.
A la mi-journée, ce mardi 30 juin, le ministre des finances grec Yannis Varoufakis confirmait que son pays ne rembourserait pas le 1,5 milliard d'euros qu'il doit au FMI. Mais dans l'après-midi, Athènes fait un pas vers l'UE et lui propose un accord de financement sur deux ans.

Publié à le 30.06.2015 à 12:42 mis à jour à 16h03, et à 19h37

Dans une lettre du cabinet révélée en fin de journée par plusieurs médias étrangers, dont le quotidien italien la Stampa, Alexis Tsipras demanderait 29 milliards d'euros pour la période de 2015-2017 (12,3 milliards en 2015, 7,1 en 2016 et 9,6 en 2017).

Ce soir, l'Eurogroupe examine l'ultime requête grecque avant l'heure où la Grèce sera officiellement en défaut. Retour sur les derniers rebondissements de la journée.

Hier midi, Jean-Claude Juncker laissait entendre à Bruxelles qu'il tournait définitivement le dos à la Grèce. Puis, un peu plus tard dans la journée -apprend-on ce mardi matin-, le président de la Commission européenne semblait faire marche arrière en proposant à Athènes une solution de dernière minute, selon l'AFP qui a pu s'entretenir avec une source au sein de la Commission.

Accord éventuel, hypothétique ou supposé qu'Angela Merkel, démentait ce mardi, à la mi-journée en ces termes:

"La dernière offre de la Commission (européenne) que je connais est celle de vendredi dernier et je ne peux rien dire de plus."

Autre rebondissement, ce mardi après-midi: la Grèce a fait savoir dans un communiqué que le gouvernement restait "à la table des négociations" en dépit de l'organisation du référendum de dimanche, et qu'il propose à ses créanciers de conclure un accord sur deux ans avec le Mécanisme européen de stabilité (MES). Le cabinet du Premier ministre Alexis Tsipras indique que le recours au MES permettrait de couvrir "ses besoins financiers" tout en restructurant sa dette.

La réponse d'Angela Merkel n'a pas tardé. Pour la chancelière, c'est non. Il n'y aura pas de discussion autour d'une nouvelle demande d'aide avant le référendum prévu dimanche 5 juillet en Grèce.

La Grèce en défaut de paiement

Un peu plus tôt dans la journée, ce mardi, le ministre des Finances grec, Yanis Varoufakis a de son côté confirmé que la Grèce ne serait pas en mesure de rembourser ce soir, à 22h, les quelque 1,5 milliard d'euros que le pays doit au FMI. Interrogé par les journalistes à l'entrée de son ministère, il s'est contenté d'un laconique "non" en guise de réponse, et d'un "je l'espère" au sujet d'un éventuel accord avec les créanciers.

Cette réponse par la négative n'est en revanche pas une surprise. Certes, la menace planait depuis plusieurs mois, mais hier soir, Alexis Tsipras avait clairement laissé entendre que les Hellènes ne pourraient pas  honorer leur dette en raison de "l'asphyxie" financière du pays. "Comment payer le FMI demain alors que les banques ont été menées à l'asphyxie?" demande le Premier ministre à la télévision. "Dès qu'ils décident de lever l'asphyxie, ils seront payés", a-t-il alors ajouté.

Pas de renégociation, mais une acceptation de l'accord par Athènes

Ces mots ont-ils été entendus par Jean-Claude Juncker ? Pas vraiment, car si le président de la Commission européenne renoue le dialogue avec Athènes, sa position n'a pas bougé d'un iota. Il n'est pas question de renégocier les termes de l'accord proposé à Athènes, mais de demander au Premier ministre grec d'accepter le dernier plan des créanciers du samedi 27 juin, et de faire campagne pour le "oui" au référendum prévu dimanche 5 juillet en Grèce.

Pour rappel, dans la nuit de vendredi à samedi, le Premier ministre grec avait annoncé la tenue d'un référendum demandant au peuple grec de se prononcer en faveur, ou contre les propositions des créanciers.

Le président de la Commission laisse sous-entendre qu'il tend la main une nouvelle fois à la Grèce. Il a proposé à Alexis Tsipras de lui répondre en lui envoyant une lettre, qu'il adressera également au président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, et à Angela Merket et François Hollande, dans laquelle il dira accepter " les propositions de samedi des trois institutions", créancières, à savoir la BCE, le FMI et l'Union Européenne.

"L'initiative de Juncker doit être saisie"

Dans un entretien accordé à une radio grecque, un eurodéputé du Syriza, Stelios Kouloglou, a jugé que "l'initiative de Juncker doit être saisie". Il a affirmé que "les présidents de tous les groupes parlementaires à Bruxelles" avaient incité lundi le président de la Commission européenne "à reprendre les négociations pour arriver à un accord même au dernier moment".

Le porte-parole de la Commission, Margaritis Schinas a fait savoir ce mardi que les "paramètres" d'une telle solution, selon Jean-Claude Juncker "incluraient une réponse aux besoins financiers du pays et la question de la soutenabilité de la dette", en échange de l'engagement du gouvernement grec à faire campagne pour le oui au référendum.

Margaritis Schinas a affirmé que "des contacts sont en cours" entre Athènes et Bruxelles, tout en insistant sur le fait que "le temps se réduit" alors que le programme de renflouement du pays expire "le 30 juin à minuit". La Grèce a finalement fait savoir que le montant de 1,5 milliard ne serait pas honoré ce soir...