Pour Hollande, les Français ne veulent pas quitter l’Union européenne

Par Georgi Gotev, Euractiv  |   |  802  mots
Le 29 avril, François Hollande a donné sa dernière conférence de presse à un sommet européen.
«L’élection présidentielle pourrait dénaturer le projet européen tel qu’il existe aujourd’hui», a estimé François Hollande, lors de sa dernière conférence de presse à Bruxelles, le 29 avril. Un article de notre partenaire Euractiv.

Le 29 avril, François Hollande a donné sa dernière conférence de presse à un sommet européen. Lors du vote du second tour, le 7 mai, les électeurs français devront décider de leur avenir dans l'Europe, a expliqué le président sortant.

« Pourquoi toute l'Europe regarde vers la France ? C'était vrai avant le premier tour, ça l'est encore pour le deuxième », souligne-t-il. « Pourquoi cet intérêt, cette attention, cette vigilance, cette inquiétude, même ? [...] Si la France faisait un choix qui ne permettrait plus à mon pays de rester dans l'Union européenne, il y aurait sans doute encore une Union européenne [...], mais elle n'aurait plus la force et la nature de ce qu'elle est aujourd'hui. »

«Quitter l'Europe, ce serait aussi quitter la France»

François Hollande a listé les forces de la France: un pays fondateur de l'UE, membre de l'espace Schengen et de la zone euro, deuxième économie de l'Union, seul membre de l'UE siégeant de manière permanente au Conseil de sécurité de l'ONU et seul membre de l'UE disposant de l'arme nucléaire, à part le Royaume-Uni, qui a déjà un pied hors du bloc.

La France «représente l'Histoire de l'Europe», a-t-il ajouté, après s'être battu avec presque tous les États membres pendant le 20e siècle.

«Si la France est tellement attachée à la paix, c'est parce qu'elle a connu tant de guerres. Oui, les conséquences seraient extrêmement lourdes si la France se détournait de l'Europe. C'est la raison pour laquelle le choix qui va être fait est un choix pour la France, mais aussi un choix européen, qui va être exprimé par le peuple français», renchérit-il.

Le peuple français est «mécontent d'une forme d'organisation, de gestion, de fonctionnement de l'Europe», admet-il. «Il voudrait que l'Europe soit encore plus protectrice - et il a raison. Mais il ne veut pas quitter l'Europe, parce que quitter l'Europe, ce serait aussi quitter la France.»

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Et le président de conclure sa conférence de presse en ces termes: «je vais en terminer là, avec cette ode à l'Europe». Il a également remercié les journalistes, qui se montrent critiques, mais également attachés au projet européen.

Marine Le Pen ou l'alliance anti-UE

Marine Le Pen apparaît en mesure d'engranger 41% des suffrages le 7 mai contre 59 % à son adversaire centriste, Emmanuel Macron, candidat préféré de l'Europe.

La candidate du FN a marqué un nouveau point avec le ralliement à ses côtés du chef d'un petit parti souverainiste (Debout La France), Nicolas Dupont-Aignan, dont elle compte faire son Premier ministre si elle est élue. Nicolas Dupont-Aignan, qui a obtenu près de 5% des suffrages au premier tour, pourrait lui apporter des voix substantielles le 7 mai.

Face à cette montée de l'euroscepticisme, «l'Europe doit donner confiance, elle doit être une solution et non pas une suite de problèmes», plaide le président français, si impopulaire qu'il a dû renoncer à briguer un nouveau mandat, une première sous la 5e République.

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«L'Europe doit montrer qu'elle est une chance pour les pays qui la composent et qu'elle est aussi une garantie pour la paix et un avantage pour l'économie et également qu'elle peut permettre [...] de converger sur le plan social», argue-t-il. C'est «à ces conditions-là» que «les peuples peuvent trouver dans l'Europe les garanties et les protections qui manquent aujourd'hui».

L'entente franco-allemande fondamentale

En ce qui concerne sa relation avec Angela Merkel, la chancelière allemande, il a souligné qu'il ne la connaissait pas avant de devenir président, en 2012, et qu'ils ne partageaient pas «la même sensibilité».

Cela ne les a cependant pas empêchés de prendre des décisions courageuses durant la crise de la zone euro, lors de la crise ukrainienne ou au moment de conclure des accords climatiques. Il ajoute que la décision allemande sur l'union de la défense n'avait pas été facile et que Berlin avait fait preuve de beaucoup de compréhension vis-à-vis de la situation économique française.

«Cette entente franco-allemande doit continuer, quels que soient leurs dirigeants», insiste-t-il. «L'Europe à 27 ne peut avoir confiance en elle-même si ses deux principaux pays ne sont pas conscients des enjeux. Je suis certain qu'Emmanuel Macron sera un bon partenaire pour l'Allemagne, parce qu'il défendra les intérêts de la France, mais qu'il a aussi la conviction que l'Europe est au service de nos intérêts communs.»

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Par Georgi Gotev, Euractiv.com (traduit par Manon Flausch)

(Article publié le mercredi 2 mai 2017)

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