Rétrospective 2016 (3) : et Hollande renonça !

Le 1er décembre, grande première dans l'histoire de la Veme République, François Hollande renonce à briguer un second mandat. Popularité en berne, asphyxié politiquement par Valls et Macron, le président s'incline. A moins que...
Jean-Christophe Chanut
François Hollande, la mort dans l'âme, a dû renoncer à se représenter en 2017. Cependant, il surveille de très près l'évolution de la primaire du PS. Au cas où une ouverture se profilerait...

Jeudi 1er décembre, 20 heures, coup de tonnerre à l'Elysée : «Aujourd'hui, je suis conscient des risques que ferait courir une démarche - la mienne - qui ne rassemblerait pas largement. Aussi, j'ai décidé de ne pas être candidat à l'élection présidentielle, au renouvellement de mon mandat».

C'est avec ces mots que François Hollande annonce qu'il ne briguera pas un second mandat de président de la République... Une première sous la cinquième République. Malmené dans les sondages, étouffé politiquement par son Premier ministre Manuel Valls et son ancien ministre de l'Economie Emmanuel Macron, pris au piège de la primaire socialiste et de ses alliés... François Hollande se trouve empêché.

Manifestement le président est ému, c'est avec une voix blanche qu'il annonce sa décision qui a surpris tout le monde, à l'exception de ses intimes mis dans la confidence. Quelques jours plus tôt, les observateurs spéculaient même sur la date imminente où il allait annoncer son entrée en campagne... A commencer par La Tribune qui titrait le 24 novembre : « La nouvelle baisse du chômage [- 0,3% en octobre] va accélérer la candidature Hollande ». Erreur !

Le précédent Sarkozy à la primaire de la droite

Que s'est-il donc passé dans la tête d'un homme rompu à l'adversité ? Lui, le redoutable animal politique, qui a déjà connu une terrible traversée du désert après sa sortie par la petite porte du congrès socialiste de Reims en 2008. Lui qui a déclaré lors de son intervention avoir une "capacité inépuisable face à l'adversité", force est de constater qu'il a préféré jeter l'éponge. Pourquoi? Les sondages, bien sûr, très faibles pour lui. Enquête après enquête, il était crédité à ce stade d'à peine plus de 10% des voix. Mais là n'est pas le principal. François Hollande en a vu d'autres... Il était à peine à 3% au début du processus de la primaire socialiste en 2011, certes avant la chute de DSK.

Il a surtout vu Nicolas Sarkozy se faire balayer lors de la primaire de la droite. Lui qui rêvait de retrouver son meilleur ennemi en 2017 a compris qu'il pourrait lui arriver exactement la même chose lors de cette primaire de la gauche à laquelle il avait accepté de participer tout président qu'il est. Or, certains sondages plaçaient Arnaud Montebourg devant lui. Le risque était donc grand de se retrouver en effet dans la même situation que Nicolas Sarkozy, alors que ce scrutin avait été imaginé par le Premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, pour lui servir de rampe de lancement et pour le (re)légitimer le président.

François Hollande semble avoir compris que les Français ne voulaient pas revivre le match de 2012.

Le piège Macron

Et, surtout, il y a eu la candidature d'Emmanuel Macron, son ancien ministre de l'Economie. C'est peu dire que l'émancipation de son ex-jeune ministre et collaborateur à l'Elysée l'a affectée. Surtout, la candidature de Macron, doublée d'une primaire à disputer à gauche, ont privé François Hollande d'espace politique. Il a été asphyxié. S'il avait abordé cette épreuve avec une cote de popularité favorable et un bilan facilement défendable, c'était jouable. Mais en l'occurrence, ce n'est pas le cas. François Hollande semblait totalement discrédité auprès des Français qui ont eu l'impression que, depuis son élection, il a fait exactement l'inverse de ce qu'il avait promis durant sa campagne de 2012, notamment les augmentations d'impôts en début de quinquennat et la politique de l'offre. Même si les choses sont plus compliquées que cela.

Toutes les opérations de François Hollande pour se relancer ont tourné court. Ainsi, le fameux « ça va mieux » sur le front économique a fait un bide, malgré la reprise, réelle, des créations d'emplois, la baisse - réelle aussi mais trop tardive - du nombre des demandeurs d'emplois depuis le début de l'année et le frémissement sur la croissance. Et que dire de cet appel de parlementaires en faveur de François Hollande qui devait être lancé fin octobre.... Et qui n'a finalement jamais vu le jour.

François Hollande s'est englué. Les gros bataillons de gauche n'ont jamais accepté son ralliement à l'idée de déchéance de la nationalité. Ils n'ont pas non plus admis les principes posés par la loi Travail portée par Myriam El Khomri, faisant prédominer les accords d'entreprise sur les accords de branche en matière de durée du travail. Surtout quand une loi de cette importance est imposée aux forceps, via l'article « 49-3 » de la Constitution. Résultat, de plus en plus désabusé, l'électorat potentiel de François Hollande s'est détourné de lui et s'est trouvé d'autres candidats de substitution, allant de Mélenchon à Macron en passant par Montebourg et Hamon...

Le remake de la "nuit des longs couteaux"

Mais, c'est la dernière semaine avant la décision du président du 1er décembre qui fût capitale. Sorte de remake de « la nuit des longs couteaux ». C'est peu dire que l'ensemble des barons socialistes ont été effarés de la publication du livre des deux journalistes du Monde « Un président ne devrait pas dire ça » où François Hollande livre ses confidences sur tous les sujets sans aucun tabou. Un effet de sidération saisit le personnel politique. Nombreux commencent alors à douter de François Hollande pour 2017.

C'est le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, vexé des propos relatés sur lui par François Hollande dans l'ouvrage, qui ouvre le bal le 26 novembre en déclarant que Valls et Hollande devraient s'affronter lors de la primaire socialiste. Le lendemain, le 27 novembre, Manuel Valls en rajoute une couche dans un entretien au Journal du Dimanche en déclarant :

«Face au désarroi, au doute, à la déception, à l'idée que la gauche n'a aucune chance, je veux casser cette mécanique qui nous conduirait à la défaite(...). La question n'est pas seulement celle de l'envie, mais bien celle de la responsabilité historique qui doit prendre en compte l'intérêt de la France et de la gauche».

Le massage est à peine voilé : Manuel Valls doute de la capacité de rassemblement de François Hollande et se verrait bien reprendre l'étendard.

Le lundi 28 novembre, Manuel Valls et François Hollande se retrouvent pour leur traditionnel déjeuner de début de semaine à l'Elysée. Démission de Valls ? Pas du tout, à sa sortie, le Premier ministre déclare « Il ne peut y avoir de confrontation dans le cadre d'une primaire entre un président et un premier ministre »... Manuel Valls semble donc reculer. Mais, a posteriori, on peut avoir une autre lecture : peut-être, lors de ce déjeuner, François Hollande a-t-il annoncé à son Premier ministre son intention de ne pas se représenter. Ce qui pourrait expliquer la relative sérénité e Manuel Valls.

En tout état de cause, c'est donc ce qui se produira le 1er décembre et moins d'une semaine plus tard, Manuel Valls quittait ses fonctions de Premier ministre et se lançait dans la primaire socialiste.

Renoncement certes... mais cependant

Quant à François Hollande, il nomme alors Bernard Cazeneuve à Matignon et entend rester président de la République jusqu'à la dernière minute de son quinquennat. Il aura alors tout le temps de ruminer son échec à se représenter. Mais, avec un tel animal politique, une petite lumière continue certainement de scintiller en son for intérieur... Une petite voix doit lui dire qu'il existe encore un trou de souris où il pourrait se glisser pour renverser le cours de l'histoire. Le scénario serait le suivant : à l'issue de la primaire du PS, quel que soit le vainqueur, la réconciliation serait impossible entre l'aile droite du parti emmenée par Manuel Valls et l'aile gauche. Alors, avec son art consommé de la synthèse, François Hollande reviendrait au centre du jeu pour jouer les grands réconciliateurs et... se présenter in fine à la présidentielle.

Un scénario plausible mais improbable, tant François Hollande souffre et souffrira sans doute encore d'un déficit record de popularité. Certes, il peut réussir à s'imposer à gauche. Mais il continuera toujours d'être gêné par Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron que l'on ne voit plus renoncer à une candidature au nom de l'unité. Dans ces conditions, il y a toujours peu de chances que la gauche soit présente au second tour face à un François Fillon qui prendra soin de ne plus affoler l'électorat, comme il a pu le faire avec ses projets sur l'assurance maladie. Ou alors, il faut imaginer que Marine Le Pen, elle aussi bien partie pour arriver au second tour, dévisse finalement...

Tout cela fait beaucoup de conditions. Mais, psychologiquement, on peut comprendre l'état d'esprit de François Hollande. Il admet mal d'avoir dû renoncer. Alors, il s'accroche à un dernier espoir. Lui qui dit toujours « rien ne se passe jamais comme prévu ».

Jean-Christophe Chanut
Commentaires 16
à écrit le 25/12/2016 à 5:54
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Ne m'appelez plus jamais " Président ". La France je l’ai laissé tomber. Ne m'appelez plus jamais " Président ". Puisque c’est votre volonté. J'étais un désastre gigantesque Capable pendant cinq- ans. de commémorer ou presque Je joua...

à écrit le 23/12/2016 à 0:00
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Il ne pouvait pas car il ne fait même pas homme. Il fait plutôt sous-homme.

à écrit le 22/12/2016 à 23:57
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Mais pourquoi attendre toujours le mois de Mai pour sortir les poubelles ?

à écrit le 22/12/2016 à 16:35
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Ce qu'il avait fait a TULLE il l'a fait a la FRANCE

à écrit le 22/12/2016 à 14:53
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L'état d'urgence n'est pas en place pour sécuriser le territoire national : Hollande ne se présente pas car il n'est pas parti ! Du fait de l'état d'urgence, Hollande sera encore en place au 14 juillet ; les présidentielles seront annulées , comme le...

à écrit le 22/12/2016 à 14:21
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F.Hollande , président descendant , n'est qu'un modeste acteur interprétant , la fin de la dernière nomenklatura socialiste en Europe.

à écrit le 22/12/2016 à 14:00
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C'est la meilleure nouvelle de l'année. Hollande qui a pourtant bénéficié d'une conjoncture plus que favorable, pétrole au plus bas, taux presque à zéro, dévaluation de l'euro, qu'a t-il fait ? Rien ,un CICE mal ficelé et trop tardif , une augmenta...

à écrit le 22/12/2016 à 13:36
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Il enterre la gauche , c'est son chef d'oeuvre .

à écrit le 22/12/2016 à 12:17
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Il est logique avec lui même , il a réussi en rien , mauvais sur toute la ligne et on en passe .... sécurité, économie et diplomatie . Normal la gauche a tout le temps eu une culture pour s'opposer à tout et se faire élire ainsi que les verts , mais ...

à écrit le 22/12/2016 à 11:35
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Soit farcir son Hollande soit mettre cette bûche au feu pour passer de belles fêtes de fin d'année. Et n'oubliez pas : c'est une question de justice sociale de mettre sur le trottoir en janvier ce truc tout deglingué.

à écrit le 22/12/2016 à 11:21
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les haters se réjouissent un peu trop vite.l'échec des primaires est annoncé,Mélanchon fait peur,Macron se dégonflera ,Fillon s'est tiré une balle dans le pied.on se rendra alors compte q'un homme qui a fait du bien remonte en fleche dans les sondage...

le 22/12/2016 à 12:27
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Vous croyez au père Noël encore, ah ! on ne pas vous en vouloir. Nous avons les cadeaux en fin de mandat " joyeuses fêtes ".

à écrit le 22/12/2016 à 11:17
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Car il s'est dit que les francais n'étaient pas assez intelligent pour comprendre tous les bienfaits de sa politique. Il a été victime, on peut meme dire discriminé, de la bêtise des français. C'est pour cela qu'il faut organiser une marche blanche h...

à écrit le 22/12/2016 à 10:47
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un type sans valeur de parole la demission serais pour la France un honneur les Français ne veulent plus de ce genre de polititiens c'est eux qui ont créer de declin du pays seulement pour profiter du gateau et inventer une europe de la finance...

à écrit le 22/12/2016 à 9:53
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Jusqu'à la pige de Jean Christophe et sa conclusion tout aller bien. Maintenant, je me demande si je ne vais pas faire des cauchemars jusqu'au moi de mai. Mais comme rien ne se passe jamais comme prévu !

à écrit le 22/12/2016 à 9:30
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C'était un discours plein d'émotion , j'en ai pleuré !! tout d"abord pour La France , Cinq-ans de perdu ne vont pas se rattraper pour les chômeurs , pour la dette du Pays qui a explosé , pour la dégringolade de La France à la 8éme place mondiale , po...

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