Référendum en Grèce : Juppé pour un "Grexit", Hollande sur la retenue

Par latribune.fr  |   |  776  mots
Alain Juppé a estimé sur son blog dans un billet intitulé "Grexit" que "la Grèce n'est plus en mesure aujourd'hui d'assumer les disciplines de la zone euro".
La victoire du "non" aux propositions des créanciers, dimanche, a suscité de vives réactions de la part du ministre allemand de l'Economie et du président de l'Eurogroupe, mais également d'Alain Juppé. La Commission européenne ainsi que les dirigeants français et allemands sont en revanche restés attentistes.

Publié le 06/07/2015 à 07:50. Mis à jour le 06/07/2015 à 10:22.

Le "non" aux propositions des créanciers de la Grèce sur de nouvelles mesures de rigueur l'a emporté très largement dimanche 5 juillet avec 61,31% des voix contre 38,69%. Pendant que les partisans du non manifestaient bruyamment leur joie à Athènes, les réactions se succédaient dans les médias.

  • La chancelière allemande Angela Merkel et le président français François Hollande sont restés sur la retenue. Ils se sont dits "tous deux d'accord sur le fait que le vote des citoyens grecs doit être respecté", selon l'AFP. Les deux dirigeants ont demandé la convocation d'un sommet de la zone euro mardi après-midi, selon un communiqué de la chancellerie, dont la tenue a été confirmée ensuite par le président du Conseil européen Donald Tusk.
  • Dans un communiqué laconique, la Commission européenne a pris acte du résultat du référendum et déclaré le respecter. Elle annonce "une conférence téléphonique avec le président du sommet de l'euro, le président de l'Eurogroupe et le président de la Banque centrale européenne" ce lundi matin.
  • Le ministre allemand de l'Economie Sigmar Gabriel a réagi de manière virulente, affirmant que de nouvelles négociations avec Athènes paraissaient désormais "difficilement imaginables". Le Premier ministre grec Alexis Tsipras a "coupé les derniers ponts" entre son pays et l'Europe, a estimé le  vice-chancelier social-démocrate du gouvernement d'Angela Merkel, dans un entretien au quotidien Tagesspiegel à paraître lundi 6 juillet.
  • Le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, a jugé que le résultat du référendum était "très regrettable pour l'avenir de la Grèce".
  • Du côté du Royaume-Uni, qui menace d'un "Brexit", le gouvernement britannique a pris acte lundi de l'"opinion décisive". "Nous continuerons à faire tout ce qui est nécessaire pour protéger notre sécurité économique dans cette période d'incertitudes", a assuré un porte-parole du Premier ministre David Cameron.
  • Rome en a appelé au compromis. Les discussions entre Athènes et ses créanciers se sont jusqu'à présent apparentées à un "dialogue de sourds" et toutes les parties en présence en portent la responsabilité, a notamment déclaré Sandro Gozi, secrétaire d'Etat italien en charge des Affaires européennes.

Au "gouvernement grec de faire des propositions", selon Sapin

Parmi les partisans du "oui", en France:

  • Le ministre français des Finances Michel Sapin a estimé lundi que c'était au "gouvernement grec de faire des propositions". "Le vote lui-même ne règle rien", a expliqué le ministre pour la première réaction officielle française. Ce qui permettra de savoir si la Grèce sort ou reste dans la zone euro, "c'est la qualité des négociations qui vont s'ouvrir", a-t-il ajouté.
  • Alain Juppé a estimé sur son blog dans un billet intitulé "Grexit" que "la Grèce n'est plus en mesure aujourd'hui d'assumer les disciplines de la zone euro". Selon l'ancien premier ministre, "nous devons l'aider à organiser sa sortie, sans drame. Ce qui ne veut pas dire qu'elle doit aussi sortir de l'Union"

"Le jeu est fini", assure Mélenchon

Les défenseurs du "non", quant à eux, n'ont pas manqué d'exprimer leur satisfaction.

  • Jean-Luc Mélenchon, ancien candidat du Front de gauche à la présidentielle, était présent lors d'un rassemblement à Paris, dimanche, pour fêter le non des Grecs. Il a déclaré:

 "C'est la victoire d'une méthode et l'échec d'un projet sournois et calamiteux. La crise a été provoquée de manière absolument délibérée par l'Eurogroupe. (...) Il y a une tentative de putsch contre (Alexis) Tsipras, c'est un coup d'État financier et j'assume mon propos. (...) Le jeu est fini, vous avez perdu, cette fois-ci, c'est le non. (...) Maintenant, il faut parler sérieusement du fait que les dettes souveraines en Europe ne sont pas remboursables, il faut une conférence européenne des dettes souveraines."

  • La présidente du Front national français, Marine Le Pen, s'est félicitée, quant à elle,  d'une "belle et grande leçon de démocratie". Elle a évoqué "un non de liberté, de rébellion face aux diktats européens qui veulent imposer la monnaie unique à tout prix, via l'austérité la plus inhumaine et la plus contre-productive".
  • Pablo Iglesias, le chef du parti antilibéral de gauche espagnol Podemos, a estimé que "la démocratie l'a emporté en Grèce".