Troisième dose du vaccin anti-Covid : les données sont encore incomplètes, selon l'EMA

Par latribune.fr  |   |  544  mots
A contrario, plusieurs études récentes pointent une possible baisse de l'immunité dans le temps chez les personnes vaccinées. (Crédits : Yves Herman)
Plusieurs pays européens vont organiser des campagnes de vaccination pour un troisième rappel à destination des personnes âgées ou fragiles. Or, selon l'Agence européenne des médicaments (EMA), il est encore trop tôt pour évaluer la durée de la protection vaccinale.

Alors qu'Emmanuel Macron s'est d'ores et déjà montré favorable à l'administration d'une troisième dose pour les personnes les plus fragiles, l'Agence européenne des médicaments (EMA), prend, elle, le contre-pied de cette préconisation. Selon l'agence, à date, les données ne sont pas suffisantes pour recommander l'administration d'une troisième dose de vaccin contre le Covid-19, a-t-elle déclaré vendredi, après que plusieurs pays de l'UE ont annoncé le déploiement d'une campagne de rappels pour les plus vulnérables dès septembre.

"Nous nous préparons, comme les autres pays européens, à faire cette troisième dose pour les personnes qui sont les plus âgées et les plus fragiles. Et nous le ferons à partir de la rentrée", a pourtant annoncé début août le chef de l'Etat dans une vidéo Instagram.

Tout comme la France, l'Allemagne a en effet annoncé son intention d'administrer à partir du mois de septembre un rappel vaccinal aux personnes vulnérables comme les retraités.

Aux Etats-Unis, même son de cloche de la part du principal expert américain en maladies infectieuses suivi par la Maison Blanche, Anthony Fauci, qui recommande une troisième dose pour les personnes à faibles défenses immunitaires.

Plusieurs études récentes pointent en effet une possible baisse de l'immunité dans le temps chez les personnes vaccinées.

D'autres études tendent à montrer la possibilité de recevoir une à deux doses d'un vaccin non ARN messager (tel AstraZeneca), pour le combiner ensuite à un autre vaccin par ARN m (Pfizer ou Moderna). En d'autres termes, si les combinaisons sont possibles, la logistique des troisièmes rappels pourrait être facilitée pour ceux ayant reçus le vaccin AstraZeneca.

Mais concernant la seule question d'un troisième rappel, l'EMA est catégorique :

"Il est actuellement trop tôt pour confirmer si et quand une dose de rappel pour les vaccins Covid-19 sera nécessaire, car il n'y a pas encore assez de données provenant des campagnes de vaccination et des études en cours pour comprendre combien de temps durera la protection vaccinale", a souligné l'Agence, confirmant une précédente annonce faite mi-juillet.

Pour le laboratoire Pfizer associé à BioNTech, le leader du marché, l'enjeu est énorme. Le groupe américain prévoit de vendre près de 30% de plus de vaccins que ce qu'il anticipait en mai. A la clé, c'est un chiffre d'affaires qui s'élèvera en 2021 déjà à 33,5 milliards de dollars. Le tout dans un contexte de majoration du prix de vente en Europe du vaccin, annoncé également par son concurrent Moderna.

Le risque d'accentuer le déséquilibre avec les pays faiblement vaccinés

Les déclarations de l'EMA font écho à celles formulées mercredi par l'Organisation mondiale de la santé (OMS): "Nous ne savons toujours pas comment, quand et si une dose de rappel sera nécessaire", a déclaré un porte-parole de l'OMS lors d'une conférence de presse.

L'OMS a également appelé à suspendre l'administration de rappels de vaccin jusqu'à fin septembre, a minima, afin de réduire l'écart dans les campagnes de vaccination entre les pays riches et les pays pauvres.

(avec agences)

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