UE  : la Hongrie bloque une aide de 50 milliards d'euros à l'Ukraine

Par latribune.fr  |   |  717  mots
Sur le réseau social X, le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, a ainsi résumé sa nuit : « veto pour des fonds supplémentaires à l'Ukraine ». (Crédits : JOHANNA GERON)
Les dirigeants de l'Union européenne ont échoué dans la nuit de jeudi à vendredi à convaincre la Hongrie de lever son veto à une nouvelle aide de 50 milliards d'euros en faveur de l'Ukraine. Ils avaient pourtant réussi quelques heures plus tôt à se mettre d'accord sur l'ouverture de négociations d'adhésion avec l'Ukraine.

26 pays membres de l'UE n'ont pu que s'incliner devant le veto de la Hongrie et son Premier ministre, Viktor Orban, resté inflexible. L'Ukraine ne recevra donc pas les 50 milliards d'euros que l'Europe envisageait de lui accorder, 33 milliards de prêts et 17 milliards d'euros de dons, sur quatre ans à compter de l'an prochain.

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« Nous reviendrons sur le sujet début janvier » lors d'un nouveau sommet, a indiqué au milieu de la nuit le président du Conseil européen Charles Michel.

« Nous sommes 26 pays à avoir donné notre feu vert. Il n'y a pas d'accord avec la Hongrie pour l'heure, mais je suis confiant que nous y parviendrons l'an prochain », a abondé le Premier ministre néerlandais Mark Rutte.

Cette nouvelle aide est pourtant jugée cruciale à Kiev, et ce, alors qu'une aide américaine de plus de 60 milliards de dollars reste bloquée au Congrès, en raison de réticences d'élus républicains. Viktor Orban avait cette fois accepté de s'abstenir. Le dirigeant hongrois « n'était pas dans la salle quand le texte a été adopté, c'était convenu avec lui », a expliqué à l'AFP un diplomate européen ayant requis l'anonymat. « C'est une solution pragmatique (...). Le signal politique est donné », a-t-il poursuivi. Dans une vidéo publiée sur Facebook, Viktor Orban a ensuite expliqué que son pays ne voulait pas « partager la responsabilité » de ce choix « insensé » des 26 autres Etats et s'est donc « abstenu ».

Négociations d'adhésion

« C'est une victoire pour l'Ukraine, pour toute l'Europe, une victoire qui motive, inspire et rend plus fort », a en revanche lancé le président ukrainien Volodymyr Zelensky, tandis que la Maison Blanche saluait une « décision historique ». Si le processus sera long, la symbolique est forte pour ce pays en guerre depuis le 24 février 2022, date de l'invasion russe. Pour Charles Michel, cette décision d'ouvrir des négociations avec l'Ukraine, mais aussi avec la Moldavie, est « un signal clair d'espoir pour les citoyens de ces pays et pour notre continent ».

Le chancelier allemand Olaf Scholz a salué « un signe fort de soutien » à l'Ukraine qui offre « une perspective » à ce pays. Emmanuel Macron a évoqué une « réponse logique, juste et nécessaire » aux aspirations de son peuple. L'UE a également décidé d'accorder le statut de pays candidat à la Géorgie et d'ouvrir, sous conditions, des négociations d'adhésion avec la Bosnie-Herzégovine.

Nouvelle salve de sanctions à l'encontre de Moscou

L'Union européenne a par ailleurs approuvé un nouveau paquet de sanctions contre la Russie, qui comprend notamment l'interdiction des importations de diamants russes dans l'UE. Elle va aussi prendre des mesures pour améliorer l'efficacité des sanctions concernant le pétrole russe.

De son côté, le Japon a annoncé ce vendredi de nouvelles sanctions à l'encontre de Moscou. Tokyo a ajouté sur sa liste de sanctions 57 organisations en Russie et six autres dans des pays comme les Emirats arabes unis, l'Arménie, la Syrie et l'Ouzbékistan. Au total, le Japon sanctionne désormais 494 entités russes, 27 biélorusses et 6 provenant d'autres Etats.

Le Japon avait déjà gelé des actifs de certaines personnes et entités russes, et banni des exportations vers la Russie de biens ou services susceptibles de contribuer à l'effort de guerre de Moscou. Les sanctions annoncées vendredi par Tokyo prendront effet le 22 décembre pour les nouvelles entités russes concernées et le 27 décembre pour les organisations des autres pays.

Vladimir Poutine confiant

Cette aide est d'autant plus attendue par l'Ukraine que depuis des semaines les nuages s'accumulent : sa contre-offensive militaire n'a pas produit de percée décisive et l'aide occidentale, indispensable à l'effort de guerre, est bloquée. Au moment même où débutait le sommet crucial de Bruxelles, Vladimir Poutine affichait par contraste sa confiance dans une victoire de Moscou.

« Pratiquement sur toute la longueur de la ligne de contact, nos forces armées améliorent leurs positions », a affirmé le président russe. « Si Poutine gagne en Ukraine, il y a un risque réel que son agression ne s'arrête pas là », avait averti de son côté le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg, à l'unisson de plusieurs dirigeants européens.

(Avec AFP)