La crise de la zone euro est finie, ce sont les investisseurs américains qui le disent !

Par Christine Lejoux  |   |  557  mots
20% des gérants sondés par Bank of America-Merrill Lynch entendent augmenter la part des actions européennes dans leurs portefeuilles, au cours des 12 prochains mois.
Les investisseurs institutionnels américains ont acheté pour 65 milliards de dollars d’actions européennes, au premier semestre. Du jamais vu…depuis 1977. Non seulement le Vieux Continent semble avoir passé le plus gros de la crise de la dette, mais une reprise économique commence par ailleurs à se dessiner en Europe.

C'est un euphémisme de dire que les actions européennes reviennent en odeur de sainteté auprès des investisseurs institutionnels américains. Au premier semestre, les fonds de pension et autres « zinzins » d'Outre-Atlantique ont investi 65 milliards de dollars dans des actions européennes, selon Goldman Sachs. La dernière fois que les investisseurs américains avaient misé aussi gros sur l'Europe, c'était en…1977.

 Les « zinzins » américains ne sont pas les seuls à en pincer pour les actions européennes. D'après le dernier sondage mensuel réalisé par Bank of America-Merrill Lynch auprès de gérants d'actifs du monde entier, et publié le 13 août, 20% d'entre eux ont la ferme intention d'augmenter la part des actions européennes dans leurs portefeuilles, au cours des douze prochains mois.

Une proportion inédite depuis six ans, les investisseurs ayant très largement préféré les actions américaines, ces dernières années. Si bien que le poids de ces dernières « dans les portefeuilles des investisseurs institutionnels a atteint son niveau le plus élevé des dix dernières années », souligne Valentijn Nieuwenhuijzen, directeur de la stratégie chez ING Investment Management.

 Vers une croissance à deux chiffres des résultats des sociétés européennes

 Si le vent tourne à nouveau en faveur des actions européennes, c'est d'abord parce que le Vieux Continent semble avoir passé le plus gros de la crise des dettes souveraines, malgré les incertitudes qui règnent encore autour de la Grèce et du Portugal. Ensuite, l'économie européenne entre enfin en convalescence. Avec une progression de 0,3% de son produit intérieur brut (PIB) d'avril à juin, la zone euro est bel et bien sortie de la récession au deuxième trimestre, après 18 mois de baisse de son PIB, a confirmé l'office européen de statistiques Eurostat, le 4 septembre.

 Une nouvelle de bon augure pour les résultats des entreprises européennes : « Compte tenu de la sensibilité élevée des bénéfices européens à une amélioration, même marginale, des revenus, nous nous attendons à une croissance à deux chiffres (des résultats) l'année prochaine », prédit Patrick Moonen, stratégiste chez ING Investment Management.  

 Les actions européennes présentent une décote par rapport aux actions américaines

 Cette amorce d'embellie économique est à mettre à l'actif, entre autres, de la diminution de l'austérité budgétaire et de la politique monétaire toujours accommodante de la Banque centrale européenne (BCE). Cette dernière profite d'autant plus aux actions européennes que la Bourse américaine, elle, pâtit des perspectives de durcissement de la politique monétaire de la Réserve fédérale (Fed), dont les injections massives de liquidité avaient fait des actions américaines des valeurs-refuge, ces dernières années.

 A tel point que l'indice S&P 500, qui rassemble les 500 plus importantes capitalisations de la Bourse de New York, se paie encore 15 fois les bénéfices estimés pour les douze prochains mois, selon les données de l'agence Bloomberg. Alors que le Dow Jones Euro Stoxx 50, qui regroupe les principales capitalisations européennes, se traite sur la base d'un PER (price earning ratio, rapport cours sur bénéfice par action) de 12,5 seulement. Une décote qui représente un atout supplémentaire pour les investisseurs.