Le Crédit agricole se concentrera sur les métiers qu’il "connaît et sait bien faire"

Par Christine Lejoux  |   |  758  mots
Jean-Paul Chifflet, directeur général de CASA, l'entité cotée du Crédit agricole, a présenté son plan stratégique 2014/2016 aux investisseurs, le 20 mars, à Londres. REUTERS.
La banque a présenté ce jeudi 20 mars son plan stratégique pour les trois prochaines années. Le groupe va se focaliser sur ses métiers cœurs, que sont la banque de proximité, la gestion de l’épargne et l’assurance.

Le Crédit agricole a retenu la leçon de ses années de crise. Plus question de se développer trop fort et trop vite, pour la banque verte, dont certaines acquisitions réalisées au prix fort en période d'euphorie économique s'étaient soldées en 2012 par une perte historique de 6,5 milliards d'euros pour CASA, l'entité cotée du Crédit agricole, revenue dans le vert en 2013 avec un bénéfice net de 2,5 milliards, au prix d'une cure d'amaigrissement drastique.

 "Nous allons continuer à faire ce que nous savons bien faire, nous allons investir dans les métiers que nous connaissons", a indiqué Jean-Paul Chifflet, directeur général de CASA, lors de la présentation, jeudi 20 mars, du plan stratégique 2014/2016 du groupe Crédit agricole, qui comprend CASA et les caisses régionales.

 La banque en ligne BforBank verra son offre élargie

 Au cours des trois prochaines années, la banque va donc continuer à donner la priorité à ses métiers cœurs, sur lesquels elle s'est recentrée depuis 2011. A savoir la banque de proximité (banque de détail ou de réseau) - son activité "star" -, mais également la gestion de l'épargne et l'assurance. Dans cette optique, mais sans pour autant "sacrifier à une mode du tout digital", le groupe élargira notamment l'offre de sa banque en ligne BforBank.

 Axée uniquement sur l'épargne, cette dernière se diversifiera dans les comptes courants dès 2015, puis dans le crédit immobilier en 2016. L'objectif étant, face à "la forte mutation des attentes des clients", de permettre à ces derniers "d'accéder en ligne à 100% de nos produits et services", a expliqué Jean-Paul Chifflet.

 (Presque) pas de croissance externe au programme des prochaines années

 Le dirigeant ne limite pas ses ambitions à la France. Le Crédit agricole a beau réaliser près des trois quarts de son activité dans l'Hexagone, il n'en entend pas moins devenir "le leader de la banque universelle de proximité en Europe", une région qui représente 20% de son produit net bancaire (PNB, l'équivalent du chiffre d'affaires). A cet égard, Jean-Paul Chifflet a "confiance dans la capacité de rebond de Cariparma", le réseau de la banque en Italie, deuxième marché domestique du Crédit agricole après la France.

 Et quid de la croissance externe, pour un aspirant au leadership de la banque de proximité en Europe ? "Nous n'avons pas de plan d'acquisition. La croissance organique et les investissements en propre sont les moyens les plus sûrs de réussir, dans certains cas", a asséné Jean-Paul Chifflet. Une allusion à peine voilée à la diversification à marche forcée entreprise par le Crédit agricole il y a quelques années, diversification qui avait débouché sur des milliards d'euros de dépréciations d'actifs.

 Le Crédit agricole vise un bénéfice de l'ordre de 6,5 milliards en 2016

 Seule concession faite à ce nouveau dogme de la croissance organique, des opportunités d'acquisition pourraient être saisies dans le domaine de la gestion d'actifs, le Crédit agricole ambitionnant de faire passer d'euros les actifs sous gestion de sa filiale Amundi de quelque 700 milliards d'euros actuellement à 1.000 milliards, d'ici à 2016. La banque privée pourrait, elle aussi, faire l'objet d'une dérogation à la doctrine du "zéro acquisition." Mais c'est tout.

 "Le Crédit agricole que nous dessinons pour 2016, c'est une banque qui se développe tout en affichant une rentabilité solide et récurrente, stable, peu volatile", a insisté Jean-Paul Chifflet. Qui vise un bénéfice net de l'ordre de 6,5 milliards d'euros environ pour le groupe Crédit agricole en 2016, contre 5,1 milliards en 2013.

 Vers la distribution de la moitié des bénéfices aux actionnaires

 Un objectif qui repose sur une croissance du PNB du groupe Crédit agricole attendue à 2% par an, en moyenne, au cours des trois prochaines années, ainsi que sur 410 millions d'euros de réductions de coûts supplémentaires, lesquelles porteront le total des économies à 950 millions en 2016. Un horizon auquel CASA, la structure cotée en Bourse du groupe, devrait dégager quelque 4 milliards d'euros de bénéfice net.

 Des résultats qui permettront à Crédit agricole et à CASA d'afficher en 2016 des ratios de solvabilité très supérieurs à ceux exigés par la nouvelle réglementation de Bâle III, de 14% pour le premier et de 10,5% environ pour la seconde. C'est dire si la banque devrait alors être en mesure de verser, comme elle l'espère, la moitié de ses bénéfices à ses actionnaires, contre 35% au titre de 2013.