Les entrepreneurs croient en eux mais pas dans la loi Macron

Par Jean-Yves Paillé  |   |  847  mots
Pour pérenniser l'entreprise, la moitié des sondés privilégient une diminution des charges. Viennent ensuite les paiements à l'heure des clients, priorité de 13% des sondés. La réduction des coûts du travail (10%) n'arrive qu'à la 4e place.
Confiants pour leur société en 2015, les chefs d'entreprises sont une majorité à attendre un chiffre d’affaires égal à celui de 2014 ou en hausse, mais ne croient pas à une économie française qui retrouve sa santé rapidement. Ils ne sont pas convaincus par la loi Macron notamment, d'après un sondage réalisé par OpinionWay pour CCI France, en partenariat avec La Tribune et Europe 1.

Quel est l'état d'esprit des entrepreneurs aujourd'hui, en France ?  D'après le sondage "la grande consultation des entrepreneurs" réalisé par OpinionWay pour CCI France, en partenariat avec La Tribune et Europe 1, quelque 40% d'entre eux sont inquiets de la situation actuelle, 30% se disent méfiants alors qu'ils sont 30% à avancer un certain optimisme et 24% de la confiance.

Confiants pour leur entreprise

Dès qu'il s'agit de leur entreprise et concernant les perspectives sur les 12 prochains mois à venir, l'optimisme revient. Ainsi, sur celles-ci, la catégorie regroupant les "très confiants" et "assez confiants" représente 57% des chefs d'entreprises interrogés.

Dans le détails, ils sont 45% à estimer que leur chiffre d'affaires sera égal à celui de 2014 tandis que 34% l'attendent à la hausse. Seuls 18% prévoient  une contraction de celui-ci.

35% ne croient plus à la croissance en France

Pour autant, les entrepreneurs comptent peu embaucher en 2015. Neufs chefs d'entreprises sur dix comptent garder un nombre de salariés stable, quand 8% prévoient de tailler dans leurs effectifs. Seuls 5% comptent les augmenter.

En cause, un contexte et un avenir qu'ils jugent moroses. Seuls 13% des entrepreneurs déclarent être confiants sur les perspectives de l'économie française dans les 12 mois à venir.

Le retour de la croissance française ne sera pas pour tout de suite, selon eux. Quand sera-t-elle suffisante pour relancer l'activité et l'emploi ? A cette question, 32% des sondés répondent qu'elle le sera à moyen terme (3 à 5 ans). Mais 13% ne voient pas comment la reprise pourrait refaire surface avant dix ans, et même, 35% ne croient plus à la croissance en France. Charles-Henri d'Auvigny, directeur général délégué d'OpinionWay, précise:

"Les entreprises interrogées considèrent qu'il y a une croissance suffisante pour se développer et embaucher aux alentours de 1 à 1,5%."

La loi Macron est vue comme peu cohérente et peu vectrice de croissance

Ce n'est pas la loi Macron, prête à passer devant le Sénat en avril, qui rassure les patrons sur les perspectives de croissance en France. Comme Pierre Gattaz, ces derniers sont sceptiques quant à son efficacité.

Pour 64% des sondés, elle ne va pas dans le bon sens, quand seulement 28% pensent le contraire. Plus des deux tiers jugent même qu'elle manque de cohérence. Enfin, seuls 18% des chefs d'entreprise interrogés estiment qu'elle va favoriser le retour de la croissance dans l'Hexagone. La loi pour la croissance et l'activité est décriée surtout dans les entreprises de moins de 10 salariés:

"Seuls 28% des TPE estiment que la loi Macron va dans le bon sens. Elles considèrent que la loi Macron ne s'applique pas pour eux. Par ailleurs, elle est passée de 106 à plus de 200 articles, ils ont des difficulté à la comprendre", explique le directeur général délégué d'OpinionWay.

 "La loi Macron aura un impact dans le futur, on ne voit pas bien la portée de celle-ci aujourd'hui, alors qu'elle est importante. Petit à petit, cette loi libèrera l'entreprise d'un certain nombre de contraintes normatives, réglementaires et financières. Il y a peut-être une pédagogie de la loi Macron à faire auprès des petites entreprises", souligne le président de CCI France, André Marcon.

Le CICE ne convainc pas

SI la loi Macron ne convainc pas, une autre mesure phare du gouvernement pour relancer la compétitivité des entreprises, le CICE, est accueillie tièdement. Parmi les patrons ayant certifié avoir eu recours à cette aide (7%), 46% estiment qu'elle a apporté un gain de compétitivité pour leur entreprise, 24% qu'elle a été vectrice de croissance et seulement 19% qu'elle est créatrice d'emplois. A l'instar de Michel Sapin, qui ne voyait pas de lien direct entre le CICE et l'emploi début septembre.

"Le CICE permet éventuellement de gagner des parts de marché, mais ce n'est pas immédiat car beaucoup d'entreprises ont des programmes pluriannuels, peu de contrats ponctuels", avance le directeur général délégué d'OpinionWay.

"Les entreprises veulent des réductions de charges. Bien sûr, le CICE en est une, mais une réduction reportée sur une année avec de la complexité. Les entreprises veulent plus de simplicité", assure le président de CCI France.

La solution ? Baisser la pression fiscale selon les entrepreneurs sondés

Quelles priorités pour pérenniser l'entreprise ? La moitié des sondés privilégient une diminution des charges. Viennent ensuite les paiements à l'heure des clients, priorité de 13% des sondés. La réduction des coûts du travail (10%) n'arrive qu'à la 4e place...

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*Etude réalisée auprès d'un échantillon de 1010 dirigeants d'entreprise. La représentativité de l'échantillon a été assurée par un redresement selon le secteur d'activité et la taille, après stratification par région d'implantation. Ont été interrogées: 401 entreprises sans salariés, 405 de 1 à 19, 103 de 20 à 99, 44 de 100 à 249, 57 de 250 et plus. Les interviews ont été réalisées par téléphone du 4 au 18 février 2015.

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>> Pour aller plus loin:

Retrouvez ci-dessous les résultats détaillés du sondage (34 diapos, cliquer sur la flèche pour les faire défiler)