Les tensions sur la dette italienne sont à leur paroxysme

Par Julien Beauvieux  |   |  463  mots
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Malgré le soutien de la Banque centrale européenne, le taux des titres à 10 ans se rapproche dangereusement du seuil de 6 %.

Le vote par les parlementaires italiens du plan de rigueur de 54 milliards d'euros présenté par le gouvernement se tiendra ce mercredi dans une atmosphère d'urgence. Symbole du violent regain de tension qui secoue le stock de 1.900 milliards d'euros de dette italienne, le taux à 10 ans transalpin a en effet rebondi jusqu'à 5,76 % dans le sillage du résultat mitigé des quatre émissions obligataires réalisées mardi par le Trésor transalpin. Pour trouver trace d'un niveau supérieur, il faut remonter à la séance du 5 août dernier, la veille du week-end où la Banque centrale européenne (BCE) a annoncé le début de ses interventions sur le marché obligataire italien pour éviter que le pays, incapable de se refinancer durablement à des taux dépassant les 6 %, ne sombre à son tour.

À l'instar de l'émission de dette à court terme italienne conduite ce lundi, le Trésor transalpin a en effet dû concéder des taux d'emprunt en nette hausse pour s'assurer la participation des investisseurs. "La nouvelle ligne obligataire d'échéance septembre 2016 a été placée à 5,60 %, contre 4,93 % lors de la dernière émission à 5 ans réalisée en juillet", souligne Chiara Cremonesi, stratégiste taux chez UniCredit, qui ajoute que le ratio de couverture des 3,8 milliards d'euros émis s'est établi à 1,28, contre 1,93 en juillet. Les 2,6 milliards d'euros de titres arrivant à maturité en août 2018, en février 2020 et en septembre 2020 ont été adjugés à des taux respectifs de 5,59 %, 5,49 % et 5,47 %. Le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, a souligné mardi que la mise en oeuvre du programme d'austérité était cruciale non seulement pour l'Italie mais aussi pour la zone euro. Monnayé en échange du soutien de la BCE, qui a acheté en un mois 70 milliards d'euros de dette "périphérique ", le plan de rigueur italien prévoit le retour à l'équilibre des finances publiques de l'Italie d'ici à 2013, malgré le coût financier de ses 120 % d'endettement sur PIB. Mais en cas de naufrage, le Fonds européen de stabilité financière créé en mai 2010 serait tout simplement incapable de financer le pays, qui doit encore émettre 60 milliards d'euros cette année pour boucler son programme de financement.

Rumeur chinoise

Signe des inquiétudes mondiales que suscite une potentielle contagion de la crise à Rome, l'adjudication de dette italienne est intervenue au lendemain d'un article publié par le " Financial Times" faisant état de contacts entre l'Italie et la Chine afin que cette dernière soutienne sa dette en achetant des quantités « significatives ». Une information aussitôt mise en doute par un article du " Wall Street Journal ", puis démentie par le secrétaire d'État italien à l'Économie, Antonio Gentile. « Nous n'avons demandé aucune aide particulière à la Chine. La demande de titres d'État italiens tient bon », a-t-il martelé.