Finance : les produits structurés seraient trop bien notés par les agences

Par latribune.fr  |   |  379  mots
"Les agences de notation peuvent être incitées à attribuer des notations plus favorables sans que ce soit justifié", estime le régulateur américain.
Le régulateur américain s’inquiète des risques élevés de conflits d’intérêt au sein des agences de notation, notamment concernant les produits financiers structurés.

Chaque année, le gendarme boursier américain (la Securities and Exchange Commission (SEC)) est tenu d'évaluer les agences de notation financière et d'en informer le Congrès. Dans son dernier rapport envoyé, la SEC s'est ainsi inquiété de la persistance de risques élevés de conflits d'intérêts au sein de ces agences de notation.

Ces risques sont liés au mode de fonctionnement de la plupart de ces agences qui sont payées par l'émetteur d'un titre (entreprises, fonds d'investissement...) pour juger de sa qualité et aiguiller de possibles investisseurs, écrit la SEC dans son rapport.

"Les agences de notation peuvent être incitées à attribuer des notations plus favorables sans que ce soit justifié, dans le but de garder l'émetteur du (titre) parmi ses clients", assure le régulateur.

Il y a de forte chance que les produits financiers structurés soient trop bien notés

Selon la SEC, les risques de conflits d'intérêts sont notamment "élevés" s'agissant des produits financiers structurés pour lesquels les frais de notation sont "particulièrement lucratifs".
Une remarque alarmante quand on sait que les notations surestimées de certains produits structurés ont participé à la tromperie qui a provoqué la crise des subprimes.
En plus d'être décriées pour cette affaire, les trois principales agences de notation financière (Standard and Poor's, Moody's et Fitch) sont aussi régulièrement contestées pour leur évaluation de la solvabilité des Etats

Des progrès en matière de transparence

La récente décision de Standard & Poor's (S&P) de retirer à l'Union européenne son "triple A", la meilleur note possible, a ainsi soulevé une levée de boucliers. Les pratiques de ces mêmes agences, qui avaient privé les États-Unis de leur triple A à l'été 2011, font par ailleurs l'objet d'une enquête des autorités américaines depuis plusieurs mois.

Dans son rapport, la SEC relève toutefois des progrès vers davantage de transparence liés au développement d'une évaluation par les pairs.

"Les commentaires non-sollicités (des agences, ndlr) sur les évaluations (de leurs concurrentes, ndlr) constituent une nouvelle tendance qui a accru le niveau de transparence", assure le régulateur américain.