Paradis fiscaux : le business juteux des plus grosses banques françaises

Par latribune.fr  |   |  390  mots
Les 5 plus grosses banques françaises comptent 578 filiales dans des paradis fiscaux, selon la Plateforme Paradis Fiscaux et Judiciaires.
Plus d'un tiers des filiales étrangères des cinq plus grosses banques françaises sont situées dans des paradis fiscaux - et leur nombre a encore augmenté selon certaines données. La Plateforme Paradis fiscaux et judiciaires a publié une étude basée sur des chiffres rendus publics par les banques françaises.

Les pratiques d'optimisation fiscales au Luxembourg, détaillées par le Luxleaks le 6 novembre, avait jeté un pavé dans la mare. La Plateforme Paradis fiscaux et judiciaires (PPFJ), organisation regroupant des associations de lutte contre l'évasion fiscale, en remet une couche en s'intéressant aux banques françaises et à leurs pratiques dans les paradis fiscaux en général, dans un document publié en ligne jeudi 13 novembre.

578 filiales dans les paradis fiscaux

S'appuyant sur les chiffres du Tax Justice Network  (ou Réseau mondial pour la justice fiscale) et du Government Accountability Office (GAO), équivalent américain de la Cour des Comptes), ayant eux-mêmes tiré des chiffres rendus publics par les banques françaises, il révèle que les cinq plus grosses banques françaises comptabilisent aujourd'hui 578 filiales dans des paradis fiscaux, soit un tiers de leurs filiales à l'étranger. En 2012, elles en comptaient 527.

Dans le détail, le nombre de filiales de la Société Générale dans ces zones opaques a été multiplié par 3 depuis 2012, d'après le document. Pour BNP Paribas, le nombre de filiales dans les paradis fiscaux a quasiment diminué de moitié entre 2012 et 2014. Toutefois le nombre globale de filiales a également diminué de moitié pendant cette période, le ratio de présence dans les paradis fiscaux reste donc identique.

Jusqu'à 13,7 milliards d'euros d'activités

Autre révélation : 26% de l'activité de ces cinq banques est réalisé dans les paradis fiscaux, soit un total de 13,7 milliards d'euros, selon les calculs du Tax Justice Network. Le Government Accountability Office avance une part plus modeste à 15%. BNP réaliserait le plus gros chiffre d'affaires des cinq sociétés dans les zones opaques : près d'un tiers (32%) des 25 milliards d'euros générés à l'étranger selon le Tax Justice Network, et 12% de cette somme selon le GAO. Suit la Société Générale (19% des 12,8 milliards d'euros engrangés à l'étranger, selon Tax Justice Network, 17% selon le GAO).

Le Luxembourg est la zone fiscale opaque favorite des établissements bancaires français. La PPFJ y recense 118 filiales. Les plus grosses banques françaises y enregistrent en outre près du quart du chiffre d'affaires qu'elles réalisent dans les paradis fiscaux. Le chiffre d'affaires y étant réalisé est trois fois supérieur (7,5% du résultat) à celui des BRICS (2,5%), ajoute le document.