La banque en ligne commence (enfin) à décoller en France

Par Christine Lejoux  |   |  949  mots
Plus du tiers (37%) des personnes déjà clientes de "pure players" de l'Internet bancaire se disent très satisfaites de leurs services, selon le cabinet Simon-Kucher.
Seulement 7% des Français possèdent aujourd'hui un compte au sein d'une banque en ligne, mais 15% envisagent de migrer vers une banque "tout Internet", d'après une étude.

Du "J'aime ma banque" de Fortuneo (Crédit Mutuel Arkéa) au "Mon banquier, c'est moi" de BforBank (Crédit agricole), en passant par le "chat" entre Madame Dupont - cliente de Hello Bank ! (BNP Paribas) - et son conseiller virtuel, les banques en ligne ne lésinent pas sur les slogans et autres spots publicitaires à leur gloire. Mais avec quelle efficacité ? Les Français sont-ils aussi nombreux à succomber aux sirènes de la banque en ligne que le laissent supposer leur appétit pour les nouvelles technologies et la baisse de fréquentation des agences bancaires ? Seulement 7% des Français possèdent aujourd'hui un compte au sein d'une banque en ligne, d'après un sondage publié mi-octobre par le cabinet de conseil Simon-Kucher, et réalisé auprès d'un échantillon de 1.000 personnes âgées de 18 à 65 ans.

 Une proportion "encore modeste", le cabinet en convient, mais qui pourrait rapidement progresser. En effet, pas moins de 15% des personnes interrogées par Simon-Kucher envisagent de migrer vers une banque en ligne, et ce score grimpe à 19% au sein de la population des 25/54 ans. Ces Français tentés par la banque en ligne pourraient d'autant plus facilement sauter le pas que plus du tiers (37%) des personnes déjà clientes de "pure players" de l'Internet bancaire se disent très satisfaites de leurs services, alors que moins du quart (22%) des clients des banques traditionnelles sont disposés à chanter les louanges de ces dernières.

 des établissements qui n'ont pas forcément vocation à devenir la banque principale de leurs clients

 "En France, la part de marché de la banque en ligne est d'environ 5% [des stocks de clients ; Ndlr]. Mais, en terme de flux, un compte sur trois s'ouvre dans une banque en ligne, aujourd'hui", assure Marie Cheval, PDG de Boursorama. La filiale de la Société générale, numéro un de la banque en ligne en France avec 595.000 clients, revendique 12.000 à 13.000 ouvertures de compte par mois, contre une moyenne de 6.000 seulement il y a encore deux ans. Autrement dit, Boursorama gagne un nouveau client toutes les cinq minutes. Si bien que la banque, qui franchira la barre des 600.000 clients dans l'Hexagone d'ici à la fin de l'année, s'estime en mesure d'en compter 1,5 million en 2020.

 Mais combien auront Boursorama pour seule banque ? "Le sujet majeur pour les banques en ligne, aujourd'hui, c'est de devenir la banque principale de leurs clients", assurait en effet Antoine Oliveau, associé chez Deloitte, lors d'une conférence de presse, le 18 novembre. "40% de nos clients disent nous utiliser comme banque principale. Mais nous ne cherchons pas à avoir absolument ce rôle, les Français étant de plus en plus multibancarisés [détenant des comptes dans plusieurs banques ; Ndlr]", nuance Marie Cheval. Une clientèle qui, après avoir été longtemps très masculine, se féminise, la moitié des ouvertures de compte chez Boursorama étant désormais le fait de femmes. Les banques en ligne y voient là un autre signe de la maturation de leur marché.

 Les banques en ligne sont beaucoup plus compétitives

 "Il s'agit là d'un vrai basculement dans le comportement des Français, basculement qui s'accélère depuis septembre 2013, les clients étant à la recherche d'une relation bancaire plus simple et moins onéreuse", analyse Marie Cheval. L'automne 2013 avait en effet vu le déploiement de la 4G en France, ce qui avait encore ajouté à l'engouement des Français pour les services bancaires sur mobile. Surtout, la crise économique persiste, conduisant les ménages à rogner sur tous les postes de dépenses possibles. Les frais bancaires en sont un, et nul doute que les Français en sont de plus en plus conscients, les banques étant tenues depuis le 1er janvier 2009 d'adresser à leurs clients un relevé annuel de frais bancaires, au début de chaque année.

"Dans les banques traditionnelles, les frais bancaires sont de 200 euros par an en moyenne, contre moins de 17 euros chez Boursorama", précise Marie Cheval. Une compétitivité que les banques en ligne doivent bien évidemment à l'absence d'un réseau d'agences physiques. Ce qui ne signifie pas que les clients sont totalement livrés à eux-mêmes, Boursorama insistant sur la disponibilité des conseillers de ses centres d'appels, joignables jusqu'à 22h, samedi compris, par courriel comme par téléphone. A quoi s'ajoute l'envoi de SMS dès que le client effectue un paiement par carte supérieur à 200 euros, afin de vérifier qu'il en est bien l'auteur, ou pour lui conseiller de basculer un trop-plein de liquidités de son compte à vue sur un compte épargne.

Une offre de "banque complète"

Si l'épargne, justement, a longtemps été l'une des principales activités des banques en ligne, celles-ci sont désormais entrées dans une logique de "banque complète", proposant également compte courant, crédit à la consommation et même crédit immobilier. Ces fameux crédits immobiliers dont les banques traditionnelles prétendent que les clients n'oseront jamais les souscrire sur Internet. "En matière de crédit immobilier, notre production a doublé en un an", rétorque Marie Cheval. Et d'expliciter :

"Nous avons pris le contrepied des banques classiques. Plutôt que d'encourager le client à faire le tour des établissements de crédit pour trouver le taux le plus avantageux, nous lui permettons de faire une simulation simplement, formulons plusieurs propositions et donnons une réponse de principe immédiate, à un taux très compétitif."

Sachant que la principale raison pour laquelle un client quitte sa banque réside dans l'attractivité du taux d'emprunt immobilier proposé par un concurrent, les banques en ligne semblent décidément avoir de belles perspectives.

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