Quoi qu'il arrive, l'assurance vie sera plus lourdement taxée en 2018

Par Ivan Best  |   |  566  mots
Emmanuel Macron comme François Fillon veulent un taux forfaitaire de prélèvement sur tous les revenus de l'épargne, de 30%. Contre 23% aujourd'hui pour l'assurance vie... Comment les assureurs peuvent-ils contrer ce projet qu'ils voient évidemment d'un mauvais oeil?

Les assureurs voient le coup venir. Que François Fillon -ou un autre candidat Les Républicains- ou Emmanuel Macron parviennent à l'Elysée au mois de mai, la fiscalité de l'assurance vie sera alourdie en 2018. Non pas que ces candidats veuillent cibler le placement favori des Français. Emmanuel Macron comme François Fillon ne veulent évidemment pas se mettre à dos les électeurs. Mais ils sont convaincus de la nécessité de simplifier notre système fiscal, et de mettre en place, comme l'ont fait beaucoup de pays nordiques, un prélèvement forfaitaire simple, visant tous les revenus de l'épargne sans exception. C'en serait fini de la taxation au barème de l'impôt sur revenu mise en place par François Hollande, mais assortie de nombreuses dérogations -abattements pour durée de détention des actions, maintien d'un régime particulier pour l'assurance vie...

30% en 2018 contre 23% aujourd'hui, mais sans durée de détention

Continuer de considérer l'assurance vie comme étant un placement à part, ce serait déroger à l' impératif de simplicité que mettent en avant les candidats. Le prélèvement forfaitaire global (impôt plus prélèvements sociaux) sera donc de 30%, prévoient le candidat Les Républicains comme le fondateur d'En Marche. Alors qu'aujourd'hui, l'assurance vie est taxée à hauteur de 23% (7,5% d'impôt, et 15,5% de prélèvements sociaux). Seul avantage, à l'avenir: la condition de durée de détention -le retrait des fonds doit avoir lieu au moins 8 huit ans après l'ouverture du contrat-, incontournable aujourd'hui pour bénéficier du taux de prélèvement de 23%, disparaîtrait, ainsi que l'a précisé l'équipe de campagne de François Fillon.

Quelle réponse des assureurs?

Un autre candidat de la droite et du centre pourrait il remettre en cause ce principe fiscal d'une taxation uniforme des revenus de l'épargne? C'est peu probable. Tous les économistes s'interrogent du reste sur cet avantage fiscal donné à l'assurance vie, qui ne répond à aucune motivation économique. Voilà pourquoi les assureurs, qui ne voient évidemment pas cette perspective d'un bon oeil, vont manquer d'angle d'attaque pour contrer cette "promesse". Le futur ministre des Finances -l'ex patron d'Axa en cas de victoire de François Fillon?- leur expliquera certainement qu'entre 23 et 30% d'impôt, le paysage n'est pas vraiment bouleversé.

 Mais l'assurance vie perdra son avantage comparatif par rapport aux autres placements. Début 2013, le retour en grâce de ce placement a été largement favorisé par le durcissement du régime d'imposition des plus-values sur actions. En décidant de les soumettre au barème de l'impôt, François Hollande a orienté beaucoup d'épargnants vers l'assurance vie, qui offre aujourd'hui, pour la clientèle "patrimoniale" autant de souplesse qu'un compte titre en banque. Les conseillers bancaires ont convaincu sans peine leurs clients de basculer sur l'assurance vie.  En 2018, cela n'aurait plus d'intérêt...

L'avantage successoral

En revanche, l'assurance vie sera toujours avantageuse en matière de succession: liberté de choix du bénéficiaire, et fiscalité inférieure aux droits de succession standard, même si celle ci a été alourdie au fil des ans. Ainsi, il est possible de léguer jusqu'à 700.000 euros avec un prélèvement fiscal limité à 20% (31,25% au delà). Rien à avoir avec la taxation classique d'un héritage laissé à un lointain cousin, qui sera frappé d'une taxation de 55% ou 60%.