Polémique sur les bonus : Matignon convoque les banquiers

Par latribune.fr  |   |  623  mots
Le Premier ministre convoque les banquiers ce vendredi à Matignon pour qu'ils s'expliquent sur la question des bonus. La ministre de l'Economie, Christine Lagarde, a écrit au gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, pour appeler la Commission bancaire, l'organe de contrôle des banques en France, lié à la Banque de France, à "la plus grande vigilance en matière de rémunération des opérateurs de marché".

La polémique sur le paiement des bonus dans les banques françaises, avec le cas de BNP paribas qui a provisionné à cet effet un milliard d'euros, fait des vagues. Le monde politique s'en empare. Les services du Premier ministre ont annoncé jeudi que les responsables des grandes banques françaises sont convoqués ce vendredi à Matignon pour s'expliquer. Dans un communiqué publié par Matignon, "François Fillon rappelle que le respect par les banques des engagements qu'elles ont pris est une exigence absolue vis-à-vis de la collectivité nationale et de l'Etat qui a mis à leur disposition à l'automne dernier des moyens importants pour les aider à surmonter la crise financière", lit-on dans un communiqué publié par Matignon.

La réunion avec les banques se tiendra au niveau de conseillers. Toujours dans le communiqué, François Fillon souligne que "l'accès des entreprises et des particuliers au crédit bancaire dans de bonnes conditions est une clef d'une reprise rapide et soutenue de l'activité économique en France". "Le Premier ministre a donc demandé à ce que les représentants du monde bancaire soient réunis demain à Matignon avec la Banque de France et le ministère de l'Economie afin d'examiner l'évolution et les conditions du crédit bancaire aux particuliers et aux entreprises ces derniers mois, ainsi que les mesures qui devraient, le cas échéant, être envisagées", lit-on dans le texte.
 

Mercredi soir, tard, la ministre de l'Economie, Christine Lagarde, après avoir imprudemment laissé le terrain à l'omniprésent ministre de l'Industrie Christian Estrosi, a annoncé qu'elle avait écrit  au gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, pour appeler la Commission bancaire, l'organe de contrôle des banques en France, lié à la Banque de France,  à "la plus grande vigilance en matière de rémunération des opérateurs de marché". La ministre a d'ailleurs demandé à Christian Noyer de lui adresser "d'ici la fin de l'année" un rapport sur la question.

Plus tôt dans la journée, Christian Estrosi s'en était déjà remis à la Banque de France pour trancher, en soulignant que le gouvernement suivrait de près ses décisions, histoire de mettre un peu la pression.

Dans sa lettre, Christine Lagarde rappelle que  "la France a été la première place financière à se doter de règles destinées à encadrer les politiques de rémunération de ces opérateurs pour mettre fin aux rémunérations qui ne sont pas la contrepartie de vraies performances et d'une gestion des risques responsable". Elle souligne avoir "modifié la réglementation relative au contrôle des établissements de crédit et des entreprises d'investissement" et avoir chargé un groupe de travail animé par le président de la Fédération bancaire française (FBF), Georges Pauget, d'élaborer des règles en la matière.

Au prochain sommet du G20 fin septembre à Pittsburgh, aux Etats-Unis, la France doit , "favoriser des mesures concrètes de la communauté internationale destinées à discipliner les pratiques de rémunération des banques". Car une action au seul niveau français sur ce problème risque d'être contre-productive en créant une distorsion de concurrence au détriment de la place parisienne, poussant par exemple des établissements financiers français à installer leurs traders à Londres ou New York si les conditions d'octroi des bonus y sont plus favorables. Une question que certains syndicats des banques françaises n'ont pas hésité à aborder pendant que leurs centrales protestaient au contraire contre ces bonus élevés.

Ce mercredi, BNP Paribas revient sur la question en se disant  "naturellement disponible" pour "toute vérification" de l'application en son sein des nouvelles règles du G20 en matière de bonus dans la finance.