Grèce : les banques allemandes ne facilitent pas la tache de Merkel

Par latribune.fr avec AFP  |   |  564  mots
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Priées de participer de manière "volontaire" à un deuxième sauvetage de la Grèce, les banques allemandes commencent déjà à poser des conditions, laissant présager de nouvelles négociations ardues pour les dirigeants européens.

Afin de ménager les contribuables et donc leur opinion publique, les dirigeants allemands ont exiger que le nouveau plan de sauvetage la Grèce soit assorti d'une participation des créanciers privés, et donc en premier lieu des banques.

Concrètement, les gouvernements européens veulent obtenir des banques l'engagement qu'elles rachèteront des obligations grecques quand celles qu'elles détiennent arriveront à échéance.
Cela éviterait à Athènes d'avoir à rembourser ses créanciers à court et moyen terme, et permettrait au pays exsangue de gagner du temps pour redevenir crédible aux yeux des marchés financiers, qui ne consentent à lui prêter qu'à des taux exorbitants.

La forme volontaire de cet engagement est cruciale, dans la mesure où elle permettrait d'éviter que l'opération ne soit perçue comme une restructuration de la dette par les agences de notation financière. Encore faut-il que suffisamment de banques acceptent de réinvestir de son plein gré dans un produit à risque plutôt que d'être remboursée.
Or, outre-Rhin, on doute, dans les milieux bancaires, de l'efficacité de cette stratégie : "attendre un volontariat sans contrepartie ne sera pas couronné de succès", a d'ores et déjà prévenu mardi un porte-parole de l'association allemande des banques publiques (VÖB).

"Chacun est prêt à prendre ses responsabilités (mais) il est évident qu'il faut que nous ayons des incitations à le faire" a, de son côté, prévenu le président de la fédération allemande des banques privées (BdB) Michael Kemmer interrogé par la radio Deutschlandfunk. Selon lui, "une possibilité" serait de garantir les nouvelles obligations grecques par d'autres obligations publiques de la zone euro, afin d'améliorer la notation de la dette du pays, laquelle est actuellement plus mal notée par l'agence Standard & Poor's, que celle du Pakistan ou de la Jamaïque.

Berlin n'est pas prêt à faire de cadeaux aux banques

"S'il n'y a pas de profit à tirer de leur participation, les banques ne joueront pas le jeu" estime Horst Löchel, professeur à la Frankfurt School of Finance. De meilleures garanties sur les nouvelles obligations grecques, via le Fonds européen de stabilité financière (FESF) par exemple, "serait la seule solution", selon l'universitaire. Or pour l'instant, Berlin n'est pas prêt à faire de cadeaux aux banques. Pour le ministre des Finances Wolfgang Schäuble, le risque d'un défaut de paiement de la Grèce, même partiel, est une motivation suffisante pour que le secteur privé consente à faire un geste envers Athènes.

"Tout le monde a intérêt à une stabilisation de la Grèce", affirme-t-il dans un entretien à l'hebdomadaire Die Zeit à paraître mercredi. Une restructuration de la dette grecque ferait l'effet d'une "bombe" en Europe, convient aussi Horst Löchel.

Les banques privées françaises qui, avec leurs consoeurs d'outre-Rhin, sont les plus exposées aux obligations publiques grecques se refusent à prendre position sur ce débat allemand. Dans le plan européen d'aide qui pourrait totaliser une centaine de milliards d'euros, le secteur privé (banques, assurances et fonds de pension) devrait contribuer à plus de 30%, a estimé la semaine dernière le ministère néerlandais des Finances. Une prévision trop optimiste pour M. Löchel, selon lequel une contribution volontaire du privé pourrait réunir "entre 15% et 20%" maximum. A condition, en plus, d'obtenir des contreparties.