Livret A : Le Maire n'exclut pas une nouvelle hausse du taux cet été

Par latribune.fr  |   |  1202  mots
Bruno Le Maire a assuré, ce mercredi sur France Info, qu'il suivrait la proposition du gouverneur de la Banque de France au sujet du taux du Livret A. (Crédits : Reuters)
Interrogé sur France Info ce mercredi, le ministre de l'Economie a assuré que « si jamais la conclusion de la formule et du gouverneur de la Banque de France est que, comme l'inflation est très élevée, il faut continuer à augmenter la rémunération du Livret A, je suivrai [sa] recommandation ». Le taux de ce produit d'épargne, aujourd'hui à 3%, pourrait être à nouveau revalorisé en août prochain. Mais des voix s'élèvent contre une telle option.

« Ma première responsabilité, c'est de protéger l'épargne des Français. » Pour cela, Bruno Le Maire n'exclut pas un nouveau relèvement de taux du Livret A, actuellement à 3%. C'est, en effet, ce qu'a expliqué le ministre de l'Économie, ce mercredi, au micro de France Info. « Nos compatriotes doivent savoir que si l'inflation amenait le gouverneur à me faire une proposition d'augmentation de ce taux, je suivrai [sa] recommandation », a-t-il assuré.

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Pour rappel, « la Banque de France est chargée d'effectuer semestriellement [en février et en août, ndlr] le calcul du taux de rémunération des livrets d'épargne réglementée [dont le Livret A, ndlr] selon une formule qui établit la moyenne entre le taux interbancaire de la zone euro et l'indice des prix à la consommation (IPC) hors tabac, appréciés en moyenne sur les six derniers mois », explique l'institution bancaire. Le taux peut être réévalué à deux reprises supplémentaires, en mai et en novembre, en cas de circonstances exceptionnelles. La proposition est ensuite validée, ou non, par le ministre de l'Economie. Ce dernier a néanmoins rappelé que « comme je l'ai toujours fait, je retiendrai la proposition du gouverneur de la Banque de France ». Et d'ajouter que, « si jamais la conclusion de la formule et du gouverneur est que, comme l'inflation est très élevée, il faut continuer à augmenter la rémunération du Livret A, je suivrai [sa] recommandation ».

L'inflation alimentaire toujours au plus haut

Une déclaration qui intervient alors que l'inflation se situait toujours à 5,7% en mars sur un an en France, selon l'estimation définitive, revue en légère hausse par rapport à la première évaluation par l'Insee et dévoilée le 14 avril dernier. La hausse des prix à la consommation ralentit néanmoins. Elle atteignait, en effet, 6% en janvier et 6,3% en février. Pour autant, les chiffres de l'inflation des produits alimentaires préoccupent toujours le gouvernement, principal moteur de l'inflation générale. Sur un an, les prix de l'alimentation ont continué d'accélérer, grimpant de 15,9% en mars (après 14,8% en février). Tant les produits frais, comme les fruits et légumes, que les produits non frais tels que le pain, les céréales, la viande, le fromage, le chocolat ou les boissons, sont concernés par cette tendance. À l'inverse, la hausse des prix de l'énergie a fortement ralenti (4,9% en mars après 14,1% en février) du fait d'un net repli des produits pétroliers et d'une décélération plus modeste du gaz, qui ont compensé une accélération des prix de l'électricité.

Quant à la possibilité d'aller plus loin que ce qui sera préconisé par le gouverneur, François Villeroy de Galhau, autrement dit d'appliquer une hausse même s'il ne le recommande pas ou une revalorisation plus importante, « je peux toujours déroger dans un sens ou dans un autre. Mais ce n'est pas une bonne politique parce que ça brouille le message, ça empêche d'avoir une visibilité sur la politique financière du gouvernement », a tranché Bruno Le Maire, disant croire « à la visibilité, à la stabilité, à la prévisibilité. C'est important pour les investisseurs et c'est surtout important pour nos compatriotes ».

Risque pour les finances du logement social

Depuis le 1er février, le taux du Livret A a été porté à 3%, un niveau sans précédent en France depuis 2009, contre 2% auparavant. Le Livret d'épargne populaire (LEP), réservé aux ménages les plus modestes, est, lui, passé de 4,6 à 6,1%. Un choix qui avait bien été suggéré par le gouverneur de la Banque de France. Cette proposition était néanmoins en légère baisse par rapport à ce qui était attendu. La BPCE avait, en effet, estimé, sur la base des chiffres de décembre, que le taux du Livret A pourrait être porté à 3,3 %. En effet, sans arrondi, la formule de calcul aurait fait ressortir le taux à ce seuil.

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François Villeroy de Galhau avait alors invoqué dans un communiqué des « circonstances exceptionnelles » pour ménager les finances du logement social, dont les prêts sont souvent indexés sur ce taux. Et pour cause, les fonds déposés par les Français sur le livret A et LDDS, dont la majeure partie est centralisée par la Caisse des dépôts (CDC), sont destinés en partie à financer le logement social, l'économie sociale et solidaire ou encore les économies d'énergie dans les logements. Si le relèvement du taux est une bonne nouvelle pour les épargnants, il est donc moins bien vécu par certains acteurs publics dont les prêts auprès de la CDC sont souvent indexés sur ce taux.

Le directeur général de la Caisse des dépôts a, d'ailleurs, indiqué, le 25 avril dernier, qu'il souhaitait que le Livret A reste à 3% en août prochain. « Dès lors que ce taux sert de base au coût du financement du logement social, et il y a 170 milliards d'euros empruntés par le logement social, moi, je forme le vœu que ce taux reste stable dans la durée », a-t-il déclaré au micro France Info, soulignant qu'« il est essentiel que le logement social continue à construire ». Estimant l'inflation « transitoire », « ce n'est pas la peine de faire du yoyo avec le taux du Livret A », a-t-il jugé. « Probablement, quand l'inflation va décroître, ce taux va baisser, mais ce ne sera pas pour tout de suite », a-t-il ajouté.

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Vers un taux à 4% ?

De son côté, François Villeroy de Galhau a rappelé qu'il ferait sa proposition « en juillet », selon la situation « à ce moment-là ». « Toute spéculation sur une future décision de la Banque de France est prématurée et infondée aujourd'hui », a-t-il réagi. D'autant que compte tenu de l'inflation actuelle, à l'été prochain, le taux pourrait passer à 4%, voire 4,3%, selon Philippe Crevel, directeur du Cercle de l'épargne.

De quoi renforcer davantage la popularité de ce produit d'épargne qui n'a fait que croître au fur et à mesure des revalorisations. En mars, sa collecte nette ainsi que du LDDS a dépassé les 6 milliards d'euros, selon les derniers chiffres de la CDC. Sur le Livret A, la collecte a réalisé un bond de 28% sur un an. Au total, sur le trimestre, la collecte cumulée des deux livrets a dépassé les 25 milliards d'euros, dont près de 20 milliards sur le seul Livret A. Un record « sans précédent », selon le Cercle de l'Épargne. Les encours s'élèvent, eux, à 535 milliards d'euros sur les deux livrets.

(Avec AFP)