Barroso chez Goldman Sachs : "Pas cette banque-là ! " répète Juncker

Par Delphine Cuny  |   |  428  mots
Jean-Claude Juncker répond aux questions de trois Youtubeurs sur Euronews.
Interrogé par de jeunes Youtubeurs, le président de la Commission européenne a souligné le rôle de la banque américaine dans la crise financière de 2007.

L'exercice peut prêter à sourire, pourtant certains sujets abordés sont graves. Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a accepté une interview par trois jeunes Youtubeurs européens, le Polonais Łukasz Jakóbiakh, la Française Laetitia Birbes et l'Allemand Jonas Ems, sans doute pour s'ouvrir à un public plus jeune. Les Youtubeurs ont relayé les questions des internautes posées avec le hashtag #AskJuncker sur les réseaux sociaux. Une interview très polie d'une heure, diffusée en direct ce jeudi matin sur YouTube et Euronews, qui s'est terminée par un selfie de groupe tout sourire, comme il se doit.

La question qui fâche, l'embauche controversée de son prédécesseur, José Manuel Barroso par la banque Goldman Sachs, a été abordée par la Française, "personnellement interpellée par ce choix, en tant que citoyenne" : "Pourquoi cette banque-là en particulier pose problème ?" a-t-elle demandé. Réponse de Juncker, après avoir qualifié Barroso de "type honnête. C'est un ami" :

"J'ai dit, je me me répète: "Pas de problème qu'il prenne un emploi, des fonctions dans une banque privée mais pas celle-là ! Parce que Goldman Sachs a été un de ces ensembles qui ont contribué, en sachant ou ne sachant pas, à l'émergence d'une crise financière énorme au cours des années 2007-2008-2009. Et donc je me posais des questions sur l'identité du port vers lequel il se dirigeait".

Une allusion à la crise des subprimes, qui a plongé plusieurs institutions financières américaines et européennes dans de graves difficultés, menant même à des nationalisations.Après deux mois de silence sur fond d'indignation générale, Jean-Claude Juncker a finalement demandé lundi des "clarifications" sur cette embauche annoncée en juillet, dans un courrier rendu public.

La YouTubeuse l'interroge aussi sur la lutte contre l'évasion fiscale, lui, en tant qu'ancien Premier ministre du Luxembourg:

"Etes-vous le mieux placé pour mettre fin à cette injustice sociale ? .... n'est-ce pas comme désigner chef de police un braqueur de banque ?"

Juncker répond sans se démonter :

"On dit souvent que les braqueurs et les braconniers constituent les meilleurs éléments de nos services de police".

L'intégralité de l'interview :

Mise à jour le 19/09 : ce week-end la Youtubeuse a révélé que YouTube avait fait pression pour qu'elle ne pose pas ces questions dérangeantes, qui risquaient de lui "mettre à dos la Commission européenne, et YouTube et tous les gens qui croient" en elle, comme en atteste une vidéo.