Dette : les taux remontent malgré le scepticisme des investisseurs quant aux rachats de la BCE

Par latribune.fr  |   |  579  mots
Les présidents des banques centrales allemande et néerlandaise ont accueilli avec énervement les nouvelles mesures de la BCE. (Crédits : Reuters)
Les taux d'emprunts sont repartis à la hausse à la suite des annonces du président de la BCE Mario Draghi, le 12 septembre.

Les taux d'emprunt en zone euro sont remontés vendredi après de nouveaux signes d'accalmie sur le front commercial sino-américain, tandis que les investisseurs digèrent les annonces accommodantes faites par la BCE la veille, certaines apparaissant trop limitées à leur goût. Le président de la BCE Mario Draghi a annoncé "un sacré paquet (de mesures)" jeudi mais "le marché est peut-être un peu déçu concernant le QE ("Quantitative Easing", les rachats de dette NDLR) et le fait que ce ne soit que 20 milliards", a estimé Henrietta Pacquement, responsable obligataire chez Wells Fargo AM, interrogé par l'AFP.

Des dirigeants de banques nationales contrariés

La Banque centrale européenne a en effet déployé jeudi une panoplie de mesures anti-crise, avec de nouveaux rachats de dettes publiques et privées, un système de taux dégressifs ("tiering") et des prêts géants pour soulager les banques (TLTRO).

A partir du 1er novembre, l'institut de Francfort va donc reprendre ses rachats d'obligations publiques et privées, à un rythme mensuel de 20 milliards d'euros et sans limitation de durée. Cette décision a fortement divisé son conseil des gouverneurs.

"(Cette mesure) est une question un peu plus politique, et quelque chose qui ne plaît pas à tout le monde actuellement", a souligné Mme Pacquement.

Le président de la Bundesbank Jens Weidmann, a estimé que Mario Draghi "a dépassé les bornes" en annonçant jeudi une relance de son programme de rachat de dettes. Le président de la banque centrale néerlandaise Klaas Knot a quant à lui ouvertement critiqué la panoplie de mesures adoptées par la BCE, en particulier le redémarrage du QE, la jugeant "disproportionnée par rapport à la situation économique actuelle".

"Il y a la question de savoir combien la BCE peut acheter par émetteur, la limite (lors du précédent QE) à 33% restreint la quantité totale (de dette) qu'elle peut acquérir", a complété Mme Pacquement.

"C'est pour cela que nous avons eu une petite remontée des taux", due aussi au fait "qu'ils disent qu'ils n'ont pas discuté de cela pendant la réunion d'hier", ce qui a un peu surpris les marchés, selon elle.

La publication aux Etats-Unis de ventes au détail meilleures qu'attendu en août a aussi contribué à la progression des taux américains, a relevé la spécialiste.

Apaisement sino-américain

"Ce qui a aussi probablement aidé à tendre les taux, c'est qu'il y a l'air d'avoir de bonnes nouvelles relatives dans les discussions entre les Etats-Unis et la Chine", a poursuivi Mme Pacquement.

Pékin a annoncé vendredi une série d'exemptions de surtaxes douanières, s'appliquant cette fois à certains produits agricoles américains - chers à Donald Trump -, à l'approche de nouveaux pourparlers commerciaux en octobre à Washington.

Ce nouveau témoignage de bonne volonté couronne une série de gestes d'apaisement cette semaine entre les deux premières puissances mondiales, engagées depuis l'an dernier dans une guerre commerciale.

Vendredi à 18h00, le taux d'emprunt à 10 ans de l'Allemagne (Bund) s'est apprécié à -0,451% contre -0,520% jeudi à la clôture du marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise.

Celui de la France a suivi une trajectoire similaire, à -0,175% contre -0,241%.

Au Royaume-Uni, le taux d'emprunt à 10 ans a clôturé également en hausse, à 0,756% contre 0,667%.

Aux États-Unis, le taux à dix ans montait à 1,876% contre 1,771%, tout comme celui à 30 ans, à 2,350% contre 2,256%. Le taux à deux ans s'affichait pour sa part à 1,785% contre 1,719%.

avec AFP