Médiator : Servier n'est pas assuré pour ce type de médicament anorexigène

Par Séverine Sollier  |   |  449  mots
Les assureurs du contrat en responsabilité civile des laboratoires Servier estiment qu'ils ne couvriront pas les dommages causés par le Médiator s'il est confirmé que ce médicament appartient à la famille des anorexigènes qui sont exclus de la garantie.

Les assureurs couvrant les loboratoires Servier en responsabilité civile ne devraient pas payer d'indemnités dans l'affaire du Mediator. Le groupe Axa, qui est l'assureur de première ligne (les trois autres couvrant les lignes hautes), a fait savoir au ministère de la santé lundi que les médicaments "coupe-faim" de la famille des anoxerigenes étaient exclus du contrat d'assurance depuis l'affaire  de l'Isoméride, un autre "coupe-faim fabriqué par Servier, ainsi que l'a révélé "La lettre de l'assurance " sur son blog. Une clause excluant les anoxerigènes a été introduite en octobre 1997 dans le contrat d'Axa puis confirmée en 2003.

Axa, qui depuis l'éclatement de l'affaire Médiator avait, selon nos informations, des "réserves" sur la  mise en oeuvre du contrat d'assurance, a finalement décidé d'informer les pouvoirs publics de sa position à la suite du rapport de l'Inspection générale des affaires sociales. "Tant qu'on ne sait pas si le Mediator est un anorexigène ou pas, on ne sait pas si on couvre les risques qui lui sont liés", a expliqué à Reuters un porte-parole de l'assureur. Dans un rapport publié le 15 janvier, l'Igas présente  le médicament commercialisé sous le nom de Mediator, comme "un puissant anorexigène" et révèle les efforts du laboratoire pour faire passer ce produit pour anti-diabétique alors qu'il appartient en réalité à la famille des coupe-faim. Il faudra sans doute mutliplier les expertises pour établir de façon définitive si le Mediator est un anorexigène, car c'est seulement dans ce cas que l'assureur pourra invoquer son exclusion.

Le Mediator, vendu depuis 1975 a été interdit à la vente en novembre 2009. A cette date, on estime que 300.000 personnes étaient sous traitement en France, pour un chiffre d'affaires de 30 millions d'euros, soit un peu plus de 0,8% du chiffre d'affaires total de Servier, qui s'élevait sur l'exercice 2008/2009 à 3,6 milliards d'euros.

Le laboratoire a déjà été condamné l'an passé à verser 118.000 euros de dommages et intérêts à une victime d'un médicament proche du Mediator, l'Isoméride, coupe-faim retiré des ventes en 1997 pour des problèmes similaires à ceux provoqués par le Mediator. Ce dernier aurait provoqué, selon certaines estimations, entre 500 et 2.000 décès. Mais il est à ce jour difficile d'évaluer le montant que pourraient représenter les indemnisations au total.

Les principales associations de défense des victimes du Mediator et l'UFC-Que Choisir avaient réclamé la semaine dernière la mise en place d'un  fonds d'indemnisation, et avaient demandé que Servier contribue à son financement. Il ont été entendu par  le laboratoire qui s'est dit lundi "prêts à participer à la mise en ?uvre d'un fonds d'indemnisation" des victimes du Mediator.