Les paiements par internet en France ne sont pas assez sûrs

Par Mathias Thépot  |   |  552  mots
"Plutôt que d'avancer vers un système unifié, chaque banque a joué sa partition et développé son propre système. Cette cacophonie a multiplié les abandons d'achats ", estime l'UFC-Que Choisir. Photo : Reuters
Pour l'association de consommateurs UFC-Que choisir, il manque un système harmonisé de sécurisation des transactions par cartes bancaires sur internet. Elle déplore que les banques et les commerçants ne s'occupent que de leur propre intérêt et que les consommateurs soient pénalisés in fine.

Les banques françaises doivent harmoniser les systèmes de sécurisation des paiements sur internet. En effet, pour l'UFC-Que Choisir, la multiplication des techniques d'authentification des porteurs de cartes par les banques françaises pénalise les consommateurs qui achètent sur internet.
Si les banques se sont toutes mises au 3D secure, un système de paiement avec un mot de passe non réutilisable préconisé par la banque de France, elles n'offrent pas les mêmes techniques. Certaines proposent en effet d'envoyer le mot de passe par SMS, d'autres par l'intermédiaire d'un serveur vocal, alors que d'autres équipent leurs clients d'un lecteur de cartes.

Seuls 13% des commerçants ont adopté le système 3D secure

"Plutôt que d'avancer vers un système unifié, chaque banque a joué sa partition et développé son propre système. Cette cacophonie a multiplié les abandons d'achats ", indique l'UFC-Que Choisir. L'association estime même que certains consommateurs apparentent ces différents dispositifs à des tentatives de fraude.
Du coup, " soucieux de conserver leur chiffre d'affaires, les commerçants n'ont pas adopté le système 3D secure, seulement 13% l'ont fait ", indique l'UFC.
"Ils préfèrent risquer de subir plus de fraudes plutôt que de perdre des clients. D'autant qu'ils reportent ensuite le coût de la fraude sur les consommateurs ", indique Maxime Chipoy chargé de mission banque et assurance à l'UFC. " Pour une fois, les banquiers se sont dit qu'ils allaient faire jouer la concurrence, mais en matière de sécurité, elle ne doit pas jouer ! ", déplore Maxime Chipoy.

Les autres pays européens sont mieux équipés

Le taux d'utilisation par les marchands internet du 3D Secure en France (13%) est bien inférieur à celui de pays comme les Pays Bas (82%), l'Allemagne (47%), le Royaume Uni (96%) ou " le système unique et généralisé mis en place a facilité la compréhension et l'utilisation du système par les clients ".
Alain Bazot, le président d' UFC-Que choisi préconise donc " l'adoption obligatoire au niveau français d'un système d'authentification unique et non rejouable, mis en place après concertation entre banquiers, commerçants et représentants des consommateurs ".
L'association de consommateurs estime que l'absence de politique en matière de sécurité des moyens de paiement est responsable de la progression de la fraude à la carte bancaire sur internet en France. Les montants fraudés à la carte bancaire sur internet augmentent en effet plus vite que le montant total des paiements. « La fraude britannique était supérieure de 15% à la fraude française en 2007, le taux français est aujourd'hui 53% plus élevé qu'au Royaume Uni » , remarque l'UFC. Elle estime que l'explosion de la fraude à la carte bancaire sur internet est une "véritable plaie" pour le consommateur. Selon l'UFC, les transactions par carte bancaire sur internet représentent 5% des paiements nationaux mais 33% du montant de la fraude, soit 120,1 millions d'euros.

Les banques pas toujours honnêtes avec les consommateurs

L'UFC s'est également plaint du comportement des banques vis-à-vis des consommateurs victimes de fraude. Un appel à témoignage qu'elle a lancé montre qu'un dépôt de plainte est systématiquement demandé par une banque avant tout remboursement. Certains conseillers bancaires nieraient même le droit au remboursement dans le but de vendre une assurance moyen de paiement.