Prêts immobiliers : c'est la panne

Par Pascale Besses-Boumard  |   |  611  mots
Après les élections présidentielles et législatives, il n'est pas évident que le marché se reprenne. Photo : Reuters (Crédits : <small>DR</small>)
Quoiqu'elles en disent, les banques concèdent de moins en moins de crédits immobiliers. Résultat, nombre de transactions n'arrivent pas à leur terme. Les agences immobilières commencent à voir rouge et anticipent un recul des transactions de 20 à 30% d'ici à septembre prochain.

C'est à se demander si l'on n'est pas en train de devenir schizophrène. D'un côté, nombre de banques clament haut et fort qu'elles ne changent pas leurs habitudes en matière d'octroi de crédits immobiliers et qu'elles jugent comme à l'accoutumée au cas par cas, concédant juste des vérifications plus strictes que par le passé. De l'autre, de non moins nombreux agents immobiliers et professionnels du secteur se plaignent d'une frilosité exacerbée des établissements bancaires, frilosité à l'origine d'un nombre important d'échec de transactions.

Une baisse de 25,7% des crédits en janvier

« C'est actuellement le c?ur du problème, soutient Henry Buzy Cazeaux, président de l'Institut du management des services immobiliers. La production de crédits immobiliers depuis le début de l'année accuse une chute vertigineuse. Et l'on ne le dit pas assez : maintenant que les aides publiques sont réduites à la portion congrue, les financements privés sont aujourd'hui les seules ressources pour les accédants. Et ces ressources sont de plus en plus difficiles à obtenir ». Les chiffres sont là pour confirmer les propos de ce professionnel : le montant des crédits immobiliers accordés par les banques, en France a dégringolé de 25,7% en janvier (par rapport à janvier 2011), selon les dernières statistiques de l'étude de l'Observatoire Crédit Logement/CSA. Celui-ci table d'ailleurs sur un plongeon de 20% des crédits immobiliers accordés par les banques, cette année, à 130 milliards d'euros. Loin du record historique de 2007 de 170,2 milliards.

L'apport personnel est devenu obligatoire

Pour Jean-François Buet, secrétaire général de la FNAIM, cette tendance est la résultante d'une série d'éléments, malheureusement défavorables pour les candidats à l'achat d'un bien immobilier. « Les banques réclament toutes des apports personnels pouvant représenter jusqu'à 20% du montant de la transaction. Elles raccourcissent par ailleurs les durées d'emprunt, augmentant mécaniquement les mensualités de remboursement. Enfin, le niveau des taux d'intérêt est plutôt à la hausse ». Autant d'éléments qui ne militent certes pas pour une hausse des transactions. D'où la baisse de fréquentation des clients dans les agences depuis plusieurs mois.

Avec cette différence par rapport aux précédentes années : les clients potentiels vont d'abord voir leur banquier et s'assurer des sommes qu'ils peuvent emprunter avant d'aller frapper à la porte de l'agence immobilière. Et comme les conditions d'octroi sont toujours plus restrictives, ces mêmes clients ne poursuivent pas plus avant leur projet. Selon les estimations faites par la FNAIM, le nombre de transactions jusqu'en septembre devrait reculer de l'ordre de 20 à 30%.

Les périodes électorales n'ont jamais été favorables au marché immobilier

« Il faut dire qu'en période électorale, le marché immobilier a toujours navigué au ralenti. Et il ne faut guère compter sur une reprise d'ici là », assure Jean-François Buet. Et ce d'autant plus que les différents candidats au poste suprême n'ont guère fait de proposition pour redynamiser un marché immobilier qui ne brille que par l'exubérance de certaines zone en matière de prix.

Après les élections présidentielles et législatives, il n'est pas évident que le marché se reprenne, si l'on en croit plusieurs professionnels qui redoutent un enlisement dû, justement, aux difficultés des banques à se refinancer et à leurs nouvelles contraintes prudentielles, contraintes qui limitent leurs expositions. « Il ne faut pas compter sur de nouvelles aides au logement. En outre, les prix sont élevés. Rien ne milite pour un renversement de vapeur à court terme », estime Henry Buzy-Cazeaux.
Il ne fait pas bon vouloir acheter son logement par les temps qui courent...