Jérôme Kerviel s'offre les services d'un très médiatique avocat

Par Laura Fort  |   |  649  mots
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Maître Olivier Metzner a jeté l'éponge. C'est désormais son confrère David Koubbi, le défenseur, entre autres, de Tristane Banon, qui assurera la défense de l'ancien trader de la Société Générale, dont le procès en appel s'ouvrira le 4 juin.

Me David Koubbi est l'avocat qui assurera désormais la défense de Jérôme Kerviel, l'ancien trader de la Société Générale, selon Libération, après que Me Olivier Metzner a tiré sa révérence pour "divergences" sur la ligne de défense à adopter. Pour David Koubbi, "il y a eu tellement de dysfonctionnement ayant conduit à la condamnation de Jérôme Kerviel qu'accepter d'assurer désormais sa défense s'impose", rapporte le quotidien.

Un palmarès chargés de clients célèbres

Pour son procès en appel, qui se tiendra du 4 au 28 juin prochain, Jérôme Kerviel sera donc défendu par cet avocat du barreau de Paris, qui, à tout juste 40 ans, compte déjà un palmarès de clients très médiatisés. On y trouve entre autres Tristane Banon, le docteur Delajoux, ou Clara Morgane.
Avec un doctorat en droit de la presse et un DEA de droit économique et de la communication, David Koubbi a tour à tour défendu des personnalités, s'est engagé en faveur d'une association humanitaire (SOS Haïti Enfants adoptés) ou, plus insolite, s'est fait producteur des "Gérard de la politique". Il officie aujourd'hui au sein du cabinet "28 octobre", spécialisé notamment en droit des affaires, des assurances et de la presse.

Dans l'ombre de Kerviel depuis trois ans

Dans un portrait réalisé l'an dernier à l'époque de l'affaire Banon, le site Rue 89, le décrivait comme "un compromis permanent entre la séduction du plaideur et un désir d'honnêteté absolue, tiraillé entre une jouissance un peu narcissique et la volonté d'être utile au bien commun". Dans le même article, l'un des adversaires de David Koubbi, Me Randy Yaloz, disait de lui : "il ne recule devant aucun moyen de pression. On voit qu'il dort avec ses dossiers, qu'il y cherche sans cesse des facettes nouvelles pour surprendre la partie adverse et l'épuiser intellectuellement". Cette nouvelle affaire se présente donc comme un nouveau challenge pour Me David Koubbi, puisqu'il dispose de deux mois seulement pour s'imprégner du dossier.
Celui-ci ne lui est cependant pas totalement inconnu puisqu'il travaillait dans l'ombre depuis trois ans, sur les atteintes en droit de la presse de Jérôme Kerviel. Me Koubbi explique qu'il sera par ailleurs soutenu par des spécialistes, avocats ou non, sur certains points spécifiques de l'affaire. Dans un entretien à Libération, il affirme : "nous ferons la preuve que la Société Générale avait une pleine et entière connaissance des opérations réalisées par Jérôme Kerviel, au bénéfice de celle-ci".

Quand Kerviel attaque pour diffamation

En octobre 2010, le tribunal correctionnel a condamné Jérôme Kerviel en première instance à trois ans de prison et à 4.9 milliards d'euros de dommages et intérêts. Une somme correspondant à la perte qu'il avait occasionnée pour la Société Générale en 2008.
Un autre facteur pourrait également rentrer aujourd'hui en ligne de compte : le fait que le magazine "Les Inrockuptibles" doive 51 500 euros à l'ancien trader. En effet, le magazine avait traité Jérôme Kerviel d'"arnaqueur", ce qui a conduit ce dernier à attaquer l'hebdomadaire pour diffamation.
Le juge est allé dans son sens, en condamnant "Les Inrocks" à lui verser 4 000 euros et à publier cette condamnation sur son site Internet pendant 15 jours. Or le magazine a publié cet avis de condamnation avec 103 jours de retard. A raison de 500 euros de pénalité par jour, le magazine devrait donc verser 51 500 euros à Kerviel. Spécialiste du droit de la presse, Me David Koubbi a déjà signalé à Libération qu'il ne lâcherait pas l'affaire : "Nous combattons le fait que certains puissent insulter Monsieur Kerviel sans vouloir exécuter la décision les condamnant, et en comptant sur le fait qu'il s'épuise devant les procédures à mener".