Le crédit renouvelable se serre la ceinture

Par Christine Lejoux  |   |  580  mots
Le racourcissement des durées d'emprunt et la limitation des taux d'intérêt pèsent sur la rentabilité des acteurs du crédit renouvelable. Copyright Reuters
En France, le nombre de comptes de crédits renouvelables s'est réduit de deux millions en 2011, sous l'effet de la loi Lagarde, selon l'Association française des sociétés financières. Conséquence, les établissements spécialisés souffrent, en particulier Cofinoga, filiale de BNP Paribas et du groupe Galeries Lafayette.

D?ordinaire, lorsqu?on parle de victimes du crédit renouvelable, on songe aux particuliers qui n?ont pas su gérer ces réserves d?argent assorties de taux d?intérêt élevés. Mais aujourd?hui, c?est au tour d?établissements financiers qui le distribuent de se retrouver en difficultés. L?an dernier, le nombre d?ouvertures de comptes de crédits renouvelables a chuté de 12%, en France, à 3,9 millions, selon une enquête publiée lundi par l?Association française des sociétés financières (ASF). Parallèlement, le nombre de résiliations de ce type de comptes a bondi à 5,9 millions. Au total, le nombre de comptes de crédit renouvelable a donc été réduit de deux millions pour être ramené à un total de 16,6 millions. Conséquence, le crédit renouvelable ne représentait plus que 35% de la production totale de crédit à la consommation, fin 2011, contre 37% en 2010 et 40% en 2009.

Raccourcissement des durées d?emprunt

La crise économique n?est évidemment pas étrangère à ce désamour . Avec un taux de chômage de l?ordre de 9,5%, nombre de ménages y regardent à deux fois avant de remplacer leur voiture ou de donner un coup de jeune à leur cuisine. Mais c?est surtout la loi Lagarde, du nom de l?ancienne ministre de l?Economie, qui est à l?origine des déboires du secteur. Promulguée en juillet 2010 et entrée en vigueur il y a près d?un an, afin de mieux protéger les consommateurs, cette loi a notamment raccourci les durées d?emprunts, à trois ans pour les crédits renouvelables allant jusqu?à 3.000 euros, et à cinq ans pour ceux d?un montant supérieur. La loi Lagarde a également limité les plafonds de taux d?intérêt du crédit renouvelable. Ainsi, pour un crédit renouvelable de 3.000 euros, le coût des intérêts n?était plus « que » de 611 euros l?an dernier, contre 1.501 euros en 2009, selon le cabinet Athling.

174 millions d?euros de pertes pour Cofinoga

Des taux d?intérêt moins élevés et des durées d?emprunt réduites, voilà qui pèse sur la rentabilité des établissements spécialisés dans le crédit renouvelable. Mi-mars, Cofinoga, filiale de BNP Paribas et du groupe Galeries Lafayette, a ainsi publié une perte de 174 millions d?euros, au titre de l?exercice 2011, contre un bénéfice de 43 millions un an auparavant. La société, qui va se séparer de 433 salariés, sera de nouveau déficitaire en 2012. « Un certain nombre d?entreprises très orientées sur le crédit renouvelable vont devoir réviser totalement leur modèle économique. Nous essayons de faire évoluer le nôtre », témoigne également Jean-Eric de Mesmay, directeur des relations institutionnelles de Cofidis.

Une diversification en amont

« Pour les acteurs du crédit renouvelable qui ont opéré une diversification très en amont, l?impact de la loi Lagarde sera très amorti », tempère Françoise Palle-Guillabert, déléguée générale de l?ASF. Certains, comme Cetelem, qui appartient également à BNP Paribas et présente ? comme Sofinco-Finaref - un profil beaucoup plus généraliste que Cofinoga et Cofidis, se sont en effet tournés vers les produits bancaires ou d?assurances. D?autres ont prospecté de nouveaux marchés, comme celui des seniors. Un sens du « timing » qui leur a permis de sauver les meubles.