Dexia disparaît lentement mais sûrement

Par Mathias Thépot  |   |  633  mots
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Le groupe a dressé ce vendredi un état des lieux sur l'avancement de son processus de restructuration. Les cessions d'actifs avancent, l'assemblée générale du 9 mai pourrait réserver des surprises.

Dexia fait le point. A l?occasion de la publication de son rapport annuel, la banque a dressé un bilan des différentes actions en cours menées dans le cadre de son démantèlement. Une à une, les activités de vouées à être cédées trouvent preneurs. Dexia a ainsi signé mercredi dernier la cession à Précision Capital et au Grand-Duché de Luxembourg de sa participation dans Banque Internationale à Luxembourg (BIL), anciennement Dexia BIL, pour un montant de 730 millions d'euros. L?opération devrait être finalisée « au cours du troisième trimestre 2012 ».

DenizBank ne sera pas bradée

De même, le 3 avril 2012, le groupe a signé un accord de cession avec la Banque Royale du Canada en vue de la vente de sa participation de 50 % dans RBC Dexia Investor Services. La conclusion de cette transaction est prévue pour mi-2012. Il reste au groupe à trouver acquéreurs pour Dexia Asset Management et pour sa pépite turque DenizBank. Pour cette dernière, Dexia n'est pas parvenue, selon la presse, à obtenir de Qatar National Bank (QNB) qu'elle relève son offre. Dexia ne souhaite en effet pas brader sa filiale turque, il est vrai implantée sur un marché à forte croissance. HSBC et Sberbank ont aussi été cités parmi les autres candidats possibles à sa reprise.
 

Dexia souhaite de faibles frais de garanties

Concernant les garanties des Etats belge, français et luxembourgeois, Dexia souhaite toujours un allégement des frais pour en bénéficier. Ces garanties, qui pourront atteindre 90 milliards d'euros, couvriront les besoins d'emprunt de Dexia dans les 10 ans à venir. Dexia a indiqué que la conduite de sa restructuration jusqu?à son terme supposait entre autre « une rémunération suffisamment faible ». La banque souhaiterait que les frais attachés à de telles garanties soient de 0,05%, dix fois moins que le taux appliqué lorsqu'elle a bénéficié pour la première fois de garanties publiques en 2008.

La nouvelle banque des collectivités locales prévue en juin

Enfin, la banque a indiqué poursuivre les discussions avec l'État français, la Caisse des dépôts et La Banque Postale « pour mener à bien la reprise des activités de financement du secteur public local en France du groupe Dexia ». La co-entreprise entre la Caisse des dépôts et La Banque Postale, qui est censée prendre la place de Dexia sur le marché du financement des collectivités locales, est prévue pour juin.

Les salariés de Dexia Crédit local seront dispatchés

Quid alors de l?avenir des 1350 salariés de Dexia Crédit Local. Certains seront repris par la coentreprise, d?autres cantonnés à la gestion du stock de prêts existants, ou au refinancement des prêts de la coentreprise dans l?entité Dexia Municipal Agency, spécialisée dans le refinancement des prêts aux collectivités locales. Un nombre résiduel de salariés pourrait même être repris par La Banque Postale qui compte se lancer seule dans le financement du logement social.

Un départ des dirigeants le 9 mai ? 

La sécurisation de l?avenir des salariés de Dexia, ainsi que la finalisation des dernières cessions prévues devraient précipiter le départ des membres de la direction en place. Mais les candidats pour les remplacer ne se bousculent pas au portillon. L?Assemblée générale du groupe est prévue le 9 mai. Des rumeurs en interne indiquent déjà les départs de Jean-Luc Dehaene et de Pierre Mariani, respectivement président du conseil d'administration et administrateur délégué de la banque. La page serait alors définitivement tournée sur cette descente aux enfers d?une banque qui ne se sera jamais relevée des erreurs de l?avant 2008.