2,5 milliards de personnes dans le monde n'ont pas de compte bancaire

Par Julien Bonnet  |   |  585  mots
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Seulement 25% des adultes gagnant moins de deux dollars par jour sont déjà passés par une institution officielle pour épargner, révèle une enquête de la Banque mondiale publiée jeudi.

Pour les populations pauvres de la planète, difficile d'épargner. Surtout lorsqu'on ne dispose pas de compte en banque. Selon une étude publiée jeudi par la Banque mondiale, les trois quarts des habitants de la planète vivant avec moins de deux dollars par jour n'ont pas accès aux services bancaires de base. "L?offre de services financiers aux 2,5 milliards de personnes qui en sont dépourvues pourrait stimuler la croissance économique et la création d?opportunités pour les populations pauvres de la planète", affirme Robert Zoellick, le président de la Banque mondiale.

Les femmes désavantagées dans l'accès aux services financiers

On découvre aussi que seulement 22% des adultes de la planète affirment avoir économisé de l'argent auprès d'institutions officielles durant les 12 derniers mois. Sans surprise malheureusement, les femmes se révèlent particulièrement désavantagées dans l'accès aux services financiers. Dans les pays en développement, elles sont seulement 37% à disposer d'un compte, contre 46% pour les hommes. "L?écart est encore plus grand parmi les pauvres : les femmes vivant avec moins de deux dollars par jour ont 28 % moins de chances que les hommes de posséder un compte en banque", note l'étude.

"Sous le matelas"

"Parmi les adultes possédant un compte bancaire officiel, seulement 43 % l?utilisent pour épargner, tandis que 61 % s?en servent pour recevoir des paiements de leur employeur, de l?État ou de membres de leur famille résidant ailleurs", indique la Banque Mondiale. L?absence de compte bancaire oblige souvent les populations à conserver l?argent qu?elles épargnent "sous le matelas", explique Asli Demirguc-Kunt, directrice chargée des politiques du développement .Outre que ce type de pratique est risqué, "les gens ont plus de mal à épargner, sans parler du recours au crédit, à l?assurance et aux outils financiers complexes".

La pauvreté comme obstacle, le téléphone portable comme espoir

Si les deux tiers des personnes dépourvues de comptes bancaires mentionnent la pauvreté comme obstacle empêchant l'accès aux services financiers, ils sont près d'un tiers à évoquer aussi le coût de l?ouverture et du maintien d?un compte ou l?éloignement des établissements bancaires. Mais de plus en plus de transferts monétaires s'effectuent par l'intermédiaire de téléphones mobiles. "Une forme de services bancaires non traditionnels de plus en plus populaire qui évite souvent aux utilisateurs de se déplacer ou d?ouvrir un compte dans une banque classique", précise l'enquête. En Afrique subsaharienne, 16% des adultes règlent des factures, effectuent des dépôts ou effectuent d'autres transactions par SMS. Au Kenya, où cet essor est particulièrement spectaculaire, ils sont 68% à utiliser leur téléphone portable pour réaliser des transactions monétaires.

Une base de données "avec un degré d'exhaustivité sans précédent"

Les chiffres dévoilés dans cette enquête, réalisée en 2011 auprès d'environ 150.000 personnes dans 148 pays,  vont alimenter une base de données autour de l'accès aux services financiers dans le monde et développée par le groupe de recherche sur le développement de l'institution à l'aide d'un don de dix ans de la Fondation Bill et Melinda Gates. "Cette base de données -baptisée Global Findex- décrit, avec un degré d?exhaustivité sans précédent, la façon dont la population mondiale épargne, emprunte, effectue des paiements et gère les risques", explique la Banque mondiale.