Les banques françaises "plus fortes" que le pire des scénarios grecs

Par Sophie Rolland  |   |  576  mots
Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France
Le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, a estimé que les banques et les compagnies d'assurance françaises étaient capables de faire face à une sortie de la Grèce de la zone euro.

« Je ne connais aucun groupe qui serait mis en difficultés par un scénario extrême sur la Grèce », a déclaré Christian Noyer à l'occasion de la présentation du rapport de l'Autorité de contrôle prudentiel (ACP) ce lundi. Le gouverneur de la Banque de France répondait à une question sur la vulnérabilité des banques et des compagnies d'assurance en cas de sortie du pays de la zone euro, hypothèse de plus en plus ouvertement envisagée en raison de l'incapacité des trois principaux partis politiques grecs à former un gouvernement d'union.

En un an, les banques françaises ont provisionné 75 % du risque grec

Le gouverneur de la Banque de France, qui est aussi le président de l'ACP, s'est dit très confiant dans la robustesse du système financier hexagonal même si l'environnement macroéconomique reste difficile. « En un an, les banques françaises ont provisionné 75 % du risque grec », a-t-il rappelé. Pour lui, celui-ci ne représente donc pas « un problème pour le secteur financier français, qu'il s'agisse des banques ou des compagnies d'assurance ».

Des résultats 2011 grevés par la crise des dettes souveraines

La crise des dettes souveraines a déjà significativement grevé les résultats des institutions françaises en 2011. « Parce que les établissements français ont la couverture géographique la plus étendue en Europe et parce qu'ils ont, parmi les institutions de la zone, le spectre d'activité le plus ouvert à l'international, ils ont été tout particulièrement affectés par cette crise », a déclaré Christian Noyer dans son discours introductif. L'été dernier, on s'en souvient, les banques françaises ont perdu près de 250 milliards de dollars de financement en provenance des fonds monétaires américains et leur cours de bourse a été divisé par 2 voire par 3.

Une exposition aux dettes des pays périphériques réduite de moitié

Le provisionnement des titres d'Etat grecs, dans le cadre de la mise en ?uvre du second plan d'aide au pays et de l'échange de dette conclu avec le secteur privé, a conduit à une augmentation du « coût du risque » de 28 % pour les cinq principaux groupes bancaires français (BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole, BPCE et Crédit Mutuel). Dans ce contexte, les banques françaises ont dégagé un résultat net en baisse de 36 % par rapport à 2010. Dans le même temps, l'exposition aux dettes souveraines des pays périphériques de la zone euro ont réduites de moitié, de 54,7 milliards d'euros au 31 décembre 2010 à 26,8 milliards au 31 décembre 2011.

Des ratios de fonds propres "durs" supérieurs à 9 %

Le gouverneur de la Banque de France s'est félicité ce lundi de la solvabilité des banques françaises. Tous les groupes affichent en effet des ratios de fonds propres de meilleure qualité (core tier one) supérieurs à 9 %. « En veillant au provisionnement adéquat des risques, à la réduction de la rémunération des responsables et des intervenants de marché, à l'affectation de l'essentiel du résultat au renforcement des fonds propres, l'ACP a agi pour assurer sur le long terme la solvabilité du secteur bancaire français », a déclaré Christian Noyer, pour qui les banques « confirment ainsi leur capacité à remplir les objectifs fixés au 30 juin 2012 par l'Autorité bancaire européenne, favorisant ainsi leur adaptation au futur cadre réglementaire de « Bâle III » et le respect des objectifs annoncés au marché ».