Procès Kerviel : La "pieuvre" refait surface

Par Christine Lejoux  |   |  594  mots
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La sixième journée du procès en appel de Jérôme Kerviel a commencé ce jeudi 14 juin. A la barre : Philippe Houbé, le fameux témoin de la défense qui accrédite la thèse du complot ...

17h40. La « pieuvre » refait surface

La Cour fait entrer David Znaty, expert judiciaire en informatique, cité comme témoin par la Société Générale. Pour mémoire, quelques semaines avant le début du procès en appel de Jérôme Kerviel le 4 juin, l?ancien trader de la Société Générale avait déposé plainte contre la banque pour « faux et usage de faux. » Son avocat, Maître David Koubbi, assurant, une expertise privée à l?appui, que l?enregistrement de la conversation - interrogatoire entre Jérôme Kerviel et ses supérieurs à la Société Générale, le week-end du 19 et du 20 janvier 2008, lors de la découverte de ce qui allait devenir l'affaire Kerviel, avait été tronqué.

Me Veil, avocat de la Société Générale : M. Znaty, vous avez établi, à la demande de la Société Générale, un rapport à la suite de la plainte pour faux déposée contre la banque par Me Koubbi. Je souhaiterais que vous fassiez une synthèse de ce rapport.
David Znaty : Le 19 janvier 2008, on voit qu?ils (les responsables hiérarchiques de Jérôme Kerviel) étaient en train de mettre en place le système d?écoutes. Dans une autre pièce, il y avait une « pieuvre» (ensemble de câbles électriques destinés à des interrupteurs, etc.). On entend que la qualité du son est parfois très médiocre. Or quand ce système d?écoutes, qui s?appelle Nice, reçoit une information, mais que le son de celle-ci est de mauvaise qualité, il ne l?enregistre pas, afin de ne pas encombrer le disque dur (et, donc, d?enregistrer le maximum d?éléments intéressants). Et ce système Nice, réputé inviolable, incassable, est utilisé dans les salles de marché du monde entier, il n?est pas propre à la Société Générale.
Me Koubbi : Pourquoi nos experts à nous ne sauraient pas, eux aussi, qu?il s?agissait du système Nice ?
DZ : Parce qu?ils ne l?ont pas décrit dans leur rapport, ils n?en ont pas parlé.
Me K. : Vous semble-t-il normal qu?on ne puisse entendre que 45% d?un enregistrement? Par quelle magie ?
Mireille Filippini, présidente de la Cour d?appel : Vous n?avez pas écouté les huit heures d?enregistrement et vous nous dites que la bande a été coupée ! Début avril, vous nous avez dit que vous vouliez écouter la bande. Nous vous avons mis à disposition la bande originale. Nous avons loué un matériel qui nous a coûté 8000 euros pour permettre d'écouter un témoignage qui dure 8 heures, et qui va encore nous coûter 8.000 euros puisque nous avons demandé une semaine de plus ! 16.000 euros alors que nous n?avons par d?argent ! Et personne n'est venu écouter cet enregistrement en entier !

Les débats reprennent lundi matin, avec l?audition, comme témoins, d?Eric Cordelle et de Martial Rouyère, les anciens responsables hiérarchiques ? respectivement N+1 et N+2 ? de Jérôme Kerviel.

 

16h00. « Comment un trader peut-il supporter de gagner 1,4 milliard ? »

14h40. « Il n'était plus au contact des réalités »

11h50. « On veut nous faire croire que la Société Générale gagne des milliards sans s'en rendre compte ? » ...

Retrouvez l'intégralité de cette sixième journée d'audience, les clés pour comprendre le procès (les noms des protagonistes et les explications techniques) et plus encore dans notre dossier spécial sur l'affaire Kerviel.