Le "Kerviel" de JPMorgan lui fait perdre près de 6 milliards de dollars

Par Christine Lejoux  |   |  415  mots
La perte de trading de JPMorgan pourrait résulter d'une fraude, et non d'une erreur. Copyright Reuters
Les pertes de trading de la première banque américaine ont atteint 4,4 milliards de dollars au deuxième trimestre, un montant deux fois supérieur à celui dévoilé en mai. Au total, elles flirtent avec les 6 milliards de dollars. Certains individus pourraient avoir tenté de les masquer, affirme JPMorgan.

JPMorgan et Société générale, même combat ? Toujours est-il que la perte de trading sur des produits dérivés révélée en mai par la plus grande banque américaine pourrait bien résulter, non pas d'une grossière erreur, mais d'une fraude, à l'image de celle dont est accusée Jérôme Kerviel, l'ancien trader de la Société générale, qui avait fait perdre 4,9 milliards d'euros à la banque française, en janvier 2008.

JPMorgan "a récemment découvert des informations qui jettent des doutes sur l'intégrité des opérations des traders", indique la banque, dans un communiqué publié ce vendredi, à l'occasion de la publication de ses résultats du deuxième trimestre. "Certains individus ont peut-être cherché à éviter de montrer la totalité des pertes (de trading)", poursuit JPMorgan.

Un soupçon qui va conduire la banque à réviser à la baisse ses résultats du premier trimestre, lesquels seront communiqués "dans les prochaines semaines." Cette révision pourrait être d'autant plus significative que les pertes de trading ne se limitent pas à deux milliards de dollars, comme la banque l'avait annoncé il y a deux mois. Elles s'élèvent en fait à 4,4 milliards, a reconnu vendredi JPMorgan. 4,4 milliards sur le seul deuxième trimestre... Au total, elles flirtent avec les 6 milliards de dollars.

Et elles pourraient augmenter de 800 millions à 1,7 milliard de dollars dans les prochains mois, en cas, par exemple, d'aggravation de la crise de la zone euro, a prévenu Jamie Dimon, PDG de JPMorgan Chase. Qui s'est dit "fier" que la banque ait malgré tout clos le deuxième trimestre sur un bénéfice, de 5 milliards de dollars, en recul de 9%.

Fraude ou pas, JPMorgan est décidée à se débarrasser du portefeuille de dérivés de crédits européens de sa division de courtage. "Depuis la fin du premier trimestre nous avons réduit de façon substantielle le risque lié à ces dérivés de crédits" et celui-ci sera transféré au pôle de banque d'investissement, "qui a les compétences" pour le liquider, a indiqué Jamie Dimon. Une autre forme de ménage a déjà commencé : la banque a indiqué vendredi avoir "écarté" toutes les personnes ayant trempé dans cette perte de trading. Y compris, selon des sources citées par l'AFP et Reuters, Bruno Iksil, le trader français à l'origine de l'affaire, plus connu sous le surnom de "la baleine de Londres."