Blanchiment d'argent : HSBC fait son mea culpa

Par latribune.fr (Source AFP)  |   |  698  mots
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Le géant bancaire britannique HSBC a reconnu des "défaillances" et présenté publiquement ses excuses mardi devant le Sénat américain pour avoir manqué de vigilance face à de possibles opérations de blanchiment d'argent. Un rapport montre que des pratiques de la banque l'ont conduite à aider des clients à blanchir des fonds en provenance des régions les plus dangereuses et les plus secrètes de la planète.

"Nous présentons nos excuses quant au fait que la HSBC n'a pas été à la hauteur des attentes de nos régulateurs, de nos clients, de nos employés et des citoyens", a affirmé devant une commission sénatoriale Irene Dorner, présidente de HBUS, la filiale américaine de HSBC. Ce non-respect des réglementations "est inacceptable", a-t-elle ajouté devant la commission d'enquête du Sénat liée à la sécurité intérieure, qui a publié un rapport accablant sur les pratiques de la banque.

Démission du responsable du respect des réglementations

Le responsable du respect des réglementations chez HSBC, David Bagley, a annoncé en pleine audition sa démission en reconnaissant qu'il y a eu des "domaines dans lesquels nous avons connu des défaillances significatives". Selon le rapport des sénateurs, la banque a fait prendre des risques au système financier américain en l'exposant à de possibles activités de blanchiment d'argent lié au trafic de drogue ou au financement du terrorisme dans les années 2000. La mise en lumière de ces pratiques intervient au moment où le scandale des manipulations du Libor, le taux interbancaire offert à Londres, prend de plus en plus d'ampleur dans le monde de la finance. Le rapport de la commission d'enquête du Sénat a souligné de "graves carences" dans le système anti-blanchiment de HBUS, qui n'a pas réussi, selon les parlementaires, à surveiller de façon efficace les activités suspectes.

Transactions secrètes

L'audition de mardi a par exemple souligné que la banque avait réalisé 16 milliards de dollars de transactions secrètes avec l'Iran sur une période de six ans. Les responsables de la banque étaient au courant des "transactions secrètes avec l'Iran" -dont la documentation ne mentionnait aucun lien avec ce pays- entre 2001 et 2007, pour un total de 25 000 opérations, selon le document parlementaire de 330 pages. Les Etats-Unis interdisent les relations commerciales et financières avec l'Iran, la Corée du Nord ou encore le Soudan.

Le sénateur démocrate Carl Levin, qui préside la commission, a qualifié de "choquantes" ces manipulations et a déploré le fait que les responsables de la banque "savaient ce qui se passait, mais ont permis à cette pratique trompeuse de continuer". Par ailleurs, selon des éléments du rapport mis en avant par la commission dès lundi, la banque a exposé le système financier américain à de possibles opérations de blanchiment de l'argent de la drogue des cartels mexicains. La filiale mexicaine GF Bital a ainsi transféré un montant de 7 milliards de dollars vers HBUS entre 2007 et 2008.

HBUS a également entretenu des relations financières avec des établissements bancaires soupçonnés de liens avec des organisations terroristes présumées. Le rapport cite à cet égard la banque saoudienne Al Rajhi Bank pour qui HSBC a fourni un milliard de dollars en cash. Le document souligne aussi que le géant bancaire britannique a aidé à écouler un montant de 290 millions de dollars en chèques de voyage émis par une banque japonaise au bénéfice de ressortissants russes qui prétendaient travailler dans les voitures d'occasion. HBUS possède 470 agences aux Etats-Unis et fournit des services à environ 1.200 autres banques, dont 80 filiales.

Une amende d'un milliard de dollars

Le rapport du Sénat est l'aboutissement de plus de deux ans d'enquête. L'enjeu pour HSBC est de taille... La banque sino-britannique pourrait s'accorder avec la justice américaine à payer une amende d'un milliard de dollars, selon une estimation d'un analyste confiée au Financial Times.

HSBC avait été pointé du doigt par des régulateurs bancaires américains déjà à deux reprises ces dix denières années pour des faits similaires. Mais ici, la banque n'est pas le seul responsable accusé par le Sénat... Le rapport s'est avéré très sévère quant au rôle joué par l'Office of the Comptroller of the Currency (OCC), un des organes de régulation bancaire majeurs aux Etats-Unis. Son responsable, Thomas Curry, a également comparu hier à Washington. L'OCC a déjà reconnu le besoin de changements dans ses méthodes de supervision.