La Banque Postale s'apprête à reprendre l'activité phare du Crédit immobilier de France

Par Pascale Besses-Boumard  |   |  681  mots
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L'établissement public devrait reprendre l'activité de prêts à l'accession destinés aux ménages à faibles revenus du CIF. Elle reprendrait à cette occasion les salariés dédiés à ce créneau, soit plus de 200 personnes. L'idée serait de proposer un nouveau produit quelque peu similaire au PAS (prêt à l'accession sociale).

La Banque Postale n'arrête pas. Depuis l'obtention du statut de banque en 2006, cette filiale de la Poste ne ménage effectivement pas efforts pour se positionner sur tous les métiers de ses concurrentes privées. Elle peut dorénavant prêter aux entreprises mais aussi financer des projets long terme d'infrastructures ou d'immobilier. Elle est également entrée en négociations exclusives pour reprendre la BPE, filiale du Crédit Mutuel Arkea pour aborder la gestion de clientèle privée relativement fortunée.
L'Etat ne manque d'ailleurs pas de profiter des nouveaux atours de cette entité financière pour le tirer d'embarras. Il s'est ainsi tourné vers la Banque Postale pour "gérer" le dossier Dexia. La Banque Postale est ainsi aujourd'hui en première ligne pour financer les collectivités locales, après avoir récupéré les équipes dédiées de l'établissement en déconfiture.
Plus récemment, l'Etat est revenu à la rescousse en demandant à Philippe Wahl, le patron de la Banque Postale, de reprendre le Crédit Immobilier de France (CIF). Demande qu'il a décliné, compte tenu du chantier Dexia, déjà lourd à débroussailler. Du coup, le CIF qui vient de trouver un nouveau président en la personne de Michel Bouvard, ancien président de la Commission de Surveillance, est en phase d'extinction avec vente par appartements des différentes filiales (administration de biens, promotion, services).

Un nouveau produit, petit cousin du PAS

Selon nos informations, la Banque Postale n'aurait toutefois pas totalement abandonné ce dossier. Elle s'apprêterait en effet à reprendre l'activité de prêts aux ménages à faibles revenus, activité dont le CIF était l'un des derniers à développer, avec le Crédit Foncier de France. Concomitamment, elle reprendrait les salariés du CIF spécialisés sur ce créneau, à savoir plus de 200 personnes. Au delà de la reprise de cette spécificité qui faisait effectivement l'originalité de l'établissement passé sous la garantie de l'Etat en septembre dernier, la Banque Postale en profiterait pour lancer un nouveau produit, quelque peu similaire au PAS (prêt à l'accession sociale), mais avec des modalités différentes. Ces modalités seraient présentées très prochainement. Et là où le CIF s'est retrouvé en situation précaire, n'étant pas une banque de dépôt et ne pouvant compter que sur les marchés pour se financer, la Banque Postale, elle, peut compter sur de très confortables dépôts.

La Banque Postale réagit

Dans un communciqué publié ce vendredi à 11H30, la Banque Postale a indiqué qu'elle allait "compléter son offre de crédits immobiliers d'accession sociale en déployant le prêt à l'accession sociale ". Cette offre sera "proposée par les conseillers spécialisés en immobilier en bureaux de Poste, sur l'ensemble du territoire français, au plus tard à la fin du premier trimestre 2013". Concernant les salariés du CIF, la Banque Postale a précisé que "dans le cadre de sa politique de recrutements externes destinée à accompagner le développement de ses activités", la banque "donnera une priorité aux collaborateurs du Crédit Immobilier de France, sur des profils et des compétences correspondant à ses besoins".

Une bonne nouvelle pour les particuliers à faibles revenus

Ce projet est une bonne nouvelle pour les particuliers à faibles revenus en mal d'accession à la propriété. Même si les banques classiques disent proposer des crédits à ce type de clientèle, elles n'en délivrent, dans les fait, que très peu. Surtout en ce moment où elles se montrent plus exigeantes pour accorder leurs prêts, Bâle III oblige.
Les 2500 salariés du CIF n'en sont pas sauvés pour autant, la Banque Postale ne s'apprêtant à en reprendre qu'un peu plus de 200. On peut penser toutefois que si le CIF est effectivement vendu par appartements, les repreneurs auront pour principal cahier des charges de garder les salariés de chaque entité vendue. On en saura donc plus au fur et à mesure de l'avancement des négociations, au cas par cas.