Ma petite entreprise ne vaut plus grand-chose

Par Christine Lejoux  |   |  483  mots
Les PME non cotées de la zone euro valent 6,3 fois seulement leur excédent brut d'exploitation, contre un multiple de 9,1 il y a six ans, en 2006, selon Argos Soditic. Copyright Reuters
Les PME non cotées de la zone euro ne valent plus que 6,3 fois leur excédent brut d'exploitation, soit une chute de 18% depuis janvier, selon l'indice Argos Soditic.

La valorisation des PME non cotées de la zone euro est en chute libre. Le ratio valeur d'entreprise sur excédent brut d'exploitation est tombé de 7 au 30 juin à 6,3 à la fin septembre, selon l'indice trimestriel publié ce mardi par la société de capital-investissement Argos Soditic. Soit un plongeon de 10% en trois mois, et de 18% depuis le début de l'année, quand les PME non cotées de la zone euro valaient encore en moyenne 7,7 fois leur excédent brut d'exploitation.

« Nous sommes passés d'un marché de vendeurs à un marché d'acheteurs », explique Gilles Mougenot, président d'Argos Soditic. Finis les processus d'enchères, quand les PME se payaient le luxe de ne pas même rencontrer leurs acquéreurs potentiels, sachant ces derniers si nombreux qu'elles se vendraient de toute façon au plus offrant : il y a six ans, les PME non cotées de la zone euro se payaient sur la base d'un multiple de 9,1.

Un marché des fusions et acquisitions en repli de 7%

Aujourd'hui, il existe toujours autant de petites entreprises à vendre, du fait des départs en retraite de leurs dirigeants, de la nécessité, pour leurs maisons-mères, de céder des actifs, ou bien encore des impératifs de cessions de participations des fonds de LBO (Leverage Buy-Out : acquisition par endettement). En revanche, les acheteurs ne sont pas légion. Et ce, qu'il s'agisse de fonds de LBO ou de groupes industriels. Les premiers peinent à lever de l'argent et à obtenir des crédits bancaires pour financer leurs acquisitions. A l'inverse, les seconds sont riches trésorerie mais la conjoncture économique incertaine les décourage de prendre le moindre risque. Résultat, le marché des fusions et acquisitions de PME dans la zone euro a plongé de 7% au troisième trimestre, par rapport au trimestre précédent, et tutoie son plus bas niveau depuis la création de la zone euro, en 1999.

Des multiples qui vont encore baisser

Aussi les rares entreprises qui tentent une opération de croissance externe n'hésitent-elles pas à profiter de l'absence de concurrence pour négocier le prix d'achat à la baisse. Alors que les acquéreurs industriels se montrent d'ordinaire plus généreux que les fonds de LBO, ils ne proposent désormais plus qu'un multiple de 6,3 en moyenne, en chute de 16% par rapport au deuxième trimestre et, surtout, inférieur à celui de 6,6 que les quelques fonds qui investissent encore acceptent de payer.

Si encore le fond du gouffre était atteint... Mais « les valorisations vont encore baisser », prédit Gilles Mougenot, qui invoque de nombreux plans de restructuration à venir au sein des entreprises françaises. La valorisation des PME non cotées de la zone euro avait dégringolé à 5,7 fois l'excédent brut d'exploitation, en 2009, quand la récession économique et la crise financière battaient leur plein. Un scénario qui ressemble à s'y méprendre à celui de 2012.